Le bonheur est-il impossible ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
peine satisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.
Mais fixer son attention sur le plaisir, c'est, surtout,s'attarder sur les objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nousmettre en contact avec l'éternité.
On retrouve cette idée chez Saint-Paul qui affirme que seul le renoncement aux appétits du corps et aux plaisirs suscités par la vie matérielle et sociale permet d'atteindre cette puretéintérieure qui rapproche la créature de Dieu.
Un tel ascétisme repose sur une opposition absolue entre le corpset l'âme, le charnel et le spirituel, et peut parfois aller jusqu'à la mortification du corps.
Hegel , de son côté, considère que la jouissance oisive ne peut donner à l'homme la satisfaction complète et définitive, car elle reste purement subjective et n'a pas de « vérité », de réalité objective, révélée à tous.
Vouer sa vie au plaisir, c'est aussi renoncer à créer quelque chose de stable, de durable en dehors de soi, et ne pouvoir donc surmonter son angoisse de la mort.
« Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles,et ne pas les réprimer.
Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de sigrandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer.
Seulement, tout le monde n'est pascapable, j'imagine, de vivre comme cela.
C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênéequ'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire.
La masse déclare donc bien haut que le dérèglementest une vilaine chose.
C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celledes hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui lescombleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme.
Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pasà la situation suivante.
Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.
Lestonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplisde toutes sortes de choses.
Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles àrecueillir et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles.
Mais, au moins, une fois que cet homme a remplises tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à sestonneaux, il est tranquille.
L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées,même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplirsans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines.
Alors, regarde bien, si ces deux hommesreprésentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie del'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre quela vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...]
Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.
Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le type d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vitcomme une pierre.
S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.
Au contraire, la vie de plaisirs est celle où onverse et reverse autant qu'on peut dans son tonneau ! »
Platon , « Gorgias ».
c) L'homme ne sait même pas ce qu'il veut lorsqu'il veut un tel bonheur : voué à une multitude de circonstancesempiriques, il ne sait pas déterminer par principe, avec certitude, ce qui le rendrait heureux.
Le bonheur est un idéalde l'imagination, non de la raison.
Le bonheur chez Kant.
« Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans monétat présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.
Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on lesuppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il paspar là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ?Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour luireprésenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présentse dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien quecharger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peineà satisfaire.
Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.
! Bref, il estincapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principece qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudraitl'omniscience.
[...] Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parlerexactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter des actionsd'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenirplutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle actionpeut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait.
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