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Le choc des cultures est-il une necessite insurmontable ?

Publié le 27/02/2008

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Dans un article intitulé « Délinquance : le choc des cultures », disponible dans la version électronique du Journal du CNRS, Stéphanie Arc explique qu'en région parisienne les enfants issus de l'immigration sont souvent liés à la délinquance et en échec scolaire car la culture qui leur est inculquée heurte de plein fouet la culture française à laquelle ils sont sensés s'intégrer. Voici donc ce qu'est le « choc des cultures » dont on entend aujourd'hui parler très fréquemment, la rencontre violente de deux cultures. Stéphanie Arc montre que ce « choc » est un enjeu majeur pour un pays et un monde, qui entendent faire cohabiter des populations immigrées et dialoguer des populations étrangères les unes aux autres. C'est pour cela qu'elle tente de voir si le choc des cultures est une nécessité insurmontable en prescrivant des moyens de l'éviter. Nous reprendrons ce questionnement à notre compte et, pour ce faire nous interrogerons tout d'abord le présupposé du sujet, à savoir la nécessité du choc des cultures avant de voir s'il peut être surmonté, c'est à dire dépassé. Pour ce faire, nous montrerons tout d'abord que ce choc est occasionné par le fait que la culture fonde l'identité d'un individu ou d'une société pour ensuite voir que pour autant lune culture se caractérise par sa capacité à s'ouvrir et à échanger avec d'autres cultures pour enfin trouver un moyen de prendre en compte réflexe identitaire et nécessité du dialogue inter-culturel.

« traits communs, leur permettra de dialoguer et les empêchera de se battre ? Si tel était le cas, quel pourrait être letrait commun à toutes les civilisations ? Lorsque Hegel, en 1806, voit Napoléon passer sous ses fenêtres à la suitede la bataille d'Iéna, il estime que la raison philosophie s'est développée à son maximum.

L'avancée de l'arméenapoléonienne permet l'avancée du droit et la rationalisation.

Pour Hegel l'Histoire permet ainsi la réalisation de laraison et en 1806 cette réalisation est complète, l'Histoire s'est arrêtée. Francis Fukuyama, dans son oeuvre La fin de l'Histoire et le dernier des hommes reprend l'idée d'une fin de l'Histoire.

Selon lui, après la chute du mur de Berlin les dictatures tombent et peut ainsi se créer un consensusautour de la démocratie libérale.

C'est ce consensus qui permet aux différentes civilisations de dialoguer tout en lesempêchant de se battre.

En effet, pour Fukuyama la guerre devient de plus en plus difficiles après l'adoption duconsensus qui conduit à la fin des idéologies, c'est à dire d'un « discours des idées » influençant le comportementindividuel. 3.

Vers une « troisième voie », la médiation entre les cultures Par conséquent, nous nous retrouvons face à deux positions inconciliables.

L'une estime que les cultures, abstraitesde l'Histoire, sont figées dans une attitude agressive et l'autre que l'échange entre ces cultures parviendra à laformation d'un consensus garant d'un ordre pacifique des choses.

Si nous avons esquissé une réfutation de laposition de Huntington en en montrant les points faibles, force est de constater que des critiques ont aussi étéadressées à Fukuyama.

En effet, comment expliquer que des guerres telles que celles du Kosovo ou encore la guerredu Golfe aient éclaté après la chute du mur de Berlin ? De plus, de quel droit décider que la démocratie libérale est lepoint autour duquel un consensus doit se faire ? On le voit aujourd'hui dans les relations entre l'Occident et la Chine,si l'Occident, convaincu de son bon droit, veut pousser la Chine à un régime plus démocratique et à respecter lesdroits de l'Homme, la Chine lui répond que ces mêmes droits doivent être contextualisés et compris en rapport avecleur origine et l'Histoire qui les a fait naître et qu'ils ne sont donc pas des invariants culturels.

Il semble ainsiimpossible d'imposer « de l'extérieur » un consensus mais que des points de ralliement peuvent être trouvés dansl'échange entre les cultures.

