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Le plaisir esthétique est-il désintéressé ?

Publié le 27/02/2005

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L'intérêt à l'oeuvre dans le plaisir esthétique semble alors bien être un intérêt social motivé par des caractères extérieurs au sujet et témoignant plus de son appartenance à une classe sociale déterminée que du plaisir réel qu'il prend face à l'oeuvre d'art. Mais alors, cet intérêt, en prenant le pas sur la notion même de plaisir, voire sur la notion même d'oeuvre d'art, semble abolir toute idée de plaisir esthétique, et toute idée de liberté face à l'oeuvre d'art.     Ne faut-il pas alors abolir toute idée d'intérêt pour définir le plaisir esthétique, seul un plaisir désintéressé pouvant manifester un rapport libre du sujet face à l'oeuvre ?       III)            Le plaisir esthétique doit être un plaisir désintéressé : la communication et la possibilité du jugement esthétique.     §  Il semble donc qu'il faille redéfinir le plaisir esthétique comme un plaisir désintéressé, afin qu'il soit la manifestation même de la liberté du sujet et afin également que plaisir et jugement esthétique puissent être liés. En effet, tout plaisir esthétique intéressé est partial est ne semble pas pouvoir donner lieu à un jugement juste sur l'oeuvre. Dans la Critique de la faculté de juger, § 5, Kant écrit que le beau est une expérience spécifiquement humaine, et ce notamment dans la mesure où le plaisir esthétique ne se confond pas et ne doit pas se confondre avec le plaisir sensible. En effet, le plaisir sensible est fini, c'est l'existence de l'objet qui plaît et est lié à l'exercice d'un organe en particulier. Le plaisir esthétique est quant à lui infini, c'est la représentation qui plaît, et il ne dépend pas d'une partie du corps. Kant donne alors deux définitions de la beauté : « la beauté est la forme de la finalité d'un objet perçu sans la représentation de la fin » : je ne me rapporte donc pas à l'oeuvre selon la recherche intéressée et intellectuelle de l'intention de l'artiste, mais selon le jeu de mes facultés ; « est beau l'objet d'un plaisir désintéressé » : la satisfaction esthétique est donc désintéressée, elle naît de l'harmonie entre le sujet et l'oeuvre.

§  Parler de plaisir désintéressé semble de prime abord contradictoire, dans la mesure où le terme plaisir vient du terme latin placere : plaire, être agréable. Le plaisir est alors un sentiment agréable que procure une sensation ou une action, et ce, dans la satisfaction d’un besoin ou la représentation d’un désir. Le plaisir est donc intrinsèquement lié au désir, il est donc recherché et apparaît comme tel toujours objet d’un intérêt, à savoir, largement, la satisfaction de ce désir.

§  Le plaisir esthétique, en tant que plaisir, semble donc ne pas pouvoir échapper à cette définition. En effet, le plaisir que l’on prend à contempler une œuvre d’art semble marqué par un intérêt, dans la mesure où c’est bien pour satisfaire un certain désir que nous décidons de contempler telle œuvre.

§  Un plaisir esthétique désintéressé semble alors être une contradiction dans les termes puisque nous recherchons dans l’art un certain sentiment d’agréable, une certaine satisfaction des sens. Le plaisir esthétique, lié au besoin ou au désir semble même être la projection de ce besoin sur l’œuvre et dès lors, c’est bien l’intérêt qui est primordial dans le plaisir esthétique.

§  Cependant, cette projection d’un besoin duquel nous recherchons à tirer du plaisir n’est-il pas tributaire d’un certain conditionnement de l’homme ? Est-ce son propre besoin que l’homme projette sur l’œuvre ou est-ce un besoin créé par son environnement ? Le plaisir esthétique, lié à l’utile ou l’agréable, n’est-il pas le signe même d’un asservissement de l’homme à une certaine condition ? L’intérêt dans le plaisir esthétique serait alors un intérêt conditionné.

§  Mais peut-on alors encore parler de plaisir ? Le plaisir ne doit-il pas être lié à la liberté de l’homme ? Dès lors, ne faut-il pas redéfinir le plaisir esthétique comme plaisir désintéressé afin de conserver la liberté dans la plaisir. Dès lors, le plaisir désintéressé ne serait pas inhérent au sujet face à l’œuvre d’art, mais se dirait sur le mode d’un devoir-être nécessaire au sujet et à l’appréciation de l’œuvre d’art.

§  Le plaisir esthétique est-il nécessairement lié à un intérêt projeté par le sujet sur l’œuvre, cet intérêt n’étant libre que de manière illusoire car en réalité toujours conditionné et l’œuvre n’étant alors pas nécessairement appréciée justement, ou faut-il redéfinir le plaisir esthétique comme plaisir désintéressé, alliant liberté du sujet et harmonie du sujet et de l’œuvre et permettant un jugement droit sur l’œuvre en question ?

