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L'art peut-il accorder les hommes ?

Publié le 11/08/2009

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L'art peut-il accorder les hommes ?

Ce sujet porte sur le sens et la fin de l’art. On s’interroge sur le pouvoir, sur la portée et sur l’effet de l’art sur les hommes, ainsi que sur la façon dont l’homme se rapporte à l’art et réagit par rapport à lui.

La question est de savoir si l’art peut accorder les hommes. On peut l’interpréter de différentes manières. Du point de vue du jugement : l’art peut-il être perçu de manière identique par tous les hommes, une œuvre artistique peut-elle susciter un seul et même jugement de la part de l’ensemble de l’humanité? Une œuvre d’art peut-elle ne laisser subsister aucun doute sur sa valeur, sur ses qualités et sa portée artistiques ? Peut-elle provoquer l’unanimité, l’universalité?

Enfin, l’art peut-il accorder les hommes au sens où il pacifierait, où il effacerait les tensions existantes, l’art entendu comme facteur de paix et d’union humaine ? L’art peut-il permettre à l’homme de comprendre des cultures qui lui sont étrangères. L’art peut-il amener la compréhension entre les hommes ? Peut-il être au fondement de l’harmonie humaine ? L’art peut-il aider les hommes à mieux se comprendre ? Peut-il rendre l’humanité meilleure ? 

« Glaucon :Je le sais; comment pourrais-je l'ignorer. Socrate :Mais lorsqu'un malheur domestique nous frappe, tu as pu remarquer que nous mettons notre pointd'honneur à garder l'attitude contraire, à savoir rester calmes et courageux, parce que c'est là le faitd'un homme, et que la conduite que nous applaudissions tout à l'heure ne convient qu'aux femmes Glaucon :Je l'ai remarqué. Socrate :Or, est-il beau d'applaudir quand on voit un homme auquel on ne voudrait pas ressembler - on enrougirait même - et, au lieu d'éprouver du dégoût, de prendre plaisir à ce spectacle et de le louer? Glaucon :Non, par Zeus ! cela ne me semble pas raisonnable. Socrate :Sans doute, surtout si tu examines la chose de ce point de vue. Glaucon :Comment? Socrate :Si tu considères que cet élément de l'âme que, dans nos propres malheurs, nous contenons par force,qui a soif de larmes et voudrait se rassasier largement de lamentations - choses qu'il est dans sa naturede désirer - est précisément celui que les poètes s'appliquent à satisfaire et à réjouir; et que, d'autrepart, l'élément le meilleur de nous-mêmes, n'étant pas suffisamment formé par la raison et l'habitude, serelâche de son rôle de gardien vis-à-vis de cet élément porté aux lamentations, sous prétexte qu'il estsimple spectateur des malheurs d'autrui, que pour lui il n'y a point de honte, si un autre qui se dit hommede bien verse des larmes mal à propos, à le louer et à le plaindre, qu'il estime que son plaisir est un gaindont il ne souffrirait pas de se priver en méprisant tout l'ouvrage.

Car il est donné à peu de personnes,j'imagine, de faire réflexion que ce qu'on a éprouvé à propos des malheurs d'autrui, on l'éprouve à proposdes siens propres); aussi bien après avoir nourri notre sensibilité dans ces malheurs-là n'est-il pas facilede la contenir dans les nôtres » La philosophie de l'art commence avec Platon par une condamnation.

Il faut renvoyer lespoètes hors des murs de la Cité.

Socrate rejette les discours écrits pour privilégier laparole, et la peinture n'est tenue que pour une imitation dégradée et inférieure d'uneréalité par ailleurs déjà imitée des Idées.

Par ailleurs, poésie, peinture et musique nesont pas sensées exprimer la beauté.

Si l'art est condamnable, c'est qu'il est fondé surla mimêsis, l'imitation.

Les choses sont, et elles sont ce qu'elles sont par l'Idée qu'ellesincarnent, qu'elles matérialisent.

L'Idée est l'essence ou l'être vrai de chaque chose.L'artisan fabrique des ustensiles en vue d'une Idée, il imite le modèle idéal pour en faireune chose.

Pour tout produire de la sorte, il suffirait de promener un miroir tout autourde nous pour restituer l'image exacte des choses.

La "production" artistique se dit poiein: rendre présent.

Le tableau est un miroir, il ne produit pas les choses dans leur êtremais dans leur apparence.

L'artisan quant à lui ne produit pas non plus l'être véritablequi est l'Idée, mais un analogon.

Il y a donc trois degrés à considérer : l'Idée, vraie,naturelle, unique, immuable, parfaite et identique à soi ; les choses ou les objetsfabriqués par l'artisan, demiourgos qui incarne l'Idée en de multiples exemplaires ; lapeinture des choses qui les reproduit dans leur apparence.

L'artiste est donc plus éloigné de la vérité que l'artisan.

L'art est une imitation du réel, non pas en ce qu'il est, mais en ce qu'il apparaît.

Iln'est capable de produire que des simulacres ou des idoles. "Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais ilproduit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y asous la terre, dans l'Hadès.

Voilà un sophiste tout à fait merveilleux l [...] Si tu veux prendre unmiroir et le présenter de tous côtés ; tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions àl'instant.Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...] Mais tu me diras, je pense que ce quefait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'unecertaine manière, le peintre lui aussi fait un lit.

Ou bien non ?Si, répondit-il, du moins un lit apparent.Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'aprèsnous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ?Je l'ai dit en effet.Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à cedernier, sans en avoir la réalité [...]Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement àchaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence.L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'ellene touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )...Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, quiconnaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, etqu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur.

" PLATON Ce texte capital concerne le problème de la mimèsis ; par la médiation de Socrate, Platon y soutient que. »

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