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L'artiste ne cherche t-il qu'à divertir ?

Publié le 15/03/2005

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L'homme raisonnable n'y a pas sa place. L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale. On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première  justification théorique de la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal « au milieu du XXe.  Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.  L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire. Apparence, il joue le jeu des apparences. Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.  On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins... Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes. Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

THÈMES DE RÉFLEXION    • Réfléchir sur le terme « divertir «. (Par exemple, opposition de « divertir « et « convertir « chez Pascal.)  • Remarquer que le sujet n'est pas : L'art ne fait-il que divertir ? mais : La principale fonction de l'art est-elle de divertir ?  • Bien distinguer le « point de vue « du « spectateur «, du « consommateur « de celui du « créateur «, du « producteur «.  • Peut-être n'est-il pas inutile de distinguer le plan du fait de celui du droit ?  • Peut-être convient-il de se demander si un « art « fondé essentiellement sur le divertissement pourrait être encore appelé un « art «?    INDICATIONS DE LECTURE    • Sens et destin de l'art de René Huyghe (Flammarion).  • Esthétique de Hegel (Aubier). Citation : « Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards une représentation, une conception née de l'esprit, de la manifester comme son œuvre propre, de même que dans le langage, l'homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire.  L'art, au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. «  • Cf. Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche de Jean Granier (Éditions du Seuil), le paragraphe intitulé Apologie de l'art, pages 520 et suivantes! Citation de Nietzsche : « Comment naît l'art ? Comme un remède à la connaissance. La vie n'est possible que grâce à des illusions d'art. «

« production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurgequi a façonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contententde les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.

On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théoriquede la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Toutd'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuiteparce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beauce qui est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent,lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâleesquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, acontemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. L'apparence est ce qui fait la grandeur de l'artPascal se moque de la vanité de la peinture. Quelle vanité que lapeinture qui attire notreadmiration par laressemblance des chosesdont on n'admire point lesoriginaux.

(Pensées) Pascal reprend ici l'idée antique, contestéeaujourd'hui, que l'art imite la nature.

Or si onimite de mauvais modèles, doit-on admirer lacopie sous le simple prétexte que l'imitation estfidèle à l'original ? La critique pascalienne sesitue surtout au plan moral.

L'artiste doit-ilreprésenter des sujets immoraux ? Cette critiquede l'art, classique, est d'inspirationplatonicienne. Mais il semble ignorer que ces «originaux», dans la réalité, sont voués à la corruption.

La célèbre paire desouliers peinte par Van Gogh, quant à elle, semble pouvoir éternellement résister à l'usure du temps.. »

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