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Le progrès technique entraîne-t-il la dévalorisation du travail humain ?

Publié le 04/11/2005

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POUR DÉMARRERLe mouvement continu qui tend à remplacer progressivement l'activité productrice de l'homme par celle de machines ne conduit-il pas à enlever toute valeur à cette activité qui, à la limite, pourrait disparaître ? Ce sujet soulève le problème, important dans nos sociétés, de l'évolution de la nature du travail humain.La division du travail. Dans la « République », Platon affirme que c'est « l'impuissance ù se trouve chaque homme de se satisfaire à lui-même et le besoin qu'il éprouve d'une multitude de choses. » (Livre II) qui donne naissance à une cité. Il y a trois besoins fondamentaux : la nourriture, l'habitation, le vêtement. A ces trois besoins correspondent trois travailleurs, « le laboureur, le maçon et le tisserand », auxquels « nous pouvons ajouter le cordonnier » par souci de symétrie puisqu'il s'agit d'une reconstruction intellectuelle et non historique. A partir de là, Platon affirme que deux solutions sont possibles :* Soit ces quatre activités sont confiées à chaque travailleur qui partagera son temps de travail en quatre. C'est ce qui se passe dans les communautés agraires « primitives ».* Soit chaque travailleurs se spécialise dans une des quatre activités et y consacre la totalité de son temps de travail.

Le mouvement continu qui tend à remplacer progressivement l'activité productrice de l'homme par celle de machines ne conduit-il pas à enlever toute valeur à cette activité qui, à la limite, pourrait disparaître ? Ce sujet soulève le problème, important dans nos sociétés, de l'évolution de la nature du travail humain.

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« En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractériseencore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée.Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'àl'extrême parcellisation.

Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser unproduit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâchesnécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par laréalisation d'un chef-d'oeuvre).

Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dansla grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division dutravail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle.« Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est faitsouvent remarquer : une manufacture d'épingles.Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, niaccoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à ladivision du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sajournée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de la manière dont cette industrie et maintenantconduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grandnombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, unautre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le boutqui doit recevoir la tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est unebesogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquerles papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérationsdistinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dansd'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait quedix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique lafabrique fût fort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient àbout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ilsn'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles,peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être laquatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ».Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objetsde peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devient unmétier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part cemétier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise par la répétitiond'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera lanocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples[...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient en général aussiignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivitéen rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'une parcelle de l'objet.

Letravailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plus nécessaire, les tâches simplifiéespeuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier une activité dénuée de sens et ennuyeuse,simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation semble particulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain.D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le fait deceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, les rythmesde production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. La dévalorisation du travail Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation » désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique.

La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter letravail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même.

La. »

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