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Le désir est-il le propre de l'homme ?

Publié le 02/02/2004

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Dans le désir, l'homme ne se donne-t-il pas alors un objet dont il n'a nul besoin, - mais par lequel il produit et invente son humanité ? Il semble y avoir une rupture radicale entre désir et instinct ou entre désir et besoin. Cependant, cette rupture peut être contestée : le désir n'est-il pas, au fond, la représentation consciente d'une pulsion naturelle visant à perpétuer la vie ? Ne procède-t-il pas malgré tout du besoin ? La réponse de Bachelard Le désir s'oppose au besoin et définit l'homme " La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin. " Gaston Bachelard, Psychanalyse du feu (1949), II. Problématique Le désir est-il naturel ou culturel ? Et le superflu est- il inessentiel ? Explication Le désir (faussement) identifié au besoin Une vision naturaliste du désir tendrait à le réduire à une tendance consciente, orientée vers les objets nécessaires à notre nature.

« Bachelard saisit une rupture entre l'ordre naturel et l'ordre culturel. 1) Le besoin est naturel et objectif, il est lié à des nécessités vitales, il est ce que la vie exige comme condition desa perpétuation.2) Le désir ne rattache l'homme ni au biologique ni au vital.

Loin de lui rappeler ses limites naturelles, il arrachel'homme à sa condition : il lui fait envisager ce qui n'est pas (un objet absent et imaginaire) et nier ce qui est (laprésence immédiate du réel), il le transforme en militant du possible plutôt qu'en serviteur du nécessaire.

Il est par làmême créateur de réalité, car il peut faire exister son objet 1.

Le désir vise donc bien autre chose que la simple survie : il arrache l'homme à l'emprise du besoin et à l'astreinte du nécessaire ; il vise le « superflu » (non pasmanger, mais bien manger, en bonne compagnie, etc.).

« Aussi haut qu'on puisse remonter, précise Bachelard, lavaleur gastronomique prime la valeur alimentaire et c'est dans la joie et non dans la peine que l'homme a trouvé sonesprit 2.

» S'inventer soi-même Si l'homme trouve un réel plaisir à désirer, c'est qu'il éprouve alors l'« excitation spirituelle » d'inventer sa proprehumanité et de former son existence selon un sens qu'il choisit.

Le superflu est donc bel et bien indispensable, car ilfait naître l'esprit et l'humanité sous toutes ses formes culturelles : l'art, les sciences, les techniques, les moeurs,les coutumes, les croyances. Débat et enjeu Y a-t-il une rupture entre désir et besoin ? Bachelard oppose le désir au besoin.

Cependant, comment discerner exactement ce qui revient à l'un et à l'autre ?Comment savoir ce que la nature ou la culture ont produit en l'homme ? La biologie nous apprend par exemple que lasurvie de l'homme exige une grande variété d'aliments — ce qu'on attribue à la culture relève en fait de laphysiologie ! On peut de même considérer que le plaisir et ses raffinements s'expliquent comme autant de ruses dela nature pour nous amener à diversifier notre alimentation ou à assurer la reproduction de l'espèce ! La naturesemble donc se servir du plaisir qu'éveillent en nous nos désirs pour accomplir nos besoins.

Dès lors, il faudrait saisirnon pas une rupture entre désir et besoin, mais une continuité . Une continuité entre désir et besoin Selon Nietzsche, le désir procède du besoin, mais lui donne une dimensionspirituelle : « Le besoin nous contraint au travail ».

L'homme n'est pasautosuffisant et doit trouver ailleurs qu'en lui-même ce qui lui manque.

Or,non seulement le labeur lui apportera ce qui lui est nécessaire pour vivre, maisle travail lui-même deviendra un besoin : « Dans les pauses où les besoinssont apaisés [...] l'ennui vient nous surprendre.

[...] C'est l'habitude du travailen général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau », écritNietzsche.

C'est pour échapper à l'ennui que l'homme invente le jeu.

Mais lejeu aussi lasse, et l'homme « est pris parfois du désir d'un troisième état, quiserait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'unmouvement bienheureux et paisible : c'est la vision de bonheur des artistes etdes philosophes ».

Nietzsche montre ainsi une continuité du besoin au désir,qui conduit l'homme du pénible travail assurant la perpétuation de la vie, àl'oeuvre ou aux aspirations les plus profondes : celles de la philosophie et del'art. Le désir peut-il être éduqué ? Le désir appartient sans doute de manière indiscernable à la nature et à laculture.

Au-delà de sa naturalité, il est élaboré et régulé par la culture(toutes les constructions humaines dans la sphère sociale : lois, moeurs,religion...).

La culture suscite et transmet certains désirs tout en les rendant compatibles avec ses propres normes,et prohibe par là même certains désirs.

Freud examine en ce sens comment l'homme intériorise les interdits sociauxet moraux, et censure inconsciemment ses pulsions violentes.

Cette censure peut prendre la forme du refoulement : elle écarte de la conscience une pulsion incompatible avec les exigences morales (issues de valeurs et de normessociales).

La censure peut aussi prendre la forme de la sublimation , qui est une libido désexualisée, c'est-à-dire une pulsion détournée de son objet originaire (sexuel) au profit d'un objet de substitution plus élevé : la créationartistique par exemple.

Le désir est éduqué par la censure inconsciente de la civilisation (le surmoi).

Mais l'individupeut résister à cette éducation et tomber dans une violence cherchant à assouvir des pulsions irréductibles.

Il y adonc bien dans le désir une part non maîtrisable, qui échappe toujours aux prises de la culture elle-même : labarbarie menace à jamais la civilisation.. »

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