Le Monde des Images
Publié le 04/04/2011
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Étymologiquement, le mot image vient du latin « imago «, qui désignait les masques mortuaires, le portrait d'un mort. Ainsi, au sens de Platon, l'image se définit comme « tout d'abord les ombres ensuite les reflets qu'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants et toutes les représentations de ce genre «. Mais l'image recoupe de nombreux sens et ne se limite pas à cette définition. Une image est une représentation visuelle voire mentale de quelque chose (objet, être vivant, concept). Elle peut être naturelle (cette image naturelle était, selon Platon, la seule à avoir un intérêt philosophique : ombre, reflet) ou artificielle (peinture, photographie), visuelle ou non, tangible ou conceptuelle (métaphore), elle peut entretenir un rapport de ressemblance directe avec son modèle ou au contraire y être liée par un rapport plus symbolique. L'image peut donc être considérée, soit comme le définit Voltaire dans le Dictionnaire Philosophique comme une représentation, soit concrète soit mentale de ce qui a été perçu par la vue : « Le sens de la vue fournit seul des images «, soit comme une représentation mentale, généralement affaiblie d'une sensation ou d'une perception précédemment éprouvée.
«
Contrairement à Descartes qui ne parvient à l'évidence intellectuelle qu'au terme d'un doute méthodique (est vrai cequi résiste au doute), Spinoza considère que notre puissance même d'entendement nous inscrit dans le vrai si nousnous sommes débarrassés des images de la connaissance du 1er genre (ouï-dire).
Spinoza évoque également dansL'Ethique les liens entre l'image d'une chose et le temps : « Tant que l'homme est affecté par l'image d'un objet, il leconsidère comme présent, même s'il n'existe pas, et il ne l'imagine comme passé ou futur que dans la mesure oùl'image de cet objet est jointe à l'image du temps passé ou futur.
C'est pourquoi, considérée en elle seule, l'imaged'une chose est la même, qu'on la rapporte au futur ou au passé, ou qu'on la rapporte au présent.
Ainsi, que l'imagesoit celle d'une chose passée ou future, ou celle d'une chose présente, la structure du Corps ou son affect estidentique.
».
Spinoza insiste donc sur l'opposition entre illusion d'un savoir et véritable savoir dans ses quatre modes deconnaissance.
En effet, l'illusion que procurent les images empêche d'accéder au véritable savoir.
C'est la puissanced'entendement de l'homme qui lui permet de na pas se laisser influencer et tromper pas les apparences quereprésentent les images.
Quant à Bachelard, il considère que l'image et donc le monde des images est fortement liéà l'imagination.
Selon Bachelard, l'imagination « est plutôt la faculté de déformer les images » fournies par la perception ou toutautre source.
Elle nous libère ainsi des images premières en les changeant.
Au lieu de s'intéresser à ses résultats,nécessairement figés et statiques, il s'agit donc de la saisir dans son dynamisme propre.
Sans changement d'images,il n'y a pas d'action imaginante.
L'imagination ne produit pas des images mais des réseaux, des transitions, destransformations permettant de passer d'une représentation à une autre.
Ainsi se constitue et se repère l'espace del'imaginaire, distinct à la fois du perçu et de l'imaginé (c'est à dire passé) : cet imaginaire sous-tend toutes lesimages en les excédant de sa propre fécondité.
Avec la raison, que Bachelard aura longtemps cherchée à mettre àl'épreuve des sciences (Bachelard est épistémologue, il réfléchit sur la constitution d'un savoir scientifique),l'imagination occupe donc chez lui une place de choix.
C'est par l'analyse de l'image poétique que le philosophepourra déclarer que l'image est davantage créatrice qu'ordonnatrice de pensées.
Cause et non effet, la conscienceimageante est le lieu d'une origine ; antérieure à la mémoire, l'image s'enracine dans le corps et s'emmêle dans lemonde.
On pourrait dire que chez Bachelard, l'image est créatrice d'un lien : elle est une sorte de mouvement quis'enracine dans l'expérience matérielle et qui trouve écho au plus profond de nous même.
Bachelard considèrel'image comme une dynamique de la conscience, mobile et vibratile, qui s'oppose à l'immobilité de l'idée.
L'imagetoujours nouvelle, détermine l'esprit qui l'accueille : les « viviers » d'images attirent la conscience et la fascine ausens premier de charmer.
Dans la deuxième partie de Le Nouvel Esprit Scientifique, Bachelard se consacre à uneétude approfondie de l'imaginaire poétique.
Dans un texte resté célèbre, « Le dormeur éveillé », il déclare : « Notreappartenance au monde des images est plus forte, plus constitutive de notre être que notre appartenance aumonde des idées ».
Il plaide alors pour les douceurs de la rêverie et se laisse aller aux évocations que lui inspire « laflamme d'une chandelle ».
On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images.
Or elle est plutôtla faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des imagespremières, de changer les images.
S'il n'y a pas changement d'images, union inattendue des images, il n'y a pasimagination, il n'y a pas d'action imaginante.
Le monde des images est donc très vaste, il fait appel à de nombreuses notions.
Platon relie l'image à l'illusion,encrant les images dans le monde des apparences.
Spinoza nous met quant à lui en garde contre les images, quipeuvent nous empêcher d'accéder au savoir véritable.
Enfin, selon Bachelard, l'imagination permet de déformer lesimages afin de nous « libérer » des apparences trompeuses de ces dernières.
Le monde des images est donc unmonde dans lequel l'image est la représentation concrète construite par l'activité de l'esprit, combinaison nouvellepar sa forme qui résulte de l'imagination créatrice.
C'est en particulier une représentation concrète servant à illustrerune idée abstraite, représentations qui ne sont pas d'entendement.
Le lien entre l'image et la vérité est égalementtrès fort, comme le souligne Bouddha : « Toutes les images sont des mensonges, l'absence d'image est aussimensonge ».
Sujet désiré en échange :
Ce qui est légal est-il nécessairement légitime?.
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