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Le bonheur réside t-il dans la réussite professionnelle?

Publié le 13/02/2005

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La question du bonheur semble être centrale dans l'existence humaine. De nombreux philosophent s'accordent pour reconnaître que le bonheur est l'aspiration fondamentale de l'homme et le but de toutes ses actions. Aristote disait dans Ethique de Nicomaque que « Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste. ». Aristote, dans cet ouvrage, cherche ce qu'est le souverain Bien, c'est-à-dire le bien suprême que l'on recherche pour lui-même. Et pour lui, tous les choses recherchées telles que la gloire, la richesse, etc… ne le sont pas pour eux-mêmes mais toujours en vue du bonheur. Pourtant, si tous les philosophes reconnaissent cette quête du bonheur, leur accord s'arrête là. Comme le remarquait Sénèque dans De vita beata, « Dans la vie, c'est le bonheur que veulent tous les hommes ; mais s'agit il de voir nettement en quoi consiste ce qui peut réaliser la vie heureuse, ils ont un nuage devant les yeux. » Qu'il s'agisse d'un état de satisfaction durable ne nous aide pas, tant que nous n'arriverons pas à définir ce qui peut nous satisfaire. Ainsi, le philosophe latin Verron, dans son traité sur La philosophie, dénombrait ainsi pas mois de 248 définitions différentes du bonheur.  De manière commune, on reconnaît dans le bonheur un état de sérénité, de paix assez durable et stable. Epicure appelait ataraxie l'état qui composait le bonheur, or l'ataraxie se définit comme une absence de trouble de l'âme. Le sujet ici emploie le terme « résider » : ce dernier laisse supposer que le bonheur « est établi de manière habituelle » dans la réussite professionnelle. Mais le verbe a le deuxième sens de « trouver son fondement, son origine ». Si cela est vrai, cela voudrait dire que le bonheur par nature est liée à la profession, au travail. Or, la valeur du travail a énormément varié au cours des siècles et dans l'antiquité, l'époque où le bonheur était posé comme primordial, le travail était considérable comme indigne et était réservé aux esclaves. Il semblerait donc que le bonheur soit antithétique au travail. Réfléchissons sur ce que l'expression « réussite professionnelle » peut signifier pour essayer de comprendre son possible lien avec le bonheur. La réussite est associée à l'obtention d'un résultat positif, au succès d'une entreprise. La profession quant à elle, renvoie à l'« activité, état, fonction habituelle d'une personne qui constitue généralement la source de ses moyens d'existence. » La réussite professionnelle semble liée à deux aspects : l'obtention d'un salaire, de moyens d'existence convenable et le fait de bien remplir sa fonction. De nos jours, la réussite professionnelle semble se juger sur le salaire gagné mais aussi sur la reconnaissance et la haute position sociale gagnée. Il est vrai en effet que l'argent dans notre société joue un rôle important et joue le rôle d'indicateur sociale. Nietzsche remarquait déjà à son époque que "Dans les pays de la civilisation, presque tous les hommes se ressemblent maintenant en ceci qu'ils cherchent du travail à cause du salaire."(Nietzsche, Le gai savoir). Si donc dans un premier temps, on peut penser que le travail par la contrainte qu'il fait peser n'est pas compatible avec le bonheur, on peut se demander par la suite si argent et reconnaissance sociale ne sont pas deux aspects primordiaux du bonheur. Le bonheur est conçu comme un état durable de contentement. Dans notre société, n'est-ce pas l'argent qui peut prévenir tous nos besoins et nous combler ? Mais, le bonheur comme contentement durable n'est-il pas un concept dépassé ? Le bonheur n'est-il pour chacun le plaisir de l'accomplissement d'une activité  spécifique ? Dès lors, ne faut-il pas penser la réussite professionnelle sur d'autres critères comme la réalisation de soi dans le travail ?

« indépendant de notre volonté.

Cela signifierait que nous ne travaillerions pas si nous pouvions ne pas le faire.L'origine du mot semble corroborer cette thèse.

Il semble que le terme « travail » vienne du latin tripalium qui désigne dans l'antiquité un instrument de contrainte, au moyen duquel on attachait le bétail.

Le travail est doncvécu comme une torture.Le travail est une contrainte qui découle du dénuement de l'homme face à la nature.

Remarquons d'entrée que lavaleur du travail n'était pas la même dans le passé qu'aujourd'hui.

Dans l'antiquité, l'homme important, le citoyen netravaillait pas.

Il pouvait s'occuper de choses sérieuses comme la vie de la cité parce que son temps était dégagédes obligations du travail.

Hannah Arendt explique ainsi la condition de l'homme moderne que « travailler, c'était l'asservissement à la nécessité » et que les esclaves, qui étaient obligés de travailler, n'avaient pas le statutd'homme.

Il faut d'ailleurs souligner que le terme liber d'où vient notre mot de liberté ne pouvait désigner que les hommes qui ne travaillaient pas.

De fait, seuls, ceux qui étaient soustraits au travail, étaient libres.

Or, on reconnaîtgénéralement que le bonheur découle de la possibilité de faire ce que l'on veut.

En effet, être contraint à fairequelque chose qui va à l'encontre de notre personnalité ne peut mener à une sérénité. 3.

Le bonheur n'est accessible qu'en nous-mêmes En cherchant la réussite professionnelle, tout ne dépend pas de nous.

