Devoir de Philosophie

Le savoir peut-il se passer du recours à l'expérience ?

Publié le 21/09/2011

Extrait du document

Le savoir humain regroupe différentes connaissances sur divers domaines et objets du monde. Toute connaissance par définition désigne l'acte par lequel le sujet atteint ou saisit son objet, l'inconnu désignant inversement ce qui est inaccessible au sujet connaissant. Il faut donc que le sujet soit en présence de la chose pour entrer dans une démarche de connaissance. Or cette présence de la chose passe par le contact sensible entre elle et le sujet: elle se donne, par exemple, à voir, à entendre ...Si par expérience nous entendons alors la connaissance sensible des objets, et que rien ne peut être dit du monde sans cette approche première du monde, alors le savoir peut-il se passer du recours à l'expérience ? Cependant notre expérience sensible première du monde constitue-t-elle à proprement parler un « savoir «?Observer, par exemple, que le bâton flotte à la surface de l'eau permet-il de comprendre que c'est non pas le bâton mais l'eau qui exerce une force (ce qu'on appelle la «poussée d'Archimède«) ?

« première partie que l'expérience sensible est une condition nécessaire: sans expérience nous ne pourrions rien diredu monde.

Toutefois, au regard de nos objections, serait-il encore fondé de dire que l'expérience nous livre laconnaissance de ce qui est objectivement? Peut-elle constituer à elle seule un savoir universel? Toutefois, l'expérience n'est pas une condition suffisante du savoir.Pour le sens commun, ce que nous connaissons le plus distinctement, est ce que nous livrent nos sens, puisqu'ilsnous renvoient à ce qui est, et nous livrent les qualités sensibles des objets.

Or que me livrent effectivement messens de l'objet'! N'est-ce pas toujours des qualités diverses, plurielles et changeantes, autrement dit, rien de stable,de fixe et de permanent pour pouvoir prétendre connaître l'essence même de l'objet en question? Pour la positionintellectualiste, ce ne sont pas nos sens qui nous font connaître les choses, mais l'entendement (reprenons icil'analyse de l'expérience du« morceau de cire» par Descartes dans la seconde des Méditations métaphysiques).

Laconnaissance sensible ne me livrent que des apparences singulières et elle nous maintient dans un chaos desensations instables.

Les sensations nous donnent accès à la variation; or nous cherchons à concevoir un mondeordonné, stable malgré la diversité et les changements.

C'est pourquoi il ne peut y avoir de savoir vrai sans uneintellection sans une « vue de l'esprit »,sans théorie, (Platon, la République: « allégorie de la caverne »).

C'estl'esprit rationnel qui commande, qui saisit le permanent dans le morceau de cire: à strictement parler nous ne «voyons» pas qu'il s'agit du même morceau de cire, mais nous « jugeons » qu'il est le même.

De même que Platontient pour condition du savoir l'exercice de l'esprit rationnel, détaché de toute référence au sensible qui pourraitabuser l'esprit, de même Descartes ira jusqu'à montrer dans le discours de la méthode que les mathématiques sontun modèle de rigueur et de certitude pour toutes les autres sciences, et qu'elles sont la preuve que le savoir peutse passer du recours à l'expérience.

Les mathématiques montrent que toutes les idées de l'esprit ne sont pas tiréesde l'expérience mais innées; en outre, c'est à partir de ces idées mathématiques ne devant rien à l'expérience quenous pouvons paradoxalement concevoir la structure physique du monde.

Elles reposent sur la nécessité rationnellepure et permettent de connaître le monde sensible.

Le savoir mathématique permet donc de rechercherméthodiquement la vérité, et de répondre à l'exigence d'universalité et de nécessité de l'esprit humain.

Cependantpeut-on vouloir comme Descartes établir une « mathesis universalis »? La raison par son seul travail peut-elle toutfaire connaître? Peut-on se fier aveuglément dans le travail rationnel de l'esprit humain? Kant montrera dans laseconde préface de La critique de la raison pure, que la raison peut s'enfermer dans des spéculations séduisantes,qui sortent du champ strict de la connaissance.

