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Le pardon peut-il aller de pair avec la justice?

Publié le 22/02/2012

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justice
L'un des principes fondamentaux du droit est son effectivité. En effet que serait une loi non appliquée ? Aussi, toute infraction doit-elle être sanctionnée. Ainsi, les délits du plus anodin ou plus grave doivent être sanctionnés par des peines proportionnées. Si cette règle est violée alors l'ordre et la cohésion sociale sont menacés.
justice

« oublier, accepter de ne pas en tenir compte.

C'est rendre au coupable la possibilité d'être à nouveau autrechose qu'un coupable, lui rendre la possibilité d'une initiative bonne, de disposer à nouveau de ce qu'il est.

Il ya donc quelque chose de plus essentiel que de rendre justice à la victime, c'est de faire respecter un droitplus fondamental: un droit à l'innocence.

Plus fondamental que le droit de la victime innocente, et fondateurde celui-ci: le droit à l'innocence.

Plus fondamental que le droit de l'innocent, le droit à l'innocence. Comment comprendre cela? Le pardon n'efface rien réellement du passé, mais il suspend quelque chose du passé.

Il empêche le passéd'influer sur notre présent. On ne peut pas assimiler le pardon à une forme d'oubli.

Il faudrait constamment savoir ce qu'il faut oublier, cequi est contradictoire.

Et comment effacer une meurtrissure? Le pardon serait plutôt une forme de mémoire.

Au souvenir indélébile, j'ajoute un autre souvenir: celui d'avoir,un jour, pardonné.

Il n'y a que la mémoire qui pardonne, car, seule, elle se souvient d'avoir pardonné.

On voitpar là en quoi le pardon est un acte difficile: après avoir vaincu notre penchant à ne pas pardonner, il faut enoutre être sûr de pouvoir ne jamais revenir dessus.

Le pardon est une promesse qui nous engage pour toutl'avenir! Comment comprendre maintenant que le coupable puisse être un innocent? On peut pour cela revenir à la formule socratique: "Nul n'est méchant volontairement".

Cela ne veut pas direque nul n'est méchant, ce serait s'aveugler, mais que nul n'est méchant absolument.

Personne ne veut le malpour le mal.

Celui qui veut le mal ne se rend pas compte que c'est le mal qu'il veut, car alors il ne pourrait plusle vouloir.

En fait, il commet une erreur de jugement: il ne voit pas ce qu'il fait, que c'est le mal qu'il fait.

Nulne fait le mal pour le mal, mais parce qu'il le prend pour un bien, parce qu'il en attend un bien. C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres :« Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment lavouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui estcomparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importequelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, seloneux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, comme subirl'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, leshommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leurcommune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, quepar peur du châtiment.

Si nous pouvions être injustes en touteimpunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamiepour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustespour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondonsle bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé del'âme.

Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate , dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut. »

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