 

« Cependant, ces désirs et besoins projetés sur l'œuvre d'art ne sont-ils pas la marque d'un asservissement du sujetvis-à-vis de ces besoins ? Ces désirs sont-ils projetés par le sujet lui-même ou est-il conditionné à projeter ce typede désirs ? II) Le plaisir esthétique comme marque des tendances sociales du sujet. § Le plaisir esthétique semble alors dicté par certains codes sociaux, de coutume… et se fait alors marquede l'asservissement du sujet face à ces mêmes normes sociales.

Il est lié à un intérêt social, mais qui, loinde manifester l'individualité, la personnalité libre et autonome du sujet, ne fait que manifester l'empreinteque font les normes sociales sur lui.

Ainsi, l'art grec par exemple apparaît source d'un plaisir, mais ceplaisir est lié à un intérêt social et cognitif primordial.

Dans ses différents dialogues, Platon présente l'artcomme source de plaisir dans la mesure où il se fait imitation du vrai, des Idées, et de la perfection ducosmos.

En effet, à cette époque, le cosmos apparaît comme perfection, c'est-à-dire comme quelquechose qui laisse voir la belle proportion, la mesure, l'équilibre, l'harmonie.

Aussi toute sculpture grecquepar exemple, manifestant une telle proportion est-elle alors source de plaisir pour les Grecs, dans lamesure où elle témoigne de ce besoin d'ordre et de perfection que les Grecs nourrissent.

Or, ce besoind'ordre, projeté sur les œuvres et source du plaisir esthétique, trouve sa source dans la croyance selonlaquelle le cosmos est le fruit de la volonté divine, parfaite, qui en tant qu'architecte du monde, aconstruit celui-ci à son image.

Le plaisir éprouvé face à une œuvre est donc tributaire de cettecroyance, de cette vision du monde particulière, et ne relève donc pas de l'individu dans son rapport àl'œuvre.

Le plaisir esthétique serait alors conditionné par les normes et croyances sociales, venantinconsciemment interférer dans notre rapport à l'œuvre.

Le plaisir esthétique intéressé serait donc enquelque sorte une aliénation. § Tout jugement de goût dépendrait alors des classes sociales, ce que prétend la thèse sociologique,comme celle de Bourdieu par exemple.

Dans son ouvrage La Distinction , Bourdieu écrit qu'il y aurait deux types de goûts, de la même manière qu'il y a deux classes sociales : a.

les goûts de nécessité quiseraient ceux de la classe de personnes dont le capital intellectuel, économique et culturel n'est passuffisant pour s'abstraire des nécessités ; b.

les goûts de luxe qui seraient les goûts de ceux dont le capitalles détache de toute préoccupation matérielle.Le plaisir esthétique, loin d'être le fruit d'une liberté naturelle du sujet serait alors acquis et leplaisir esthétique du sujet social serait classé en fonction des normes sociales.

L'intérêt à l'œuvre dans leplaisir esthétique semble alors bien être un intérêt social motivé par des caractères extérieurs au sujet ettémoignant plus de son appartenance à une classe sociale déterminée que du plaisir réel qu'il prend faceà l'œuvre d'art.

Mais alors, cet intérêt, en prenant le pas sur la notion même de plaisir, voire sur la notionmême d'œuvre d'art, semble abolir toute idée de plaisir esthétique, et toute idée de liberté face à l'œuvred'art.

Ne faut-il pas alors abolir toute idée d'intérêt pour définir le plaisir esthétique, seul un plaisir désintéressé pouvantmanifester un rapport libre du sujet face à l'œuvre ? III) Le plaisir esthétique doit être un plaisir désintéressé : la communication et la possibilité du jugement esthétique. § Il semble donc qu'il faille redéfinir le plaisir esthétique comme un plaisir désintéressé, afin qu'il soit lamanifestation même de la liberté du sujet et afin également que plaisir et jugement esthétique puissentêtre liés.

En effet, tout plaisir esthétique intéressé est partial est ne semble pas pouvoir donner lieu à unjugement juste sur l'œuvre.

Dans la Critique de la faculté de juger , § 5, Kant écrit que le beau est une expérience spécifiquement humaine, et ce notamment dans la mesure où le plaisir esthétique ne seconfond pas et ne doit pas se confondre avec le plaisir sensible.

En effet, le plaisir sensible est fini, c'estl'existence de l'objet qui plaît et est lié à l'exercice d'un organe en particulier.

Le plaisir esthétique estquant à lui infini, c'est la représentation qui plaît, et il ne dépend pas d'une partie du corps.

Kant donnealors deux définitions de la beauté : « la beauté est la forme de la finalité d'un objet perçu sans lareprésentation de la fin » : je ne me rapporte donc pas à l'œuvre selon la recherche intéressée etintellectuelle de l'intention de l'artiste, mais selon le jeu de mes facultés ; « est beau l'objet d'un plaisirdésintéressé » : la satisfaction esthétique est donc désintéressée, elle naît de l'harmonie entre le sujetet l'œuvre.. »

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