Le sujet peut-il être un objet de pensée ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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porter sur lui.
La condition initiale : une pensée capable de faire retour sur elle-même II.
En posant le sujet comme objet de la connaissance on vise à déterminer les conditions subjectives de laconnaissance.
C'est pour cela que la réflexion en quoi consiste le retour du sujet sur lui-même est nécessaireavant d'être problématique : « La réflexion n'a pas affaire aux objets eux-mêmes, pour en obtenir directementdes concepts, mais elle constitue l'état de l'esprit où nous nous disposons en premier lieu à découvrir lesconditions subjectives sous lesquelles nous pouvons parvenir à des concepts » (Kant, Critique de la raison pure , Appendice à l'Analytique transcendantale).
Le propre à toute entreprise qui vise à faire du sujet un objet pour la pensée est bien de rechercher une connaissance préalable, la connaissance de soi en tant que sujet dela connaissance, préalable à toute connaissance a posteriori .
1.
La connaissance de soi est pourtant tout à fait problématique.
Ce qui est en cause c'est que la position d'unsujet comme objet de pensée est irréalisable parce que cela répond à un objectif lui-même hors d'atteinte.Ainsi, on peut considérer avec Platon, dans le Charmide , qu'une telle connaissance devrait porter sur un objet non distinct d'elle-même, alors que toute faculté se définit précisément par le rapport à quelque chose d'autre.Ainsi, la vue est la vue de la couleur, et elle ne saurait se voir elle-même.
2.
Ce qui pose problème dans l'idée d'une connaissance de soi, c'est bien que si la vue se voyait elle-même, elleserait elle-même visible, donc par exemple, colorée : « Ce qui exerce sa propre puissance envers soi-mêmen'aura-t-il pas l'essence à l'égard de laquelle sa propre puissance s'exerce ? » ( Charmide , 168d).
On peut alors considérer que c'est ce paradoxe qui rend compte du reproche de Husserl envers Descartes.
Penser le sujetc'est inévitablement penser quelque chose sur le modèle de l'objet en général, qui présente les caractèresd'identité, de simplicité et de substantialité.
Or, une telle essence au lieu de correspondre à la puissance dusujet, nous la masque plutôt.
3.
Transition : on peut alors penser que la difficulté tient à ce que l'on est resté implicitement dans la perspective aporétique d'une connaissance de soi.
On peut donc substituer à cette condition initiale une condition ultime : cellede penser le sujet en dehors du problème de la connaissance.
La condition ultime : sortir du problème de la connaissance III.
Cela implique avant tout de changer radicalement le sens de la subjectivité.
Le sujet n'est plus celui quiconnait, mais celui qui existe, la subjectivité prend le sens d'existence.
Mais à changer le sens de laproblématique il se pourrait que nous n'ayons fait que changer un problème par un autre, en aboutissant à ladifficulté de prendre pour objet l'existence elle-même, et non une essence rapportée à un sujet.
Ainsi, il sembleque la difficulté demeure, si l'existence est précisément ce qui échappe à la pensée : « Il en est de l'existencecomme du mouvement : il est très difficile d'avoir affaire à elle.
Si je les pense, je les abolis, et je ne les pensedonc pas » (Kierkegaard, Post-Scriptum aux miettes philosophiques ).
La difficulté est que l'objet de pensée n'existe que comme essence à déterminer par des propriétés objectives, alors que la subjectivité commeexistence n'est pas déterminable, car on ne peut pas en poser une essence.
1.
Mais si l'existence est avant tout rapport, alors le sujet peut être objet de pensée en ce sens qu'il seraitseulement pensé et non connu.
Car la conscience altère son son objet : « Ainsi, du seul fait que ma croyanceest saisie comme croyance, elle n'est plus que croyance, c'est-à-dire qu'elle n'est déjà plus croyance, elle estcroyance troublée » (Sartre, L'Etre et le Néant , II, I, 1).
2.
Pour penser le sujet il faut donc ne pas le poser comme un objetmonolithique dont on chercherait à faire le tour.
Il faut au contrairecommencer par faire de la non-coïncidence du sujet avec lui-même sacaractéristique essentielle, c'est-à-dire chaque fois penser le sujetcomme irréductible à ce qu'on pense de lui.
3.
Conclusion Le changement de perspective correspond donc à unchangement dans la manière de concevoir la pensée et la subjectivité,l'existence se substituant au sujet de la connaissance.
Cette évolutionest motivée par la nécessité de poser un objet de manière spécifiquepour penser la subjectivité, et donc de faire du sujet non un simple objetde connaissance, mais avant tout un objet pour la conscience..
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