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Le dialogue entre les cultures, est-t-il possible ? est-t-il souhaitable ?

Publié le 27/02/2008

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Cette question peut paraître, de prime abord, bien incongrue. En effet, rien ne semble plus évident, omniprésent, que l'idée d' « interculturalité » à notre époque. Nos efforts et progrès mesurables, aussi bien dans la reconnaissance des cultures étrangères que dans nos moyens de communication semblent répondre à cette double question par l'affirmative. Notre connaissance croissante du monde et de nous mêmes devrait être une condition de reconnaissance, toujours plus grande, des différentes cultures. Toutefois, ce constat trouve une opposition actuelle dans l'approche de certains signes inquiétants : dans nos écoles, nos entreprises, mais également chez certains de nos politiques, nous voyons croître des peurs, des ignorances, parfois des négations de la différence culturelle. La question de la mondialisation porte, par exemple, en germes, la problématique d'une dissolution de ces différences culturelles dans le temps, notamment dans le cadre d'un abandon pur et simple de certaines langues, certains dialectes, rites et traditions minoritaires au profit d'une approche unilatérale de la culture. N'oublions pas non plus les marques de mépris, de ségrégation, de racisme, d'antisémitisme et même d'acculturation auxquelles nous assistons de nos jours. L'idée d'un possible dialogue ouvert et constant entre les cultures pose donc, au regard de ce qui précède, problème. Ce dialogue est-il alors possible ? Sa difficile réalisation n'est-elle pas le signe d'un refus de notre part ? Ce sont les conditions de possibilités d'un tel dialogue que nous serons tout d'abord amenés à rechercher. Si celles-ci existent, nous nous interrogerons alors sur le motif d'une absence de réalisation de ce dialogue, encore de nos jours.

« On considère généralement que l'absence de dialogue est néfaste puisqu'il risque sans cesse de laisser la place à laviolence.

C'est ainsi que, dans la Grèce antique, la politique apparaît comme ce moment du développement de laparole qui va se substituer à la violence.

En ce sens, le dialogue entre les cultures semble immédiatement être unbienfait puisqu'il permettrait l'échange, l'enrichissement de chaque culture, mais aussi, avant tout, d'éviter lesdangers de l'affrontement qui serait dû à un manque de compréhension.

Un tel dialogue semble donc immédiatementsouhaitable.

Pourtant, il semble bien qu'il rencontre aussi immédiatement certaines difficultés.

Tout d'abord, sedemander si les hommes de cultures différentes sont susceptibles de pouvoir dialoguer, c'est au fond se demander siles hommes sont capables de dépasser les différences de culture.

En effet, tout dialogue suppose la possibilité des'entendre et donc l'existence de points en commun.

On parle, par exemple, ces dernières années de choc decivilisations pour souligner parfois les difficultés voire les limites d'un tel dialogue.

En effet, les valeurs de chaqueculture ne sont-elles pas parfois opposées à un point tel que le dialogue deviendrait impossible ? Pour dialoguer, nefaut-il pas une culture commune ? Par ailleurs, ce dialogue ne risque-t-il pas aussi de conduire à une perte de ce quifait la spécificité de chaque culture et à une dissolution de chacune des cultures dans une culture commune sansplus aucune tradition ou identité ? De là la double question que vous pose le sujet.

A la fois le dialogue entre lescultures semble souhaitable et il semble rencontrer des limites.

A partir de là, vous pouvez formuler un problème eténoncer les enjeux du sujet.

C'est donc à la fois les conditions de possibilité du dialogue ainsi que ses conséquencesqu'il s'agit d'analyser ici.

Une fois le problème posé, vous pouvez revenir sur l'intérêt qu'il y aurait à développer undialogue entre les civilisations.

Montrez, par exemple, en quoi l'absence de dialogue conduit souvent aux luttes, auxconflits et à la guerre.

Vous pouvez, par exemple, vous reporter aux analyses de Lévi Strauss dans Race et histoirelorsqu'il raconte ce moment où les Espagnols sont arrivés en Amérique.

Ils considéraient alors les Indios comme dessauvages et des barbares et le sentiment était partagé, chacun s'interrogeant à savoir si les autres étaient ou nondes êtres humains.

L'humanité ne peut donc se développer qu'en combattant toute forme d'ethnocentrisme.

Vouspouvez également vous reporter ici aux analyses de Montaigne.

Vous pouvez également montrer en quoi lamultiplicité des cultures est une richesse.

Dès lors, si un tel dialogue semble souhaitable, il faut vous interroger surses conditions de possibilité.

Cela semble exiger que chacun sorte de ses propres normes sociales et culturelles etles reconnaisse comme telles.

Il faut donc quitter toute forme de dogmatisme.

Mais si ceci est souhaitable, celaest-il possible ? Il faut ici vous interroger sur les conditions d'un dialogue qui soit véritable.

Or, tout dialogue semblesupposer une certaine culture commune.

Lorsque des valeurs sont radicalement opposées, comment un dialoguepourrait-il avoir lieu ? C'est la thèse que soutient d'ailleurs un penseur américain contemporain (mort fin 2008)Samuel Phillips Huntington qui a développé l'idée souvent reprise aux lendemains du 11 septembre 2001, du choc descivilisations.

Il montre ainsi que les différentes sont trop radicales et souvent indépassables.

En ce sens, il y auraitimpossibilité d'un tel dialogue.

Mieux, un tel dialogue ne serait pas souhaitable puisqu'il conduirait à une dissolutiondes valeurs.

Demandez-vous alors quelles sont les conséquences d'une telle analyse.

Il s'agirait de savoir si une telleposition ne conduit pas à un repli sur soi.

Dans ces conditions, la seule issue n'est-elle pas le conflit, la guerre ouune logique de croisade…Toute la difficulté revient à déterminer les moyens de dépasser les oppositions.

Plusieurspistes sont alors à analyser ici : l'éducation n'est-elle pas un moyen ? Le dépassement de l'opposition entre despays riches et des pays pauvres n'en n'est-elle pas un autre ? En effet, les difficultés économiques peuvent parfoisconduire à des replis identitaires.

Dès lors, il peut y avoir sans doute de grosses difficultés, mais parler d'impossibilitécomporte sans doute de très grands risques.

Un tel dialogue ne doit-il pas alors prendre la forme d'un idéal àatteindre ?. »

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