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Le savoir exclut-il nécessairement la croyance ?

Publié le 27/02/2008

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Le savoir s'entend de plusieurs manières : il peut être un savoir-faire, c'est-à-dire un savoir pratique, comme le savoir que l'artisan met en oeuvre dans son travail. Au sens fort, le savoir se définit par l'objectivité de se qu'il affirme : il prétend dire la vérité. La garantie d'une objectivité semble interdire la croyance. La croyance, à l'inverse ne requiert pas de garantie objective pour les vérités qu'elle prétend affirmer. Personne, par exemple, n'a jamais prouvé l'existence de Dieu. Pourtant, le croyant peut l'affirmer comme une vérité sans pouvoir avancer de garanties absolues. Problématisation : Malgré l'avancé permanente des sciences, certaines questions, comme l'origine du monde, l'existence du vivant, etc., ne trouvent pas de réponses totalement convaincantes. C'est à propos de ces questions que la croyance, malgré l'effondrement des religions dans les sociétés occidentales au 20ème siècle, semble encore avoir légitimité à intervenir. D'où notre première question : I - Savoir et croyance ne s'excluent-ils pas en se complétant ?

« Dans le cadre du débat opposant l'explication par la cause finale (les choses sont faites pour telle ou telle fin, dansune perspective téléologique) et l'explication par la cause efficiente (perspective mécaniste), Kant, dans la Critique de la faculté de juger montre que, pour apporter une explication mécaniste, par exemple pour expliquer scientifiquement le fonctionnement de l'œil ou d'une aile d'oiseau, nous sommes d'abord obligés de « faire commesi » (selon les termes de Kant) l'explication était téléologique, c'est-à-dire, de faire comme si l'œil était fait pourvoir, et l'aile pour voler.Plus généralement, toute explication scientifique par la cause efficiente (à telle cause, il succédera tel effet) abesoin, pour ne pas avancer en aveugle, d'une explication par les causes finales (ceci est tel qu'il est, en vue defaire cela).

Nous sommes donc obligés de faire comme si la nature était finalisée (c'est-à-dire, fonctionnait en vertud'un but, d'une fin).

Or être finalisé, c'est s'être vu assigné un but par quelqu'un, c'est donc être le produit d'uneintention .

Autrement dit, toute explication scientifique, rigoureuse, suppose pour pouvoir être élaboré que nous fassions comme si il existait un Dieu, un ordre du monde, des âmes.Ce geste du « faire comme si » décrit par Kant est une forme de croyance : pour pratiquer les sciences et élaborerdes savoirs, nous sommes obligés de croire en un ordre du monde.

Par conséquent, le savoir n'exclut pas lacroyance.

Au contraire, il fonde la possibilité de son élaboration sur une croyance sans que sa propre objectivitésoit mise en cause.

En effet faire « comme si », c'est justement ne pas se prononcer sur la vérité ou fausseté de cequ'on affirme.

Le savoir n'exclut dans cette perspective la croyance que quant à l'objectivité qu'elle pourraitprétendre avoir.

(Kant en effet, a bien montré dans la Critique de la raison pure , qu'il était impossible d'élaborer des savoirs au-delà de l'expérience.

En particulier, ce qui relève de la croyance, par exemple en l'existence de Dieu, depeut jamais être objectif) III – Peut-on opposer le savoir à la croyance ? Référence : Nietzsche « Comment une chose pourrait-elle procéder de son contraire, par exemple la vérité de l'erreur ? Ou la volonté duvrai de la volonté de tromper ? Ou le désintéressement de l'égoïsme ? Ou la pure et radieuse contemplation du sagede la convoitise ? Une telle genèse est impossible; qui fait ce rêve est un insensé, ou pis encore; les choses de plushaute valeur ne peuvent qu'avoir une autre origine, un fondement propre.

Elles ne sauraient dériver de ce mondeéphémère, trompeur, illusoire et vil, de ce tourbillon de vanités et d'appétits.

C'est bien plutôt au sein de l'être, dansl'impérissable, dans le secret de Dieu, dans "la chose en soi" que doit résider leur fondement, et nulle part ailleurs".Ce genre de jugement constitue le préjugé typique auquel on reconnaît les métaphysiciens de tous les temps.

Cettemanière de poser les valeurs se dessine à l'arrière-plan de toutes les déductions de leur logique.

Forts de cette"croyance", ils partent en quête de leur "savoir", de ce qu'ils baptiseront solennellement, en fin de compte, la"vérité".

La croyance fondamentale des métaphysiciens, c'est la croyance en l'antinomie des valeurs.

Même les plusprudents, ceux qui s'étaient jurés "de omnibus dubitandum", ne se sont pas avisés d'émettre un doute sur ce point,au seuil même de leur entreprise, alors que le doute était le plus nécessaire.

Car on peut se demander,premièrement, s'il existe des antinomies, et deuxièmement, si ces appréciations populaires, ces antinomies devaleurs sur lesquelles les métaphysiciens ont imprimé leur sceau, ne sont peut-être pas de simples jugementssuperficiels, des perspectives provisoires, peut-être par surcroît prises sous un certain angle, de bas en haut, des"perspectives de grenouille" en quelque sorte, pour employer une expression familière aux peintres.

Quelque valeurqu'il convienne d'attribuer à la vérité, à la véracité et au désintéressement, il se pourrait qu'on dût attacher àl'apparence, à la volonté de tromper, à l'égoïsme et aux appétits une valeur plus haute et plus fondamentale pourtoute vie.

Il se pourrait que ce qui constitue la valeur de ces choses bonnes et vénérées tînt précisément au faitqu'elles s'apparentent, se mêlent et se confondent insidieusement avec des choses mauvaises et en apparenceopposées, au fait que les unes et les autres sont peut-être de même nature.

» L'objectivité que l'histoire de la philosophie, et en particulier la métaphysique, attribue au savoir, c'est-à-dire saprétention à la vérité, est fondée sur la croyance en l'antinomie des valeurs : le faux et le vrai ne peuvent pascoexister pour le métaphysicien.

Au contraire, vérité et fausseté sont chez Nietzsche des valeurs, le produit d'uneinterprétation.

Elles ne s'opposent donc pas mais sont deux perspectives sur une même réalité.Il devient impossible de distinguer savoir et croyance par leur degré d'objectivité comme la perspective kantiennenous avait invité à le faire, puisque le savoir tire son objectivité d'une croyance (celle en l'opposition du vrai et dufaux).

C'est la notion même d'objectivité qui se trouve ici disqualifiée.

Le savoir est donc reconduit à une forme decroyance : on ne peut plus les opposer.

Conclusion : Croyance et savoir ne se distinguent plus, puisqu'à l'origine de tout savoir se trouve la croyance en l'opposition desvaleurs de la vérité et de la fausseté.

Le savoir ne peut dès lors plus exclure la croyance.

Il ne faut pas voir danscette tentative nietzschéenne de se placer par delà les oppositions traditionnelles de valeurs la volonté de redonnerun droit à la croyance sur le savoir, mais seulement celle de montrer que l'objectivité prétendue des sciences reposesur les même erreurs que celle des croyances, en particulier celle des religions.

Les croyances ou le savoir nedoivent pas être abandonnées parce qu'ils relèvent tout deux de la croyance : ce qui doit être abandonné, c'est lasurvalorisation de la vérité, la prétention à l'objectivité.

Contre l'objectivité, Nietzsche proposera des critèrespragmatiques.

On évaluera donc les savoirs et les croyances par certaines formes de leur utilité.. »

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