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Le désir est-il condition ou obstacle à la liberté ?

Publié le 16/03/2009

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Il est difficile de savoir entre le désir et la liberté ce qui est premier ou nécessaire à l’existence humaine tant les deux sont des données fondamentales pour comprendre l’homme. Selon Spinoza, L'homme est défini non par la raison mais par le désir : « Le désir est l'essence même de l'homme. « Ce que l'homme désire est bon, et ce n'est pas le bien qu'il désire qui définit le bien. Persévérer dans son être (conatus) est son essence : tout ce qui accroît sa puissance d'être sera donc bon. La morale, ici, n'est en rien définie à partir d'un ordre transcendant à notre nature. Quant à la liberté, elle n'est qu'une illusion issue d'une fausse conception de l'acte volontaire : c'est l'ignorance des causes qui nous déterminent qui engendre cette méconnaissance. Comment concilier désir, source de méprise, issu de notre imaginaire et la liberté qui est lucidité, réalisme ? Comment dépasser ces antagonismes ?

1) Désirs et liberté selon Spinoza.

2) Le désir ou le domaine de l’imaginaire.

3) L’articulation désir et liberté.

« 2) Le désir ou le domaine de l'imaginaire.

D'une part, qu'il faille rendre ses droits au besoin pour comprendre d'où le désir tire son énergie, c'est une évidencedont Freud n'a cessé de tirer les implications.

De l'autre, qu'avec l'apparition du désir émerge une dimensionproprement « anthropogène », c'est le présupposé de toute efflorescence sublimatoire - amoureuse, esthétique,religieuse ou scientifique.

Moment déterminant où se met en place une instance d'un type spécifique, soustraite àl'emprise de la juridiction animale.

On se trouve donc devant une double énigme : celle d'un désir devenu faculté, etcelle d'un désir empruntant à la sphère du besoin ce « quelque chose » qui lui permet d'assurer son triomphe.

Sur lepremier versant, le paradoxe tient à ce que nous conférons à un objet « inutile » une valeur qui semble s'opposer àtoute finalité.

S'impose alors une théorie de la subreption (le fait de s'emparer de quelque chose), puisque est donnéau sujet, en même temps que l'idée de ce qui dépasse son pouvoir de désirer, le concept de lui-même comme« cause » - du fait de ses représentations - de la réalité même des objets de ces représentations.

Par là se marquel'affinité redoutable du désir avec l'hallucination, ou encore la différence première chez l'homme entre l'objet cherchédu désir et la donnée brute d'une réalité non remodelée par ses vœux.

Mais, par ailleurs - et tel est le secondversant -, si le désir n'est défini qu'à partir d'un manque éprouvé par le sujet du besoin, comment pourrait-il seconstituer autrement que négativement ? Comment pourrions-nous en signifier l'objet ? La question surgit ainsi desavoir si le désir croît en raison de l'aptitude à ressentir la privation ou en proportion de l'évanescence et del'absence de réalité effective propre à son objet.

Bref, il faut revenir à ce constat qui laisse perplexe : les besoinsnon satisfaits s'oublient, mais il est des désirs non réalisés qui subsistent indestructibles.

Entre les premiers et lesseconds, une mutation décisive a dégagé le sujet de la gangue d'un présent où tout élan s'absorbe dans la pâte dessatisfactions données ou refusées.

Entre les premiers et les seconds sont nées d'inconcevables possibilités d'oubli etde mémoire, de don et de tromperie, de jouissance et d'horreur.

Désir, écran contre la réalité ou manière de l'appréhender ? Si toute notre appréhension de la réalité est empreinte de nos fantasmes, c'est-à-dire est fonction de la mise enforme de notre désir, qu'en est-il de l'adaptation à la réalité ? La théorie psychanalytique, à travers la découvertedes fantasmes, ne soutient-elle pas une forme de solipsisme ? La psychanalyste kleinienne Susan Isaacs, dans sonarticle Nature et fonction du fantasme (1952), pose que l'interaction entre l'activité fantasmatique et la réalité extérieure est fonction de la force du désir et de l'angoisse associée aux fantasmes.

