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Le but de la sagesse est-il la puissance ou la maîtrise ?

Publié le 14/05/2012

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Mais la morale stoïcienne, et d'une façon générale toute morale prêchant la restriction des désirs, ne fournit qu'un programme négatif : elle se contente de porter des interdits et d'indiquer ce qu'il ne faut pas faire. Un tel programme peut-il suffire à encadrer la vie et est-il sage de s'y rallier? Il ne le semble pas. En effet, désirer est naturel à l'homme, et la résolution d'étouffer tout désir est une prétention contre nature qui aboutirait à l'assoupissement de la vie de l'âme, si la nature elle-même, pius forte que la volonté, ne se ressaisissait pas et ne prenait pas sa revanche, le plus souvent au détriment de la morale et de la sagesse....

« ses forces physiques qui se perdaient sur terre ou qui restaient enfouies dans le sous-sol.

On eut d'abord recours à J'énergie du vent et à celle des rivièt·es; ensuite à la houille et au pétrole; de nos jours, on aménage les chutes d'eau des montagnes, utilisant les rrserves naturelles consti­ tuées pur les glaciers et les lacs, en créant de nouvelles par de gigan­ tesques barrages.

Comment cette substitution des forces de la nature à celles de l'homme a-t-elle été possible, sinon grâce à la science des ingé­ nieurs, qui ont conçu des machine~ nouvelles, organisé 1 'exploitation des res~ources de notre planète, en particulier équipé le pays d'un réseau de distribution du courant électrique, qui se prête à tant d'usages.

Ceb progrès industriels, dus en définitive à un progrès du savoir, ont permis à 1 'homme de décupler son rendement tout en s'imposant moins de fatigues; le bien-être a prodigieusement augmenté, et le modeste ouvrier riu xx• siècle est mieux armé qu'un chef mérovingien pour lutter contre la nature.

Néanmoins, on est bien loin encore de pouvoir dire que 1 'homme est heureux.

Malgré les progrès de 1 'industrie, le développement du machi­ nisme et l'extension du réseau électrique, il reste des hommes qui ne mangent pas à leur faim, qui habitent un logis insalubre, dont le travail exige une dépense de forces trop élevée pour laisser la liberté d'esprit nécessaire à la vie de la pensée.

Le rôle pratique de la science est donc loin d'être terminé.

Lorsque la planète sera complètement aménagée et qu'on an ra largement pourvu aux besoins ess.entiels de l'humanité, la recherche scientifique pourra être considérée comme une occupation ayant sa fin en elle-même.

En attendant, son rôle essentiel sera de rendre la terre plus habitable.

Ainsi la sagesse semble bien devoir consister pour longtemps à s'efforcer de savoir davantage de façon à augmenter son pouvoir et à mettre sous une dépendance plus étroite les forces de la nal.lJrP.

* * * Mais pouvons-nous espérer que la science, en étendant notre pouvoir sur les énergies cosmiques, nous permettra jamais d'atteindre l'idéal que nous rêvons et sera capable de combler nos désirs P Celui qui, confiant dans les progrès matériels qui résultent de l'extension du savoir, escompte pour l'humanité un avenir de bonheur ne poursuit-il pas une chimère P La science peut-elle suffire, en organisant notre vie matérielle, à nous rendre heureux P La réponse, c'est trop évident, doit être négative.

Supposons que l'équipement industriel du monde ait atteint le dévelop­ pement que nous rêvons aujourd'hui : on ignore la faim, le chaud et le froid; Ir travail exigé pour la direction des machines qui assurent la production n'est plus qu'un jeu; l'hygiène et la médecine ont fait de tels progrès qu'il n'y a plus d'épidémies et que la plupart des hommes deviennent centenaires.

II restera toujours la mort, qui heurte la plus fondamentale de nos tendances.

Or, devant le désir de toujours vivre, la ~cience est impuissante.

Ensuite le bien-être matériel, s'il contribue au bonheur, ne suffit pas à le procurer.

Le bonheur dépend de conditions d'ordre moral plus encore que de conditions d'ordre physique : il nous faut une atmosphère de sympathie et de confiance, une âme sœur sur qui nous appuyer, enfin et surtout la paix de la conscience et la satisfaction d'avoir bien rempli notre vie.

Or, la science, qui peut nous assurer la maîtrise des forces. »

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