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Le temps est-il notre ennemi ou notre allié ?

Publié le 17/01/2022

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temps
La question invite à examiner successivement les deux hypothèses suggérées: le temps est notre ennemi, le temps est notre allié. On étudiera, par conséquent, d'abord la temporalité concrète, notre ennemie en tant que source de dégradation et de mort, mais aussi notre alliée en tant que projet et durée concrète, servant à construire la personne. On pourra ainsi construire une synthèse en constatant que le temps, sous sa forme abstraite, est simultanément notre allié (comme forme abstraite permettant le savoir) et notre ennemi (car le temps objectif est aussi une forme pénétrée d'irréversibilité et de dégradation): c'est cette proposition qui constituera l'objet de la démonstration. On parcourra donc le schéma de A vers B: cette marche est la plus fréquente pour traiter les sujets se rapportant à ce thème. Elle conduit, tout naturellement, à des plans de type progressif, avec, quelquefois, comme dans ce cas précis, une apparence dialectique.
 
Le plan se présentera ainsi:

  • 1) Le temps est notre ennemi, car il nous apporte la mort et nous défait. On insistera sur le caractère irrationnel du temps.
  • 2) Le temps est notre allié: il s'agit, ici, du temps vécu de la conscience comme projet et durée concrète, créateurs de la personne humaine.
  • 3) Le temps est, dès lors, simultanément notre allié et notre ennemi: il permet de construire la science mais, pénétré d'irréversibilité, il présente une face d'ombre et de dégradation. La liaison de l'entropie et de la néguentropie exprime sur le plan scientifique la nature bipolaire du temps.
 

temps

« Introduction • La notion de temps est loin d'être univoque : il faut distinguer le temps vécu de notre conscience, commechangement perpétuel transformant le présent en passé, du temps objectif, conçu en tant que milieu indéfini où sedéroule la succession des événements.Quant au concept d'ennemi, il signifie ici « réalité tendant à détruire ou à nuire », mais aussi, en un sens plus faible,« toute chose qu'un homme juge contraire à son bien ».

La première signification semble plus dynamique que laseconde et s'accorde, sans doute, davantage avec les diverses images ou métaphores du temps.

Il en est de mêmeen ce qui concerne le terme d'allié : un allié désigne une personne ou une réalité apportant à une autre son appuiet, à la limite, désigne un ami.

Un allié m'est uni par un traité « d'alliance », de manière à me fournir son aide.L'intitulé du sujet signifie donc, stricto sensu : le changement perpétuel transformant le présent en passéreprésente-t-il une réalité tendant à me nuire ou bien un allié m'apportant son appui pour les tâches quim'incombent?• Cet intitulé pose, en filigrane, le problème de la condition humaine : suis-je voué, par la médiation temporelle, à ladégradation et au néant, ou bien le temps m'apporte-t-il l'accomplissement et la réalisation de la Personne ? Letemps me renvoie toujours à ma finitude, mais cette dernière représente-t-elle le malheur de la conscience ? Première partie: le temps est notre ennemi. Examinons d'abord le temps, sous son aspect qualitatif et vécu : il semble être pour l'homme ce qui le limite et voueà l'absurde son action dans le monde.

Il paraît, en effet, en première analyse, représenter une réalité introduisantdans notre vie le négatif, comme nous allons tenter de le montrer. a.

Le temps, changement perpétuel transformant notre présent en passé.

Irrationalité de ce changement. Comment le temps pourrait-il se présenter comme notre allié ? En transformant perpétuellement notre présent enpassé, il nous renvoie à une étrange privation d'être, constitutive de notre existence.

En effet, notre passé estformé de non-être.

Ce qui fut pour nous joie, bonheur, densité et plénitude de l'existence concrète, qualité etpureté de l'instant, n'est promis, à travers la malédiction du temps, qu'à la décevante corruption, à un étrange non-être où l'homme, étonné et angoissé, se retrouve dépossédé de son être même et de sa vie.Le temps est privation d'être, comme l'affirmait déjà Aristote dans la Physique.Ainsi y a-t-il, dans le temps, un mystère, lequel réside en ce manque d'être qui le caractérise.

Le temps est uneénigme où la pensée se perd et s'égare ! Le passé n'est plus, le présent fuit sans cesse, dans le passé.

L'avenirn'est pas encore : non, il n'y a rien de concret dans le temps ; tout, en lui, est fuite, évanescence, inexistence,étrange opacité ; le temps m'échappe dans sa substance même.

Qui nous dira le secret du Temps, ce secret où,parfois, nous croyons appréhender le Rien qui est notre substance même ? b.

Temps.

Irréversibilité.

Mort. Creusons davantage cette première idée : si le temps est mon ennemi, s'il me prive de ma substance, de mon êtreet de ma joie, c'est en raison de l'irréversibilité qui est sienne.

Alors que l'espace est réversible, puisque je vais deParis à Nice, et de Nice à Paris, le temps, au contraire, est irréversible.

Il se manifeste à moi dans l'irréversibilité deschangements.

Déjà Héraclite affirmait que ceux qui descendent dans le même fleuve se baignent en une eautoujours nouvelle.

Cette irréversibilité me signale que le temps est mon ennemi, qu'il travaille contre moi et défaitmes oeuvres.

Le temps est la marque de mon impuissance existentielle.

« Temps, marque de mon impuissance.Étendue, de ma puissance », écrivait justement Lagneau.Mais il tend aussi à me nuire parce qu'il m'apporte la mort, parce qu'il véhicule la corruption temporelle.

Il faitpénétrer en moi le négatif et la dissolution : cette division qu'il introduit, au coeur même de mon vécu, m'annonce etsymbolise ma mort à venir.

Oui, le temps est l'autre face de la mort.

En cet étrange mystère de la temporalité, jedécouvre ma finitude, mon existence-pour-la-mort, j'aperçois mes entreprises pénétrées tout entières parl'irrationnel, cette limite permanente à l'intelligibilité.Ici, néanmoins, il semble que nous puissions faire une pause, soulever une objection.

Le temps est-il toujours,comme temps vécu, une limite à l'intelligibilité et ne peut-on découvrir en lui des éléments plus intelligibles, demanière à y voir un outil, voire un allié ? Deuxième partie: le temps est notre allié. Il faut, en effet, revenir sur le temps vécu, sur la temporalité de la conscience : nous pouvons reconnaître en cettedurée l'allié de notre action, l'outil de nos projets dans le monde, voire même l'objet d'une intuition quasi esthétique. a.

Le temps vécu : le projet de la conscience vers l'avenir. Ne voir dans le temps qu'un ennemi, c'est, semble-t-il, ne pas tenir compte de la dimension de l'Avenir : or laconscience est projet, anticipation d'elle-même, fuite vers l'avenir.

Perpétuellement en avant d'elle-même, elle sedonne rendez-vous « dans le pas encore ».

Dire que la conscience représente ce mouvement de transcendance vers l'avenir, cette dimension insaisissable et généralement imprévisible, c'est dire que la conscience humaine estliée à l'action, au faire : l'homme se dépasse vers un futur qu'il veut construire, bien que ce futur ne dépende quepartiellement de lui.

Dans cette perspective, le temps peut donc être l'organe de ma liberté et de ma puissance, il. »

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