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Le phénomène Bourdieu

Publié le 05/12/2018

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bourdieu

Autrement dit, il se sert de son prestige et de ses recherches pour faire passer ses idées, pour lutter contre l’ultralibéralisme, s’opposer à la fatalité des lois économiques et humaniser le monde social. Il souhaite pour cela l’émergence d’une « gauche de gauche » afin de contrecarrer une «fascisation d’une partie de la classe politique et de la société françaises» (Le Monde, 8 avril 1998).

 

A ce nouveau courant il fallait une structure plus grand public que l’austère revue Actes de la recherche en sciences sociales. En 1996, Bourdieu crée donc l’association «Liber Raisons d’agir» et lance une collection de petits livres vendus 30 francs. Le premier d’entre eux est signé de lui-même, il s’intitule Sur la télévision et devient vite un best-seller. C’est là que les choses se gâtent. En mettant en évidence la manipulation de l’information puis les collusions entre les journalistes et le pouvoir, Bourdieu fait le procès des médias et des intellectuels. Les médias et les intellectuels vont en retour faire celui de Bourdieu.

 

Avec cette collection Bourdieu possède une arme. Il va s’en servir. En avril 1998, il fait paraître un libelle intitulé le Décembre des intellectuels français, qui s’en prend aux pétitionnaires qui ont soutenu le «plan Juppé » pour la réforme de la Sécurité sociale contre les grévistes de l’automne 1995. Mais surtout, il attaque de manière caricaturale la revue Esprit, qui n’a jamais caché depuis les années 70 ses désaccords avec l’intellectuel français le plus connu dans le monde. L’officine de Bourdieu passant à l’offensive, Esprit, sous la signature d’Olivier Mongin et Joël Roman, rétorque par un article publié dans le numéro de juillet: «Le populisme version Bourdieu, ou la tentation

À l'automne 1998, une déferlante d’articles et de dossiers mettait sur la sellette le sociologue français Pierre Bourdieu. Ces quelques centaines de pages se proposaient de faire une évaluation critique de l'œuvre du professeur au Collège de France.

 

Et de savoir si cet homme engagé «à gauche de la gauche», pourfendeur de l’intelligentsia parisienne et défenseur des exclus, était bien le nouveau Sartre de cette fin de siècle.

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