C'est en ce sens qu'il adresse une critique à la métaphysique, endisant qu'elle est « ce champ de bataille où se livrent des combats sans [ml).

Qu'en est-il de la nature de l'âme, del'existence de Dieu? Toutes nos représentations intellectuelles et nos raisonnements, quand bien même cohérents,ne sont pas nécessairement vrais.

Il nous faut ici rappeler la distinction entre ce qui est pensable et ce qui estpossible.

En outre, la raison ne connaît pas tout ce qu'elle pense, comme ridée de Dieu par exemple.

Ce qui estconnaissable, rappelle Kant, c'est ce qui peut faire l'objet d'une expérience, c'est le champ du phénoménal.

Lephysicien ne peut s'assurer de la valeur de sa théorie sans chercher à établir un rapport avec ce qui est, parl'observation des phénomènes.

C'est ainsi qu'une partie de la physique de Descartes n'a pu se vérifier commeadéquate, parce que le recours à l'expérience manquait (expérience ici au sens non pas de la simple perception,amis au sens de la mise en ouvre d'observations guidées par le raisonnement).

Par conséquent, il semblerait toutaussi illégitime de soutenir que le savoir peut se passer totalement de l'expérience, de réserver au seul travail del'esprit rationnel le droit de constituer un savoir objectif du monde, que de dire que toutes nos connaissancesviennent de l'expérience sensible.

Pascal, dans un fragment des Pensées, tentera de rappeler à l'ordre la raisonhumaine, qui voudrait juger de tout.

C'est par la raison mais aussi par le coeur que nous accédons à la vérité: laraison démontre ce que le coeur établit.

Il s'agit donc de se méfier de toute tentation dogmatique qui ferait de laraison la seule source et condition valable du savoir; mais il ne s'agit pas pour autant, comme le dit Pascal lui-même,de devenir sceptique sous prétexte que nous remettons en question les prétentions de la raison humaine à tout faireconnaître.

Transition: La position empiriste ne semble donc pas rendre compte suffisamment de l'activité rationnellede l'esprit; l'esprit est loin d'être une réalité seulement réceptive, une réalité indéterminée, une « table rase »; il estpartie prenant de la constitution du savoir, et son fonctionnement correspond à une activité complexe, à unestructure qui lui est propre.

Par conséquent, le savoir humain n'est-il pas le résultat du travail de l'expérience et dela raison? De la nature de l'expérience qui instruit l'homme.

Dans la Critique de la raison pure, Kant remercie entre autre Humede l'avoir sorti de son « sommeil dogmatique»: il s'agit de savoir ce que nous pouvons effectivement connaître, etde prendre conscience de la puissance mais aussi des limites de la raison humaine sur le plan théorique.

A ce proposil soutient que si « toute notre connaissance commence avec l'expérience », «elle ne dérive pas route del'expérience ».

Notre propre pouvoir de connaître (l'entendement) est capable de produire de lui-même desconnaissances.

Les catégories de l'entendement sont des formes a priori qui structurent la matière empiriqueapportée par l'expérience.

Notre esprit a déjà en lui une capacité organisatrice à l'aide d'idées ou concepts a priori(les formes a priori de la sensibilité que sont l'espace et le temps; les catégories a priori de l'entendement, comme lacausalité, l'unité), avec l'aide également de principes rationnels (tel que le principe de raison suffisante) quipermettent justement de penser l'expérience, de concevoir rationnellement la réalité des phénomènes.

La source denotre faculté de connaître est donc transcendantale, non tirée de l'expérience, mais son champ d'application estl'expérience.

Mais il faut alors comprendre par là même que notre connaissance tient à la nature et à la forme denotre esprit lui-même.

Or comment être assuré de la vérité de ce que conçoit l'esprit? Si le savoir est subjectif,comment peut-il prétendre à l'objectivité? C'est ici que nous retrouvons tout l'importance de l'expérience dans laconstitution du savoir, mais au sens de l'expérimentation.

Claude Bernard, dans son Introduction à la méthodeexpérimentale nous rappelle que l'on peut s'instruire de deux manières: « empiriquement et expérimentalement ».

On. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles