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Le désir peut-il être désintéressé ?

Publié le 11/01/2005

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3) La trajectoire du désir de l'intérêt au désintérêt.    

Dans les dialogues de Platon, la pensée est rythmée par l'alternance d'examens laborieux, moments de dénuement où elle tourne en rond, et d'inventions inspirées, quand se découvre tout à coup par où et comment chercher. L'un commande l'autre : la flamme ne jaillit que si l'on a péniblement frotté le briquet en tous sens ; la compréhension ne surgit que si l'on a d'abord exploré toutes les directions et fait appel à toutes les méthodes (Lettre VII). Ce mouvement est celui, décrit dans Le Banquet, des morts et des renaissances d'Éros, tantôt manquant de l'essentiel, et tantôt plein de ressources. L'illumination n'a pourtant pas le dernier mot, elle doit être mise à l'épreuve, de même que le travail de la définition n'est jamais purement logique dans la mesure où il est toujours orienté par le désir de savoir. Le désir qui relie la pensée à ce qui est en vérité n'a rien d'irrationnel : il est l'espèce de désir propre à la partie rationnelle de l'âme, sa « philosophie « (ce sens restera toujours pour Platon le sens premier du terme). L'amour, au terme d'une ascension qui le mène de la beauté des corps à celle des âmes et de leurs occupations, puis aux connaissances, n'atteint sa vérité qu'en devenant philosophe et en engendrant des discours qui ne sont beaux que parce qu'ils sont vrais. Il existe un désir qui peut s'extrapoler de sa condition terrestre pour aller vers le domaine des Idées. Il existe un désir qui ne ressort pas du domaine purement érotique ou animal mais du domaine de la connaissance et de la spiritualité.    L'exemple de la sublimation du désir.

  • Éviter de passer en revue toutes les conceptions classiques du désir, même en reposant la question pour chacune d'elles ; un tel « plan « n'aboutit à rien.
  • Prendre le terme d'« intérêt« au sens large : au-delà des intérêts immédiats qui peuvent correspondre au besoin, il y a aussi des intérêts plus symboliques et cachés.
  • Si le désir apporte une satisfaction, celle-ci semble impliquer un intérêt : en va-t-il de même lorsqu'on analyse des désirs tournés vers autrui (par exemple : désirer le bonheur de quelqu'un) ?

« compréhension ne surgit que si l'on a d'abord exploré toutes les directions et fait appel à toutes les méthodes(Lettre VII ).

Ce mouvement est celui, décrit dans Le Banquet , des morts et des renaissances d'Éros, tantôt manquant de l'essentiel, et tantôt plein de ressources.

L'illumination n'a pourtant pas le dernier mot, elle doit êtremise à l'épreuve, de même que le travail de la définition n'est jamais purement logique dans la mesure où il esttoujours orienté par le désir de savoir.

Le désir qui relie la pensée à ce qui est en vérité n'a rien d'irrationnel : il estl'espèce de désir propre à la partie rationnelle de l'âme, sa « philosophie » (ce sens restera toujours pour Platon lesens premier du terme).

L'amour, au terme d'une ascension qui le mène de la beauté des corps à celle des âmes etde leurs occupations, puis aux connaissances, n'atteint sa vérité qu'en devenant philosophe et en engendrant desdiscours qui ne sont beaux que parce qu'ils sont vrais.

Il existe un désir qui peut s'extrapoler de sa conditionterrestre pour aller vers le domaine des Idées.

Il existe un désir qui ne ressort pas du domaine purement érotique ouanimal mais du domaine de la connaissance et de la spiritualité. L'exemple de la sublimation du désir. Pour Freud l'art est l'accomplissement imaginaire du désir, on retrouve ceci au cœur de l'analyse freudienne de lafonction de l'art.

Freud distingue en effet deux composants dans le plaisir esthétique : un plaisir proprement libidinalqui provient du contenu même de l'œuvre, pour autant que celle-ci nous permet, par identification au personnage,d'accomplir « notre » désir en accomplissant « son » destin ; mais aussi, et pour ainsi dire au préalable, plaisirprocuré par la forme ou la position de l'œuvre qui s'offre à la perception non pas comme un objet réel, mais commeune sorte de jouet, d'objet intermédiaire à propos duquel sont autorisées des conduites et des pensées dont il estadmis que le sujet n'aura pas à rendre compte.

Cette fonction de détournement par rapport à la réalité et à lacensure, l'intitule « prime de séduction » (Freud, 1908) : en situation esthétique comme dans le sommeil, unepartie de l'énergie de contre-investissement, employée à refouler la libido, est libérée et restituée, sous formed'énergie libre, à l'inconscient, qui va pouvoir produire les figures du rêve ou de l'art ; ici comme là, c'est le rejet detout critère réaliste qui permet à l'énergie de se décharger de façon régressive, sous la forme de scèneshallucinatoires.

On comprend bien ici le trajet de la satisfaction d'un désir intéressé au plaisir désintéressé par lebiais de l'art. La sublimation : le cas de Léonard de Vinci La sublimation est une des notions qui ont le plus retenu l'attention en dehorsmême de la psychanalyse parce qu'elle semble susceptible d'éclairer lesactivités dites « supérieures », intellectuelles ou artistiques.

Pour cette raisonmême, sa définition est incertaine, chez Freud lui-même, parce qu'elle faitappel à des valeurs extérieures à la théorie métapsychologique.

Le mot mêmeévoque bien entendu la grande catégorie morale et esthétique du sublime,mais aussi la transformation chimique d'un corps quand il passe de l'état solideà l'état gazeux.

Peut-être pouvons-nous en tirer l'idée d'élévation depuis lesbas-fonds (sexuels ?) de l'âme jusqu'à ses expressions les plus élevées.

Lapsychanalyse ferait alors le mouvement inverse de celui que lui assignaitFreud quand il choisissait comme épigraphe à L'interprétation des rêves, levers de Virgile dans l'Énéide : « Flectere si nequeo superos, Acherontamovebo » (« Si je ne peux fléchir les dieux d'en haut, j'ébranlerai ceux del'enfer »).

Freud va jusqu'à utiliser l'expression paradoxale de « libidodésexualisée », éloignée des buts et objets sexuels.

Notons cependant quece n'est pas « l'instinct sexuel » unifié qui est ainsi sublimé.

La sublimation estessentiellement le destin des pulsions partielles, c'est-à-dire celles dontl'issue aurait pu être la perversion ou la névrose.

Freud n'a guère précisé ledomaine de la sublimation en dehors des activités scientifiques ou artistiques.Dans le Malaise dans la civilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies.

D'autre part, il considère comme une forme de sublimation lesformations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions, consolidées pendant la période delatence par l'éducation, mais qui tirent leurs forces de la libido elle-même.

Ainsi se forment les traits de caractère :« Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation de l'érotisme anal.

L'orgueil estdéterminé par une forte disposition à l'érotisme urinaire » (Trois essais, p.

190).

Le processus de la sublimation nenous propose pas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encore de la vie éthique : «C'est ainsi que la prédisposition perverse générale d e l'enfance peut être considérée comme la source d'un certain'nombre de nos vertus dans la mesure où, par formation réactionnelle, elle donne le branle à leur élaboration »(ibid.,p.

190).Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910).

Le souvenirest le suivant : « Je semble avoir été destiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car un despremiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue etplusieurs fois me frappa avec sa queue entre les lèvres ».

Bien entendu ce récit peut n'avoir aucune objectivité etêtre une reconstruction.

Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pour interpréter cet unique souvenird'enfance : quelques éléments biographiques peu sûrs, des textes et des dessins des fameux Carnets et enfinsurtout l'oeuvre artistique.

En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expérience psychanalytique et surla symbolique des légendes et des mythes (en particulier de l'Égypte ancienne concernant le vautour).

D'emblée ilcompare le souvenir au moins en partie reconstruit, avec la préhistoire fabuleuse que s'attribuent les peuples.

Ilretrouve dans le souvenir d'enfance de Léonard, la théorie sexuelle infantile de la mère phallique que l'expérience. »

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