L'artiste sert-il uniquement à divertir ?
Publié le 23/11/2011
                             
                        
Extrait du document
L'art bouleverse L'art nous bouleverse, mais il bouleverse également notre perception de la réalité. C'est en quoi, bien loin de divertir, il dérange. Il introduit dans le quotidien une réalité entièrement nouvelle. Ainsi que l'écrit Comte: «Puisque l'art doit surtout développer en nous le sentiment de la perfection, il ne supporte jamais la médiocrité« [Catéchisme positiviste). Ce que les divertissements, au contraire, supportent aisément...
«
                                                                                                                            production éloignée de la nature de trois degrés	 ».
                                                            
                                                                                
                                                                     En effet, il y a trois degrés de réalité.	
·                	La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour 	Platon	les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).
                                                            
                                                                                
                                                                    Elles existent indépendamment de notre pensée.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître.
·                	La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre,	dans la mesure où elle est imitation de la première.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurgequi a façonné la matière en contemplant le monde des Idées (« 	Timée	 » ).
                                                            
                                                                                
                                                                    De même le bon artisan fabrique	son objet en se réglant sur son Idée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contententde les imiter.
·  La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.
                                                            
                                                                                
                                                                     Elle est le reflet d'une apparence.
                                                            
                                                                                
                                                                     En fait, il n'y a rien à voir.
Au nom de la vérité 	Platon	 critique l'art.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme	imitation, reproduction  de la réalité  sensible  et à la  définition  de la réalité  sensible  comme apparence,apparence  trompeuse,  apparence du vrai.
                                                            
                                                                                
                                                                     Non seulement  l'artiste ne produit  que des apparences  et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'homme raisonnable n'y a pas sa place.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.
                                                            
                                                                                
                                                                    On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première  justification théoriquede la  censure artistique dont  relève encore la condamnation des « 	Fleurs du mal	 » au milieu du  XXe.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Rousseau	 au XVIIIe, sur  ce point fort  différent des philosophes  des Lumières, reprendra le flambeau  de	cette critique.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Apparence, il joue le jeu des apparences.
                                                            
                                                                                
                                                                    Toutd'abord parce qu'il est,  dans  la société  bourgeoise  - société  de la comparaison,  du faire-valoir,  del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.
                                                            
                                                                                
                                                                     On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres  signes extérieurs de  richesse, pour  se comparer, médire,  recueillir les potins...
                                                            
                                                                        
                                                                     Ensuiteparce qu'il nous plonge  dans un monde  fictif où nous  pouvons  à bon  compte nous  illusionner sur nous-mêmes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par exemple nous versons de chaudes larmes  en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour 	Platon	 comme pour 	Rousseau	 l'art est un divertissement qui	nous divertit, nous détourne de nous mêmes.
Bien que 	Platon	 ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à	partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.
                                                            
                                                                                
                                                                    Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.
                                                            
                                                                                
                                                                    Un  cheval est plus  ou moins beau  et son  degré  de beauté  est proportionnel  à saconformité au modèle idéal ou Idée.
                                                            
                                                                                
                                                                     Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.
                                                            
                                                                                
                                                                    Est beauce qui est parfait.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est  celle des  Idées.
                                                            
                                                                                
                                                                    Est  beau ce qui existe pleinement  et ce qui existe  pleinement ce  sont les Idées.
                                                            
                                                                                
                                                                     Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.
                                                            
                                                                                
                                                                    La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.
                                                            
                                                                                
                                                                     Par conséquent,lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâleesquisse de la beauté  idéale, en est tout  de même  le reflet.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le poète  inspiré est  sorti de la caverne,  acontemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi le jugement de 	Platon	 sur l'art	ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux.
L'apparence est ce qui fait la grandeur de l'artPascal se moque de la vanité de la peinture.	
Quelle vanité que lapeinture  qui attire  notreadmiration  par laressemblance des chosesdont on n'admire point lesoriginaux.
                                                            
                                                                                
                                                                    (Pensées)	
Pascal reprend  ici l'idée  antique,  contestéeaujourd'hui,  que l'art  imite  la nature.
                                                            
                                                                                
                                                                     Or si onimite  de mauvais  modèles,  doit-on admirer lacopie sous le simple prétexte que l'imitation estfidèle à l'original  ? La  critique  pascalienne  sesitue surtout  au plan  moral.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'artiste  doit-ilreprésenter des sujets immoraux ? Cette critiquede l'art,  classique,  est d'inspirationplatonicienne.	
Mais il semble ignorer que ces «originaux», dans la réalité, sont voués à la corruption.
                                                            
                                                                                
                                                                    La célèbre paire desouliers peinte par Van Gogh, quant à elle, semble pouvoir éternellement résister à l'usure du temps..
                                                                                                                    »
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