Pour Melanie Klein, le fantasmeinconscient est ce qui relie l'instinct à la pensée.

À sa suite, Bion prétend que l'activité fantasmatique témoigne dela constitution d'un « appareil à penser les pensées ».

En fait, la psychanalyse ne soutient pas une forme desolipsisme, car elle admet que la communication se déploie entre deux pôles : le pôle fantasmatique et le pôletechnique ; ce dernier recouvre la transmission des savoirs et savoir-faire.

En effet, les fantasmes ne forment pasune bulle protectrice de l'individu, faisant écran aux contacts humains.

Un grand nombre de fantasmes prennent leursource dans des épreuves ou des questionnements qui traversent tout homme ; tel est le cas du fantasme decastration, construction imaginaire issue de la perception de la différence des sexes et du complexe d'Œdipe.

Aussiles affinités entre personnes peuvent-elles résulter de fantasmes identiques ou complémentaires, faisant« résonance » entre eux.

Les êtres humains, distincts par leur histoire personnelle, ont cependant en commun, d'unepart, un fonds biologique identique (les sensations corporelles), et, d'autre part, selon Freud, un héritagephylogénétique.

Freud, précisément, supposait l'existence d'un certain nombre de fantasmes originaires, communsà l'humanité, reliquats des temps primitifs, qui transcendent le vécu individuel.

Ces fantasmes seraient desorganisateurs psychiques et ils auraient pour fonction de résoudre chacun une énigme.

Ainsi le fantasme originaire(ou scène primitive) figure l'origine du sujet, celui de la séduction l'origine de la sexualité, celui de la castration celuide la différence des sexes.

L'histoire de la découverte par Freud d'un fantasme universel de séduction estintéressante, car c'est ce qui l'a conduit à distinguer la réalité psychique de la réalité matérielle.

Il a accordé à lapremière un intérêt scientifique et il s'efforça tout au long de son œuvre de démontrer les résultats féconds quipouvaient en être tirés pour la prophylaxie des névroses.

Il semble difficile d'imaginer de sacrifier tout désir pour êtrelibre, ne faut-il pas voir plutôt le désir comme moteur de l'action, comme élément moteur à celle-ci ? 3) L'articulation désir et liberté.

Ce que nous appelons alors l'intention est beaucoup plus proche du raisonnement que de l'idée ; elle se formule, eneffet, dans une chaîne d'énoncés qui, tous ensemble, désignent « l'ordre » de l'action ; ce qu'on appelle, depuisAristote, le raisonnement pratique, ne fait qu'exprimer, dans le langage formel de la logique, cette mise en ordre del'action par l'intention ; ce n'est pas parce que le raisonnement tire une conclusion à partir de principes qu'il cessed'être pratique et bascule du côté de la théorie ou de la spéculation ; le véritable raisonnement pratique a toujourspour point de départ quelque chose de désiré ; il classe, ordonne, stratifie les caractères de désirabilité quis'attachent aux échelons successifs de l'action.

En faisant ainsi accéder ses désirs au langage par les moyens de« caractères de désirabilité », le sujet parlant place ses désirs eux-mêmes dans un calcul de moyens et de fins.C'est là le premier degré de la liberté : être capable, non seulement de « souffrir », de « subir » ses désirs, mais deles porter au langage en énonçant le caractère de désirabilité qui leur est propre et en soumettant au calcul desmoyens et des fins l'enchaînement de l'action.

Le désir n'est plus alors une simple « impression », il est mis àdistance, en position lointaine de fin, par rapport à l'ensemble des voies et des moyens, des obstacles et desinstruments que l'action doit traverser pour « remplir » l'intention.

Ce qu'on vient de décrire, avec les ressources de. »

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