Le nouveau sens de la démocratie
Publié le 14/09/2011
Extrait du document
Le titre de ce chapitre ne doit pas prêter à confusion. En
fait, le mot démocratie lui-même n'a pas changé de sens par
rapport aux idées de Montesquieu ou Alain qui ont contribué
à sa définition. Mais depuis la grande époque du libéralisme
qui a vu grandir la démocratie, les conditions favorables
au fonctionnement de ce type de régime ont changé (1).
Pour assurer le bon fonctionnement d'une démocratie, on
admet traditionnellement certaines conditions. Les rivalités
pour la conquête des postes de direction doivent pouvoir
s'affronter, il faut surtout qu'une certaine alternance au
pouvoir entre elles soit respectée. Existence de rivalités, lutte
libre des rivalités, alternance au pouvoir des rivalités : ces
trois rubriques résument l'objet de la Sociologie Politique
qui, depuis Tocqueville jusqu'aux political scientists américains
contemporains, a beaucoup évolué parce que les possibilités
pratiques d'affrontement de ces rivalités ont elles-mêmes
fortement changé.
«
0 Tocqueville
Passionné de liberté, mais épouvanté devant les dangers de despotisme exercé par la majorité dans la démocratie de l'ave nir telle qu'il l'avait devinée dans l'Amérique de 1830, Alexis de Tocqueville cherche à définir les moyens de sauver
cette liberté en luttant contre l'égalité et la décadence du libre arbitre.
Les Nations
de nos jours, ne sauraient faire que dans leur
sein les conditions ne soient pas égales; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux
lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères.
Tocqueville a été le premier à bien montrer
que la démocratie
suppose un état d'équilibre entre les forces de la désunion et celles de la cohésion qui s'affrontent dans toute société.
Des luttes internes sont inévitables, mais
un ensemble social
sain doit pouvoir maintenir son unité au milieu des divisions
politiques, d'ailleurs elles-mêmes souhaitables.
Tocqueville
expose ses observations faites
en Amérique et les principes qu'il en tire dans un livre qui devint très rapidement un grand classique : De la Démocratie en Amérique.
Les pouvoirs -c'est-à-dire aux États-Unis le gouvernement
fédéral et les gouvernements d'États, le Congrès et le Pré sident -fonctionnent indépendamment les uns des autres.
Ils s'opposent nécessairement, mais sont dans un état de
dépendance réciproque de fait; ils sont reliés en outre par l'omniprésence des partis politiques.
Les citoyens participent
directement à la vie politique : par le vote d'abord, mais surtout par leur incorporation active à une foule d'associa
tions privées ou publiques (du syndicat au club sportif) qui leur permettent de peser face aux pouvoirs et d'infléchir leur politique sans pourtant l'imposer.
Les associations sont les intermédiaires qui créent et maintiennent les conditions d'un accord indispensable dans la société démocratique.
Tocqueville craignait
par dessus tout le processus centra
lisateur qui fait du Pouvoir moderne une sorte de pieuvre
« immense et tutélaire "· Ce Pouvoir risque de devenir, sans
les associations protectrices de la liberté des citoyens, « absolu,.
»
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