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Le langage dans un texte de Bergson. ?

Publié le 31/10/2005

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langage
Le présupposé de l'ensemble de cette analyse est très clair : la pensée, qui ne relève aucunement du même ordre que le langage, le subit au point de vouloir peut-être parfois s'en affranchir. Bien souvent, quand nous éprouvons un état d'une inhabituelle intensité, nous arguons de cette inadéquation du langage : « il n'y a pas de mots pour dire ce que je ressens ». Cette idée d'un au-delà des mots, ou plutôt d'un en-deçà, de cette fraction de la pensée qui échapperait au langage en voulant s'en préserver, est une idée bergsonienne : c'est l'idée qu'il y a de l'ineffable, l'idée que la part la plus précieuse, la plus intime de notre pensée se galvauderait si on tentait de l'exprimer par des mots. C'est là postuler que la pensée repose par essence sur  quelque chose d'antérieur au langage et à l'intelligence, et qui est de l'ordre de l'intuition, et donner le plus grand prix à ces éléments de pensée antérieurs ou rebelles au langage, c'est-à-dire à l'ineffable. Et c'est là précisément, on va le voir, l'idée à laquelle l'exigeante conception de Hegel s'opposait fermement.                   « Quelle est la fonction primitive du langage? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.
langage

« philosophiques que le langage et les concepts rigides ont sur la conscience.

Une conversion de l'attention (le bonusage de la liberté) et l'exigence de précision (l'art d'écrire) permettent de substituer au « concept rigide » un « concept fluide » capable de dire la réalité, c'est-à-dire au fond capable de servir et d'exprimer la pensée. Chez Bergson donc, le langage apparaît vis-à-vis de la pensée comme pris dans un double rapport : non seulement le langage, comme tout le système d'habitudes dont il dépend, jette un voile sur la vraie réalité, qui est durée et nepeut donc faire l'objet que d'une intuition, mais encore il renforce en le développant cet aveuglement inscrit dans lesbesoins de la vie, et nous empêche donc littéralement de penser : c'est le sens de la critique des idées générales,et de la définition du mot comme « embryon de concept ».

Bergson ira même plus loin en liant le langage aux erreurs de la philosophie traditionnelle, notamment du scientisme, défini par lui comme un « verbalisme » : il faut sortir de notre langage habituel (et du langage philosophique qui n'échappe pas à la critique) pour considérer ànouveau la réalité avec précision.C'est donc que le langage est capable de servir une autre approche de la réalité : au « concept rigide », un effort, une conversion de l'attention permettent de substituer le « concept fluide », qui s'approche de la chose dans la mesure où il est doué de la même mobilité qu'elle.

Quoi qu'il en soit, et malgré ces concessions, on ne peut pourBergson penser que malgré les mots, quand toutefois on arrive à s'arracher de l'habitude solidifiée que représente notre système linguistique.Le présupposé de l'ensemble de cette analyse est très clair : la pensée, qui ne relève aucunement du même ordreque le langage, le subit au point de vouloir peut-être parfois s'en affranchir.

Bien souvent, quand nous éprouvons unétat d'une inhabituelle intensité, nous arguons de cette inadéquation du langage : « il n'y a pas de mots pour dire ce que je ressens ».

Cette idée d'un au-delà des mots, ou plutôt d'un en-deçà, de cette fraction de la pensée qui échapperait au langage en voulant s'en préserver, est une idée bergsonienne : c'est l'idée qu'il y a de l'ineffable,l'idée que la part la plus précieuse, la plus intime de notre pensée se galvauderait si on tentait de l'exprimer par desmots.

C'est là postuler que la pensée repose par essence sur quelque chose d'antérieur au langage et àl'intelligence, et qui est de l'ordre de l'intuition, et donner le plus grand prix à ces éléments de pensée antérieurs ourebelles au langage, c'est-à-dire à l'ineffable.

Et c'est là précisément, on va le voir, l'idée à laquelle l'exigeanteconception de Hegel s'opposait fermement. « Quelle est la fonction primitive du langage? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou des avertissements.

Il prescritou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate; dans le second, c'est lesignalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais,dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujourssociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perceptionhumaine en vue du travail humain.

Les propriétés qu'il signale sont des appels de la chose àune activité humaine.

Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarchesuggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété,se les représentera, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du mêmeparti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les origines dumot et de l'idée.

L'un et l'autre ont sans doute évolué.

Ils ne sont plus aussi grossièrementutilitaires.

Ils restent utilitaires cependant.

La pensée sociale ne peut pas ne pas conserversa structure originelle [...] C'est elle que le langage continue à exprimer.

Il s'est lesté descience, je le veux bien; mais l'esprit philosophique sympathise avec la rénovation et laréinvention sans fin qui sont au fond des choses, et les mots ont un sens défini, une valeurconventionnelle relativement fixe; ils ne peuvent exprimer le nouveau que comme unréarmement de l'ancien.

On appelle couramment et peut-être imprudemment « raison » cettelogique conservatrice qui régit la pensée en commun: conversation ressemble beaucoup àconservation.

» Bergson , La Pensée et le Mouvant . a) Situation du texte .

Bergson oppose l'intelligence à l'intuition.

La première a été donnée à l'homme par la nature afin de le guider dans ses activités de fabrication.

Quand l'esprit en revanche se détourne de ce qui l'entouredans l'espace pour se retourner sur lui-même, il met en œuvre une autre faculté : l'intuition.

La philosophie n'estque le développement de cette intuition ou « attention que l'esprit se prête à lui-même ».

Or tout le problème est de savoir d'où vient le langage : est-il de par sa nature instrument de l'intelligence ou auxiliaire de l'intuition ? Etsi la première hypothèse est la bonne, comment le philosophe pourra-t-il encore user du langage ? b) Mouvement du texte . · Premier moment .

( à « les origines du mot et de l'idée. ») : hypothèse sur l'origine du langage.

Le langage, qui est naturel à l'homme, est originairement destiné à rendre plusaisée la vie pratique, et donc essentiellement la manipulation et la transformation deschoses matérielles extérieures.

La formation et l'évolution des langues auront ainsi étéordonnées à la satisfaction de fins utilitaires. · Second moment .

(de « L'un et l'autre ont sans doute » jusqu'à la fin) : ce qui a changé et ce qui n'a pas changé dans le langage.

Le développement des deux facultés fondamentales de l'esprit (intelligence et intuition)a-t-il imprimé au langage sa marque ? Oui, pour ce qui est de la science.

Mais celle-ci se situe dans la continuitéde la vie pratique naturelle : elle ne fait que développer et rendre plus précise l'attention que l'esprit porte à lamatière.

Dépositaires d'une pensée sociale qui tend surtout (au même titre que les institutions politiques) à lastabilité, les mots ne se prêtent toujours pas aisément à l'effort du philosophe pour coller au jaillissement continud'imprévisible nouveauté que sont la durée pure et la vie même.. »

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