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Le goût pour l'histoire est-il une manière de fuir le présent?

Publié le 19/01/2005

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histoire
Au fond, le créateur est injuste, car il ignore délibérément les vérités établies, mais en même temps, il est le seul à pouvoir métamorphoser la valeur des opinions reçues, à dénouer le noeud gordien, pour se donner la chance d'un empire.   2) Les différents types d'histoires.    Le « respect des faits » des historiens, qui empêchent d'exalter leur tempérament propre ; il faudrait qu'ils se délivrent en demandant à l'histoire de servir la vie. Si l'histoire devenait science parfaite, elle entraînerait pour l'humanité la fin de sa pérennité. Elle résisterait mal à son désir de connaître la fin du monde. Sachant comment l'aventure universelle s'achèverait, elle s'accomplirait sans se rendre bien compte qu'elle disparaîtrait aussi dans ce succès absolu. Le problème de l'histoire ne réside donc pas dans l'arbitraire du sens qu'elle impose aux faits, elle ne peut éviter de le faire. Il est plutôt dans la vie qu'elle ne sait pas servir. Nietzsche va développer trois niveaux de l'influence de l'historien sur le vivant : L'histoire monumentale, qu'il va valoriser. L'histoire traditionnelle, qu'il a le goût de conserver et de vénérer.

 

Pour répondre à cette question, nous allons à titre indicatif, développer la pensée de Nietzsche dans ses Secondes considérations inactuelles. Cet ouvrage traite de la place de l’histoire dans la vie, en somme quelle dose d’histoire l’homme est-il capable de supporter, quelle dose d’histoire l’homme doit recevoir pour agir correctement ? Aussi, cette dose d’histoire n’a pas été identique à toutes les époques, certaines époques ont été plus boulimiques en histoire que d’autres, boulimie qui a certainement caché une volonté de fuir son époque pour des raisons politiques entre autres. En somme, qu’est-ce qui se cache derrière cette fuite du présent ?

 

 

 

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« cela impliquerait le refus de celui dont nous provenons en effet.

L'origine et la fin des temps se confondraient en unmême absolu et l'histoire n'aurait rien été d'autre que la somme des histoires accomplies, pour faire coïnciderl'intention créatrice de Dieu et l'accomplissement actuel de son projet.

Comment éviter de rapprocher le paradisfutur et le paradis terrestre ; l'un et l'autre se fondent sur un travestissement de la réalité ou pour parler commeNietzsche sur une stérilisation de la vie dans le goût excessif de l'histoire.

On ne critique jamais assez le passé.L'histoire nous est tout de même utile ne serait-ce que parce qu'elle nous permet de saisir à quel point c'estl'injustice qui est créatrice.

Au fondement de cette justice, on peut dire qu'il y a la vie.

Une vie assez tenace pourmériter les efforts assassins de la connaissance.

Telle est la leçon contradictoire que nous donne l'histoire.

Celaparaît contradictoire de prétendre en même temps que l'histoire est une valeur et qu'elle n'en est pas une.

Il fautcomprendre que Nietzsche ne veut pas établir une certitude objective.

Tout simplement parce qu'elle nierait lesacteurs dans leur volonté de vivre.

Il aspire au contraire à les laisser s'épanouir dans leur unicité égoïste.

Les trois types d'histoire chez HEGEL Hegel a distingué trois formes de l'histoire : l'histoire originale, l'histoire réfléchie et l'histoire philosophique.

L'histoireoriginale, dont les fondateurs sont Hérodote et Thucydide, est une description des actions, des événements et dessituations par ceux qui les ont vécus et qui y ont pris part.

Cette histoire est non réflexive du fait de la communautéde culture entre l'historien et les événements qu'il raconte.

Habité par l'esprit même de l'événement, il n'a pas besoinde le transcender pour le raconter.

C'est au contraire en transcendant l'actualité de l'historien que l'histoire réfléchieva traiter du passé reculé, comme étant actuel en esprit.

L'histoire réfléchie élabore les matériaux, et ce travaild'élaboration relève d'un esprit distinct de l'esprit du contenu élaboré.

Cette histoire renonce à la représentationindividuelle du réel.

Elle produit de nombreuses abstractions en simplifiant le donné pour ne retenir que l'essentiel.L'histoire philosophique enfin s'applique à l'histoire réfléchie, s'efforce de montrer comment l'Idée est la vérité quimène les peuples et le monde.