Nous vivons avec d'autres hommes quicherchent aussi à s'imposer et entrent en concurrence avec nous.

Ainsi, dans la recherche d'un emploi, il y a biensûr nos compétences qui entrent en jeu mais le choix ne dépend pas de nous.

Or, les Stoïciens nous indiquaient quepour atteindre le bonheur, il fallait réussir à être indépendant et insensible à ce qui ne dépend pas de nous.

En effet,tout ce qui échappe à notre volonté a trait plutôt avec le destin et il ne sert à rien de nous en inquiéter puisque detoute façons nous ne pouvons pas œuvrer pour le changer.

Dès lors, désirer ce qui ne relève pas de notre pouvoirserait s'exposer à la souffrance.

C'est dans une conversion de l'âme, un retrait en elle que peut se développer le bonheur.

Il s'agit donc pas decourir après l'argent et la gloire, mais de se retirer en soi pour changer notre vision du monde .

Epictète : " Tu espères que tu seras heureux dès que tu auras obtenu ce que tu désires.

Tu te trompes.

Tu ne seras pas plus tôten possession, que tu auras mêmes inquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmesdésirs.

Le bonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer.

Car il consiste à être libre.

»De même, Marc-Aurèle un autre stoïcien voit la seule retraite toujours disponible pour l'homme dans son intériorité,dans son âme.

Il écrit ainsi dans Pensées pour moi-même que « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir des biens.

Or, c'est là le faitd'un homme ignorant et inhabile, puisqu'il t'est permis à l'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même.

Nulle partl'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires que celle qu' il trouve dans son âme.

» Essayer de trouver le bonheur dans le monde extérieur, c'est se soumettre à un monde toujours en devenir, où lechangement est la loi.

Je peux du jour au lendemain est mis au chômage pour diverses raisons : crise économique,faillite,… On ne voit pas alors comment le bonheur, considéré dans sa stabilité, peut s'accorder avec une réussitequi peut s'achever tout à coup.

En effet, le bonheur est beaucoup moins lié aux événements extérieurs qu'à notrepersonnalité, qu'à l'accord de nos actes avec nous-mêmes.

C'est pour cela que Schopenhauer affirme que "Lasouffrance et le bien-être qu'on ressent ne seraient donc pas du tout déterminés de l'extérieur", " c'est en vainqu'on cherche au loin son bonheur quand on néglige de le cultiver en soi-même".

Dès lors, le bonheur est une affaireintérieure et je peux très bien être heureux si je change mon regard sur la contrainte.

Il s'agit donc d'accomplir untravail sur soi.

II La réussite sociale nous apporte reconnaissance et argent, indispensables au bonheur 1.

Le bonheur comme assouvissement des désirs Si l'on définit le bonheur comme contentement durable, il est courant de l'associer avec l'assouvissement de tousnos désirs.

Un désir insatisfait entraîne une frustration qui est lié comme le montre Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation , à la souffrance.

De même, Leibniz définit le désir comme une « inquiétude », c'est-à-dire un trouble de l'âme.

Il semblerait donc que la réussite sociale considérée à notreépoque, comme liée à un haut salaire puisse permettre à l'homme de satisfaire ses besoins et désirs.

Nietzschemettait en avant cette domination du salaire sur le travail même dans le Gai savoir : « Chercher un travail pour le gain, c'est maintenant un souci commun à presque tous les habitants des pays de civilisation ; le travail leur est unmoyen, il a cessé d'être un but en lui-même : aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix pourvu qu'ils aient grosbénéfice.

» Quand j'ai l'argent, je peux avoir tout ce dont j'ai besoin, tout ce dont je désire.

Pour être heureux, ilfaudrait alors pouvoir assouvir tous ses désirs et tous ses besoins.

Calliclès, dans l'ouvrage de Platon le Gorgias , exhortait ainsi à « vivre dans la jouissance, éprouver toutes les formes de désir et les éprouver.

» Or, dans notresociété, cela demande de l'argent.

Si je pense que l'objet de mon bonheur se trouve dans la réalisation de film, celane peut se faire qu'avec de l'argent.

De plus, la société telle que nous la connaissons valorise d'ailleurs la consommation comme mode d'accès aubonheur.

Je suis heureux quand je peux posséder les objets qui me donnent de la joie et augmentent ma puissanced'action.

Spinoza reconnaît par suite que les plaisirs et objets contribuent au bonheur de l'homme dans la mesure oùla possession d'objets permet « l'accroissement de sa perfection et de sa puissance d'agir.

» L'objet élu par nousnous propose la voie du bonheur.

Le bonheur se conjuguerait alors sur le mode de l'auxiliaire avoir.Le bonheur nous l'avons vu se doit d'être complet et nécessite ainsi des conditions extérieures favorables.

Pourcela, « l'homme heureux a-t-il besoin que les biens corporels, les biens extérieurs et ceux de la fortune se trouventréalisés » nous dit Aristote. 2.

La réussite nous apporte reconnaissance et gloire La réussite professionnelle aujourd'hui est liée à une certaine gloire et à une reconnaissance sociale.

Les hommes quiarrivent à obtenir un haut grade dans leur travail, sont cités en exemple.

Mais la réussite professionnelle est aussiliée au prestige de certains emplois et postes.

Ainsi, le fait de travailler pour les voiries ou dans les égouts n'est pas. »

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