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Le savoir exclut-il toute forme de croyance ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Le savoir et la croyance, en leur sens le plus large, ont un point commun : chacun prétend délivrer une vérité.

Les théories scientifiques prétendent dégager certaines lois régulières expliquant les phénomènes physiques, ou bien établir indubitablement des démonstrations mathématiques.

C'est pourquoi le savoir semble destiné à faire disparaître la croyance, partout où elle règne encore.

Pourtant, le progrès considérable du savoir scientifique accompli depuis plusieurs siècles n'a pas fait disparaître la croyance, bien au contraire : superstitions et religions conservent toute leur audience.

À ceci s'ajoute que le domaine de la croyance (l'existence de Dieu, la vie après la mort) semble parfois exclure toute connaissance scientifique.

En particulier, les sciences de la nature (physique et biologie) sont fondées sur l'observation de faits et permettent d'établir des lois.

La science a donc pour elle la certitude des faits observés.

Lorsqu'une croyance religieuse entre en contradiction avec une théorie scientifique, elle ne peut établir sa propre vérité sur aucune observation réelle.

À ceci s'ajoute que les croyances se contredisent, sans qu'aucune ne puisse affirmer sa supériorité par des raisons claires : la religion chrétienne décrète que les âmes seront damnées ou sauvées ; la religion hindouiste affirme la réincarnation des âmes, etc.

Introduction

  • 1. Le savoir abolit la croyance


A. Contradiction entre savoir et croyance

B. Incertitude de la croyance

C. Le progrès de l'esprit humain

  • 2. La croyance coexiste avec le savoir


A. Le besoin de croyance

B. La croyance est une dimension du savoir

  • 3. Savoir et croyance obéissent à des exigences contradictoires


A. Le savoir comme libération

B. L'exigence de raison


Conclusion

 

« A.

Le besoin de croyance Pourtant, la croyance persiste sous diverses formes : superstitions, religions.Comment expliquer ce fait ? Peut-être la religion obéit-elle à d'autres motifsque le savoir, motifs que le savoir seul ne satisfait pas.

Pascal, dans sesPensées, souligne ainsi un besoin de croire qui ne trouve pas satisfaction dansle savoir seul.

Ce besoin est un besoin sensible, un besoin du " coeur ” : " Lecoeur a ses raisons que la raison ne connaît point ” déclare-t-il ainsi. «Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'est le coeur quisent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal, Pensées(1670). • Pascal distingue deux modes de connaissance.

La raison «connaît» sur lemode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.

Mais Dieuéchappe à ce mode de connaissance.

Il serait vain, pour Pascal, de prétendreen démontrer l'existence.

C'est le coeur qui «sent» Dieu.

La foi est donc uneconnaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée.• La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte:c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquementqu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.

Il est donc, en pratique, raisonnablede croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être. Quelle est la nature de ce besoin ?Les connaissances scientifiques nous présentent un monde soumis à des lois régulières mais dépourvu de sens,désenchanté.

Leur portée est nécessairement limitée par les données de l'expérience.

Elles ne permettent pas derépondre à des questions qui dépassent les limites du savoir scientifique : quelle est la destinée de l'homme ? quelest le sens de sa présence dans le monde ?Face à ces questions, la connaissance scientifique reste muette : elle ne peut ni y répondre ni les exclure.

Cesquestions demeurent hors de son champ.

" Vanité des sciences ” écrit encore Pascal, car seule la religion apportealors une réponse possible.

Il faut donc réserver un domaine particulier à la croyance religieuse, domaine autonomeet qui ne concerne pas le savoir scientifique.

Dans cette perspective, le savoir n'abolirait pas la croyance mais lalaisserait subsister à ses côtés sans la contredire.

La religion répondrait ainsi à une insuffisance du savoir. B.

La croyance est une dimension du savoir Mais plus profondément, comme l'a montré Hume dans Enquête surl'entendement humain4, la croyance joue un rôle essentiel dans le savoir lui-même.

En effet, toute loi scientifique est fondée sur l'observation dephénomènes naturels se répétant de façon régulière.

Les lois physiquesprésupposent la constance des phénomènes dont elles rendent compte.Or Hume pose la question : d'où vient la conviction que les phénomènesnaturels sont réellement soumis à des lois régulières ? D'où vient la certitudeque le Soleil se lèvera demain ? Et il répond : précisément, il ne s'agit pasd'une certitude mais d'une croyance.

Rien dans les phénomènes observés nenous garantit qu'ils se répéteront indéfiniment.

Les lois scientifiques sontdonc, en dernière instance, validées par une croyance.

Cette catégorie nousincline à penser que les régularités naturelles observées dans le passé serépéteront dans l'avenir.Quelle est l'origine de cette croyance selon Hume ? L'habitude, qui nouspousse à envisager l'avenir sur le modèle du passé : ainsi supposons-nousnaturellement, mais sans en avoir la certitude, que le Soleil se lèvera demain,que l'eau va bouillir à 100 °C, etc.

Le savoir, loin d'évacuer la croyance, laretrouve ainsi en son propre sein.

Mais elle est alors provoquée par l'habitude.La croyance semblait destinée à disparaître, à laisser place aux progrès dusavoir.

Mais deux éléments contrecarrent cette tendance : tout d'abord, lacroyance religieuse obéit à des motifs que ne peut satisfaire la science.Ensuite, Hume fait apparaître que le savoir scientifique lui-même est habité par une forme de croyance, provoquéepar l'habitude.

Faut-il pour autant renoncer à affirmer la force du savoir ? Le savoir reste-t-il totalement impuissantface à des croyances irrationnelles ? Le soleil se lèvera-t-il demain ? Bien sûr que oui serions-nous tentés de répondre, sauf extravagance.

Pourtant,qu'est-ce qui nous permet de fonder cette affirmation ? Pas autre chose que l'habitude : nous avons toujours vu lesoleil se lever et après notre mort, nous supposons qu'il continuera à poindre à l'horizon.

Or, d'une habitude (nousavons toujours vu…), pouvons-nous à bon droit tirer une loi et une certitude ? Hume n'est pas fou, il se doute bienque le soleil va continuer à se lever mais son raisonnement marque les limites de ce que nous pouvons apprendre parl'expérience et par l'induction (aller du singulier au général).

Quand nous voulons comprendre un phénomène, nous. »

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