Elle dégage l'Esprit comme volonté raisonnable et nécessaire qui a guidé et quicontinue de guider les événements du monde. L'histoire universelle La philosophie de l'histoire montre que "la Raison gouverne le monde, et par conséquent gouverne et a gouvernél'histoire universelle." Tout est subordonné à cette raison et lui sert d'instrument ou de moyen.

Si les peuples et lesindividus recherchent d'abord leur bien propre dans leur incessante activité, ils sont — quoique à leur insu —, lesinstruments de la Raison.

De toutes les actions humaines, il résulte quelque chose d'autre que ce qu'ils ont conçu,projeté et accompli.

En réalisant leurs intérêts immédiats, ils servent les intérêts secrets de la Raison, dont on nepourra connaître le dessein final qu'une fois accomplie.

L'Esprit est un, mais se manifeste de multiples façons.

Unpeuple, une époque, un temps, ne sont que des moments dans la formation de l'esprit : "L'histoire universelle est lamanifestation de la marche graduelle par laquelle l'Esprit connaît et réalise sa vérité." L'histoire est l'histoire desétapes de la connaissance de l'Esprit qui, en se manifestant, prend conscience de lui-même.

Chaque peuple dansl'histoire incarne ainsi un principe de l'Esprit : les contradictions et les oppositions ne sont donc qu'apparentes ettransitoires, car elles visent à des unités plus hautes.

Chaque peuple à un moment donné, avec son éthique, saconstitution, son art, sa religion, sa science, est une configuration déterminée dans la marche graduelle de l'Espritdont le destin est de franchir tous les degrés, jusqu'à atteindre une totale transparence à lui-même.

3) Le goût de l'histoire comme fuite du présent.

Nietzsche écrit « Car, pour nous-mêmes, nous autres modernes, nous ne possédons rien du tout.

Ce n'est qu'ennous remplissant à l'excès des époques étrangères, de mœurs, d'arts, de philosophies, de religion, de connaissancequi ne sont pas les nôtres, que nous devenons quelque chose qui mérite l'attention, c'est-à-dire des encyclopédiesambulantes.

» (p.

106) Nous avons vu que trop d'histoire stérilise l'histoire : nous finissons par croire en notre vieillesse, en notre achèvement, en notre mort prochaine.

On perd l'espoir d'une renaissance.

Nous regardons nosactes de loin à travers les lunettes déformantes de la chronologie.

Ainsi restons-nous spectateur de nous-mêmessans jamais devenir les acteurs de notre vie.

« Personne n'ose plus mettre sa propre individualité en avant, on prendle masque de l'homme cultivé, du savant, du poète, du politicien.

» (p.

109) Nous sommes en somme devenu lessinges de ce que nous aurions pu être si nous avions préféré nos croyances à nos vérités.

Mais nous préférons lamesure, la modération, plutôt que le délire de l'inspiration.

En un mot, « la culture historique et le vêtementbourgeois règnent en même temps.

» L'histoire ne doit pas être un refuge contemplatif, où l'on fuit avec crainte le présent et les actions nécessaires.

Lesavoir historique, cultivé sans limites, peut ainsi détruire nos illusions à un point tel qu'il peut "déraciner" l'avenir.

Lavie au présent a toujours besoin d'un certain brouillard et d'une certaine imprécision quant à ses origines pourpouvoir se poursuivre dans l'action.

"Une certaine dose d'ignorance et d'inconscience est nécessaire à l'action." Laconnaissance historique peut conduire au défaitisme, au pessimisme et à l'inaction.

Les leçons de l'histoire sont desleçons impitoyables qui montrent qu'une justice souvent aveugle règne sans pitié sur le déroulement des affaireshumaines.

Une religion dont on disséquerait l'histoire de façon scientifique, dans ses moindres détails, ne garderaitplus de religion que le nom.

Cette histoire nous montrera que les hommes, même pieux, sont souvent faux,inhumains, grossiers, violents.

Une religion, comme toute autre valeur ou tout autre espoir, ne peut demeurer sans"pieuse illusion".

L'homme ne peut vivre et créer que dans l'amour et l'illusion d'une justice bonne et clémente.L'histoire peut être dangereuse dans ses désillusions.. »

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