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Le développement technique transforme-t-il réellement l'homme ?

Publié le 16/02/2004

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technique

Le développement technique a libéré l'homme

Le développement technique est un facteur de civilisation. Le premier outil inventé et fabriqué par l'homme fut une étape décisive pour sa survie. Il s'est affranchi de certaines contraintes naturelles et il a établi son règne sur la nature et les animaux. Le mythe de Prométhée dans le Protagoras de Platon raconte bien comment l'homme, naturellement démuni, réussit à survivre en découvrant les arts du feu. Toute la tradition philosophique jusqu'au xvle siècle séparait le connaître et le faire. Les philosophes grecs, comme Platon ou Aristote, considéraient la science - dont la philosophie - comme une activité désintéressée réservée aux hommes libres (non esclaves). Le savoir permettait de mieux comprendre le monde, son harmonie. La fabrication était une activité dépréciée. La science était théorique, spéculative (le mot grec theoria signifie «contemplation «), la technique était pratique.Descartes a inauguré l'ère technicienne en affirmant, dans la sixième partie du Discours de la méthode, que nous deviendrions «comme maîtres et possesseurs de la nature «, grâce à notre nouvelle compréhension du monde qui associe science et technique : connaître et produire vont de pair.

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« Il n'y a donc de technique qu'humaine : qu'elle produise du bien-être ou qu'elle soit à l'origine de catastrophes, ellereste la marque indélébile de l'humanité sur la nature et sur l'homme lui-même. [III.

Le développement technique transforme l'homme] Comme nous venons de le voir, le développement technique a indéniablement transformé l'homme dans sa réalitémême.

Le développement technique moderne, la révolution industrielle, et l'utilisation de l'énergie atomique ontbouleversé radicalement nos modes de vie.

Notre civilisation occidentale dispose de moyens considérables quipourraient élever notre espèce vers une « humanité divine », comme l'écrit Bergson dans Les Deux Sources de lamorale et de la religion.

Mais jusqu'à présent elle ne l'a pas fait.

Au contraire, au lieu de libérer la totalité del'humanité des servitudes économiques et surtout de la faim, elle a assuré le luxe d'un petit nombre en privant legrand nombre du nécessaire.

«Mais était-ce une fatalité que ce souci de confort et de luxe devînt la principalepréoccupation de l'humanité », interroge L.-M.

Morfaux, commentateur de Bergson ? La puissance de l'homme estdevenue démesurée mais aussi imprévue.Aujourd'hui, le développement technique semble pouvoir se passer même de l'homme.

Le travail est devenu unmoyen de vivre, il n'a plus le sens d'oeuvre à accomplir. Productivité, rentabilité, efficacité sont les maîtres mots de l'entreprise où les individus sont devenusinterchangeables.

Le danger est la perte de conscience, par l'homme, de son aliénation, ce que Marcuse soulignaitdéjà en 1964 dans L'Homme uni-dimensionnel: «Le refus intellectuel et émotionnel du conformisme paraît être unsigne de névrose et d'impuissance ».

Lorsque «la vente et l'achat constituent tout l'horizon de la vie », l'individuexécute docilement les décisions prises par d'autres et « aide le système à se perpétuer ».Le développement technique accroît les capacités humaines, l'homme lui-même évolue et modèle son rapport aumonde.

La question est de savoir si cette transformation s'arrête à la forme, ou si l'essence même de l'homme — saliberté, sa raison — est elle aussi modifiée.

Pouvons-nous répondre de manière définitive ? Deux solutions possibless'offrent à nous : la première instaure l'impossibilité ontologique d'une quelconque modification de l'essence del'homme.

Dans ce cas, le développement technique ne transforme l'homme qu'en apparence, qu'à l'extérieur, alorsque sa nature même reste permanente.

La seconde solution consiste à penser, comme Sartre, qu'il n'y a pasd'essence humaine immuable, mais une condition humaine.

Dans ce cas, l'existence humaine se transforme avec ledéveloppement technique, et l'homme devient ce qu'il est jour après jour. [Conclusion] Nous ne pouvons pas répondre de manière dogmatique à la question initiale.

Selon que l'on pense que l'hommedevient ce qu'il est ou, au contraire, est ce qu'il devient, nous rejoindrons l'une ou l'autre des deux solutionexposées plus haut.

Quoi qu'il en soit, aucune des deux solutions ne remet en question la transformation formelle dela nature et de l'homme.. »

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