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le bonheur est-il incompatible avec la condition humaine ?

Publié le 17/09/2010

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La question du bonheur semble être centrale dans l’existence humaine. De nombreux philosophes s’accordent pour reconnaître que le bonheur est l’aspiration fondamentale de l’homme et le but de toutes ses actions.  Aristote disait dans Ethique de Nicomaque que « Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste. «. Aristote, dans cet ouvrage, cherche ce qu’est le souverain Bien, c’est-à-dire le bien suprême que l’on recherche pour lui-même. Et pour lui, tous les choses recherchées telles que la gloire, la richesse, etc… ne le sont pas pour eux-mêmes mais toujours en vue du bonheur. Pourtant, si tous les philosophes reconnaissent cette quête du bonheur, leur accord s’arrête là. Comme le remarquait Sénèque dans De vita beata, « Dans la vie, c'est le bonheur que veulent tous les hommes ; mais s'agit il de voir nettement en quoi consiste ce qui peut réaliser la vie heureuse, ils ont un nuage devant les yeux. « Qu'il s'agisse d'un état de satisfaction durable ne nous aide pas, tant que nous n'arriverons pas à définir ce qui peut nous satisfaire. Ainsi, le philosophe latin Verron, dans son traité sur La philosophie, dénombrait ainsi pas mois de 248 définitions différentes du bonheur.  De manière commune, on reconnaît dans le bonheur un état de sérénité, de paix assez durable et stable. Le bonheur se définit généralement comme un état de satisfaction complète et de plénitude. Il est donc distinct du plaisir, bien-être agréable essentiellement d'ordre sensible. Le premier correspond à un repos complet et se donne comme éternité. On ne peut concevoir un bonheur qui ne durait qu'un bref instant. C'est le plaisir appartient à l'ordre du temps : il est marqué par une durée. Le bonheur est aussi distinct de la joie. Elle représente comme l'a vu  Spinoza, un passage d'une perfection moindre à une perfection supérieure, un état où la puissance d'action de mon corps est augmentée. Or, traditionnellement, le bonheur n'est pas un mouvement, il est statique telle la béatitude du sage. Le terme « incompatible « désigne une impossibilité à lier deux termes ou deux objets ensembles. On parle d’incompatibilité entre des personnes quand ces dernières ne peuvent pas s’entendre ni coexister. Il s’agit donc de savoir ici si le bonheur, cette plénitude peut coexister et se réaliser avec la condition humaine. Mais qu’entend-on par condition humaine ? L’expression désigne la situation dans laquelle l’homme est placée de par sa nature mais aussi de par celle du monde qui l’environne et dans lequel il évolue. Or la condition humaine semble se caractériser par la faiblesse et la finitude. Est-il alors possible de goûter cette sérénité nécessaire au bonheur avec l’idée de la mort et des dangers du monde ? L’idée de bonheur n’est-il pas plutôt dédiée aux Dieux ? Cependant, n’est-il pas possible de considérer un espace où l’homme puisse affronter le monde sereinement, sans crainte ? L’ataraxie que cherche les Stoïciens est-elle possible à réaliser ? Enfin, on peut se dire que c’est la condition même de l’être humain qui donne corps à l’idée de bonheur ?

« Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plusterrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables" ( la critique de la raison pratique ).

Ainsi, même si l'homme croit oeuvrer pour son bonheur, il peut se tromper puisque le bonheur est indéfinissable et que sa recherche peut apporter plus de souffrances que de bien-être.

Il y a donc dans la naturehumaine une incapacité à se connaître et à prévoir les objets qui permettent d'atteindre le bonheur qui rend celui-ciimpossible.

Bien plus même, pour Kant, la recherche de bonheur fait souffrir.

L'homme semble donc n'avoir aucunmoyen pour parvenir au bonheur et son existence entière semble être attachée aux souffrances, aux désirs et aumanque. 3.

L'homme, une créature désirante et donc souffrante Nous pouvons aussi penser que le malheur est lié à la nature humaine et de fait, ne peut être véritablement évitépar le sujet.

En effet, la nature d'un être est ce qui le caractérise de manière essentielle, qui caractérise l'espère.

Lephilosophie qui a soutenu la thèse que le malheur est liée à la nature humaine est par excellence Schopenhauer.

L'existence pour lui n'est qu'une suite ininterrompu de souffrances et à ce titre il a été appelé philosophe pessimiste.Schopenhauer tente redresser une erreur que « tous les philosophes » avant lui ont faite.

Il place la volonté et nonl'intellect à la base de l'homme.

L'intelligence est secondaire.

L'homme est un être issu d'une volonté universelle quicaractérise toutes choses et dans cette mesure, c'est un être essentiellement désirant.

Il ne cesse donc tout aulong de sa vie de vouloir, de désirer.

Le désir est un manque et le manque est souffrance.

"Tout désir naît d'unmanque, d'un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance, tant qu'il n'est pas satisfait.

Or, nullesatisfaction n'est de durée ; elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau.

" (Schopenhauer, Le monde comme représentation et comme volonté) .