Ainsi, par nécessité économique, tout le monde s'accorde aujourd'hui à employerl'Anglais comme langue véhiculaire. Cependant, ce dernier point en fait surgir deux autres.

Tout d'abord, il faut remarquer que l'Anglais utilisé lors deséchanges économiques par exemple ou simplement pour communiquer de manière basique avec un étranger n'a quepeu de points communs avec l'Anglais littéraire par exemple.

Par conséquent l'acquisition de « traits communs » àplusieurs cultures semble pouvoir déboucher sur un appauvrissement de ces cultures et à l'élaboration d'une« culture de masse » qui n'a peut être de culture que le nom.

De plus, le consensus autour d'un type d'institutionsou d'une langue véhiculaire ne recouvre qu'une partie de la définition de la culture que nous avons élaborée.

Eneffet, on l'a vu, la culture recouvre un ensemble de pratiques dont font parties les institutions et la langue maisauxquelles elle ne se réduit pas.

Il faut encore prendre en compte les coutumes par exemples et toutes leshabitudes liées à un groupe ou à un individu et il semble plus difficile de les modifier que de parvenir à un consensusinstitutionnel.

Ainsi, ni les Anglais ni les Français ne remettraient en cause la démocratie et tous appartiennent àl'Occident mais on pourrait dresser une longue liste de ce qui sépare la culture anglo-saxonne de la culturefrançaise.

Plus encore, il faut remarquer que malgré des points de ralliement et des efforts pour en trouver chacuncampe sur sa culture.

On pensera ainsi à la promotion de « l'exception culturelle française » dont nous nedébattrons pas du contenu ici mais qui manifeste bien une volonté de protéger un type de culture face au reste descultures.

Le réflexe identitaire, même entre des cultures proches, n'est donc jamais bien loin. Par conséquent, nous nous retrouvons dans un monde qui occasionne de plus en plus la rencontre des cultures, quece soit par l'entremise des échanges économiques ou à l'intérieur d'un pays par l'immigration par exemple et avecdeux manières d'envisager ces rencontres, le « choc » et l'« échange ».

Il y a fort à parier que si le choc n'est pasnécessaire il reste néanmoins fréquent puisque, nous l'avons vu, chacun campe sur son identité culturelle.

Pourautant coexiste un dialogue entre ces mêmes cultures qui veulent se préserver.

Dès lors se dessine la possibilitéd'une « troisième voie », reconnaissant les revendications identitaires et la possibilité du dialogue.

Par cettetroisième voie entendons notamment toutes les tentatives de multiculturalisme qui, bien que perfectibles, tentent defaire subsister les unes à côté des autres des cultures différentes et qui pour cela ne semble pouvoir s'appuyer quesur l'éducation afin de faire comprendre la culture des uns aux autres, le dialogue afin de trouver des compromis etprobablement la tolérance et la bonne volonté. Conclusion Le sujet prend ainsi tout son sens dans un monde contemporain fait d'échanges mondialisés fréquents et derencontres inter-culturelles constantes.

Ces rencontre peuvent prendre deux formes, celle du « choc » ouaffrontement violent qui occasionne les guerres que l'on connaît bien, ou de l'échange dont nos cultures senourrissent depuis toujours.

Le choc des cultures n'est donc pas une nécessité comme le présupposait le sujetpuisque le dialogue est possible.

Pour autant le choc semble probable si l'on admet que les cultures conduisent à un« réflexe identitaire ».

C'est donc fort de ce constat que, sans angélisme, nous proposons une médiation entre lescultures.

Il ne s'agit pas de parvenir à une culture mondiale standardisée mais à faire vivre en bonne intelligence descultures différentes.

La tâche est probablement ardue et les limites du multiculaturalisme sont aujourd'hui même àl'étude mais il semble que l'enjeu soit crucial dans un monde qui entend faire vivre ensemble, parfois au sein d'unmême pays, des cultures différentes.. »

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