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Le désir de sécurité et le désir de liberté sont-ils conciliables ?

Publié le 27/02/2008

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·        Il est donc possible, pour saisir la nature même de la liberté en tant que telle, de penser de manière complémentaire liberté et ordre juridique comme cadre qui vient énoncer une conduite : intérioriser, digérer, elle devient le lieu où se déploie une loi intérieure, que l?on suit avec conscience : là est la véritable liberté.     III-       Une pensée dialectique : le devoir d?être libre   ·        Le devoir de liberté : Puisque agir, c?est agir sous l?emprise d?une loi, loi morale ou loi de la nature, et qu?il nous faut agir, la liberté ne peut consister qu?en une action soumise à une loi qu?on se donne à soi-même. Opposée à l?hétéronomie, l?autonomie  est le fait de se donner cette loi ; plus que l?indépendance, simple négation de la détermination par autre chose, l?autonomie est de plus autodétermination. ·        Pour que rien ne m?attire vers telle ou telle action, il ne faut pas que ce soit l?objet même de mon vouloir qui soit déterminant, mais seulement la façon dont je le veux ; la seule loi d?autonomie est celle qui me détermine par simple respect pour la légalité de cette loi, et non par désir de l?existence de l?objet. Comme la détermination par l?existence d?un objet est toujours le fait du penchant, c?est au contraire la loi morale, lorsqu?elle me détermine par sa seule légalité, et non par l?attraction de l?objet qu?elle me propose, qui est la seule loi d?autonomie, et donc la seule liberté. ·         « L?impulsion du seul appétit, dit Rousseau, est esclavage, et l?obéissance à la loi qu?on s?est prescrite est liberté »(Du contrat social, LI, ch. VIII) Le même raisonnement qui fait qu?obéir à la loi morale n?est obéir qu?à soi-même fait qu?obéir à la loi civile est être libre. La liberté politique, en effet, ne consiste pas à faire tout ce que l?on veut, selon quoi, à l?époque des Grecs, seul le roi des Perses était libre, mais à être citoyen d?une république, c?est-à-dire avoir le droit de poser les lois, et le devoir d?y obéir. ·        Etre libre, être bon, être bien : Suivre la loi morale n?est cependant pas renoncer à la satisfaction des penchants. Hors des situations amorales, le choix, pour une action bonne aux dépens du bien-être immédiat n?est qu?un report de l?accomplissement du désir ; ne pas accomplir un désir immédiatement n?est pas y renoncer, et la moralité de la volonté est aussi, sans s?y réduire, un calcul plus fin des plaisirs.

« - Spinoza , Ethique , IV, pro.

73. - Rousseau , Lettres écrites de la Montagne . - Kant , Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique , 5e pro. - Hegel , Principes de la philosophie du droit . · Angles d'analyse → Il s'agit en réalité de penser le double mouvement contradictoire propre à l'homme : en effet, l'homme, en tantqu'il est un être social, désire être en sécurité, c'est-à-dire qu'il souhaite voir ses biens garantis par la loi et se àtravers des institutions légales qui protège chacun du pouvoir de l'autre.

Mais, tout à la fois, l'homme revendiquesa liberté comme ce qui le définit proprement, comme ce sans quoi il n'est plus vraiment humain.

Sécurité etliberté semble donc être deux désirs contradictoires et pourtant aussi essentiels l'un que l'autre pour l'homme.→ Il s'agira donc de penser dialectiquement désir de sécurité et désir de liberté afin de dépasser l'apparentecontradiction, ou en tout cas incompatibilité.® Il s'agit clairement ici de penser la liberté dans le cadre de la société civile en tant que celle-ci est régie par undispositif de loi, et donc de droits mais aussi de devoir (dont le but est précisément la sécurité civile).® Il s'agira donc d'étudier la façon dont l'ordre juridique propre à toute société (constituée en Etat), en tant qu'ilgarantit la sécurité de chacun, entre en interaction avec la liberté des citoyens : agit-il comme une contrainteeffective ? Comme une limitation de la liberté ? Comme se sur quoi une liberté absolue du sujet vient se heurter ?® C'est donc, au fond, la nature de la liberté, en tant qu'acte d'un homme social (et par contraste avec unedéfinition de la liberté dite « naturelle ») qui est ici mise à la question.® Il s'agira d'affiner, au fur et à mesure de la réflexion, les définitions des deux désirs (sécurité et liberté) afin devoir s'ils sont seulement dans une relation d'exclusion, d'opposition, ou si l'on peut, d'une certaine manière, lespenser dialectiquement.® L'enjeu ici relève de la condition même de tout sujet en tant qu'il fait partie d'un ensemble social : il estquestion non seulement du degré de liberté dont il fait preuve mais aussi et surtout de la nature même de cetteliberté. Problématique Est-il possible de concilier les deux désirs pourtant contradictoires (au moins en apparence) essentiels à la vie humaine, àsavoir celui de vivre dans un Etat sûr et garant de la paix civile, et dans lequel pourtant la liberté originaire de chacun estpréservée ? Sécurité et liberté sont-elles des notions contradictoires, ou au contraire, en tant que désirs fondamentaux de l'êtrehumain, ne témoignent-elles pas de la nature effective de la liberté elle-même ? Plan I- Une conciliation impossible : se dépouiller de sa liberté pour obtenir la sécurité, le passage à l'Etat civil · Si les libertés, les ambitions, les passions, les intérêts individuels sont causes de l'état de guerre qui est ruineuxpour tous, les individus ne peuvent que prendre conscience des méfaits de l'état de nature et aspirer à entrerdans l'état civil d'eux-mêmes, sans y être contraint par une force étrangère.

Les individus eux-mêmes peuventdonc décider eux-mêmes de mettre fin à l'état de guerre et d'entrer dans l'état civil.

Comment ? Par un contratqui va les lier les uns aux autres.

Telle est la solution proposée par Hobbes. · « La cause finale, le but, le dessein, que poursuivirent les hommes, eux qui par nature aiment la liberté etl'empire exercé sur autrui, lorsqu'ils se sont imposés des restrictions au sein desquelles on les voit vivre dansles Républiques, c'est le souci de pourvoir à leur propre préservation et de vivre plus heureusement par cemoyen : autrement dit, de s'arracher à ce misérable état de guerre qui est, je l'ai montré, la conséquencenécessaire des passions naturelles des hommes, quand il n'existe pas de pouvoir visible pour les tenir enrespect, et de les lier, par la crainte des châtiments, tant à l'exécution de leurs conventions qu'à l'observationdes lois de nature.

» Léviathan. La première phrase énonce un paradoxe apparent ainsi que son sens : alors que les hommes n'aiment rien tant que la liberté, entendons : la possibilité de faire tout ce qui leur plaît, etexercer un pouvoir sur les autres, ils vivent dans des Etats qui limitent leur liberté.. »

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