Dès lors, l'existence ressemble au tonneau des Danaïdes tel que l'avait décrit Platon : un tonneau percé qu'on tente en vain de remplir.

L'homme ne cesse dès lors de souffrir. ) Le bonheur est donc aussi pour ce philosophe une illusion.

Schopenhauer dit dans " L'art d'être heureux " que "bonheur et jouissance sont de pures chimères qu'une illusion nous indique au loin."Freud en effet, dans sa description de la psyché humaine, distingue un principe premier qu'il appelle principe deplaisir et qui se définit par la volonté de l'homme à satisfaire tous ces besoins.

Mais ce dernier ne peut jamaiss'exprimer pleinement, parce qu'il est contraint par le principe de réalité( qui lui oppose donc ce qu'il est possible ounon de faire réellement) et par le sur-moi( qui est l'assimilation de l'autorité parentale et des interdits de la société).Ainsi, l'homme ne peut jamais prétendre satisfaire ses envies et ses désirs II Il est possible à l'homme de ne pas souffrir de sa condition 1.

L'homme doit se détacher des conditions extérieures Mais, si l'homme est une créature faible face aux dangers de la nature, il lui est possible de se mettre à l'abri destourments et des peurs.

C'est que cherchent à faire les philosophies helléniques en parlant d'ataraxie.

Cette dernièredésigne l'absence de troubles de l'âme et constitue pour ces philosophes le seul bonheur durable et accessible parl'homme.

Les Stoïciens ont développé une conception pour mener à l'ataraxie.

Selon eux, il est nécessaire à l'hommed'exercer son jugement et de diviser les évènements et choses en deux parties : les choses qui dépendent de nouset celles qui n'en dépendent pas.

Ils rangent dans la seconde partie les honneurs, la santé mais aussi la mort.

Danscelles qui dépendent de nous, il y a nos désirs, notre jugement et notre corps.

C'est en s'inquiétant pour les chosesqui ne dépendent pas d'eux, que les hommes souffrent.

Il ne sert en effet à rien de vouloir qu'il fasse beau demainou que les richesses tombent sur nous.

Nous n'avons aucun moyen d'influer sur ces choses.

De fait, nous sommesdans l'impuissance et dans l'attente inquiète.

Cependant, on ne développant que les choses qui dépendent de nous,en les faisant du mieux qu'on peut et en ne s'inquiétant pas des autres, on se met à l'abri de l'inquiétude.

Il s'agitdonc d'atteindre une indifférence des choses extérieures.

Dans son Manuel , Epictète écrivait ainsi « ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire que les choses arrivent comme elles arrivent, et ainsi tuseras toujours heureux ».

Cette possibilité d'ataraxie se trouve incarnée dans la métaphore du chien.

L'homme estcomparé au chien attaché à une charrette qui est l'ordre du monde.

Si le chien se rebelle, lutte contre sa chaîne, ilest traîné par la charrette et il souffre.

Mais s'il accepte de suivre de son plein gré la voiture qui le tire alors ils'épargnera toute souffrance.

C'est donc bien dans l'acceptation de son destin mais aussi dans une retraite en soi-même qu'il est possible d'atteindre le bonheur.Cette méthode s'applique aussi à l'idée de la mort qui nous l'avons vu, jouait chez Pascal un si grand rôle.

La mortne dépend pas de nous et les stoïciens s'emploient à montrer que la mort en elle-même n'est rien.

C'est seulement lejugement que l'on porte sur elle qui est négatif.

Pour les stoïciens, il n'y a pas à s'inquiéter.

Tant que nous sommesen vie alors la mort de nous concerne pas et le jour où nous mourrons, nous ne sommes plus rien et cela ne nousconcerne pas non plus.

Si la douleur est rattachée à la sensibilité, il faut admettre que la mort est privation decette même sensation et donc privation même de douleur. 2.

Régler ses désirs Pour les Stoïciens, il s'agit d'une part de ne plus désirer car le désir nous fait souffrir.

C'est dans une conversion del'âme, un retrait en elle que peut se développer le bonheur.

Il s'agit donc pas de courir après l'argent et la gloire,mais de se retirer en soi pour changer notre vision du monde .

Epictète écrit ainsi dans son Manuel : " Tu espères que tu seras heureux dès que tu auras obtenu ce que tu désires.

Tu te trompes.

Tu ne seras pas plus tôt enpossession, que tu auras mêmes inquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmes désirs.

Lebonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer.

Car il consiste à être libre.

» Il y a donc unepossibilité de contrer la nature désirante de l'homme.Epicure, lui, a l'inverse ne condamne pas tous les désirs.

Il remarque que le plaisir est bien le but des actionshumaines et l a faculté de ressentir du désir constitue pour nous le bien suprême, et il nous faut la préserver à tout prix.

Mais il ne s'agit pas pour autant, au contraire de l'idée courante sur l'épicurisme, de satisfaire tous les désirs.Epicure réalise alors une nomenclature des désirs dans la Lettre à Ménécée : les désirs naturels et les désirs vains.. »

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