Devoir de Philosophie

Le temps est-il notre ennemi ou notre allié ?

Publié le 07/11/2005

Extrait du document

temps
Bergson, La Pensée et le Mouvant, 1934. « Les dimensions du temps sont 1° le passé, la présence comme supprimée, comme n'étant pas là; 2° l'avenir, la non-présence, mais déterminée à être là; 3° le présent, en tant qu'immédiat devenir et union des deux autres. » Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.) « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. » Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. « Nous rencontrons d'abord ce paradoxe : le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore, quant au présent instantané, chacun sait bien qu'il n'est pas du tout, il est la limite d'une division infinie, comme le point sans dimension. » Sartre, L'Etre et le Néant, 1943. « Ce qu'on nomme le présent, c'est-à-dire l'événement en simultanéité, n'a jamais de consistance, il est pour s'évanouir, son être coïncide avec son évanescence. » Sartre, Cahiers pour une morale, 1983 (posth.
  • La problématique.
La question pose le problème du sens de la condition humaine. La temporalité représente-t-elle nécessairement le malheur de la conscience ?
  • Le plan.
La question invite à examiner successivement les deux hypothèses suggérées: le temps est notre ennemi, le temps est notre allié. On étudiera, par conséquent, d'abord la temporalité concrète, notre ennemie en tant que source de dégradation et de mort, mais aussi notre alliée en tant que projet et durée concrète, servant à construire la personne. On pourra ainsi construire une synthèse en constatant que le temps, sous sa forme abstraite, est simultanément notre allié (comme forme abstraite permettant le savoir) et notre ennemi (car le temps objectif est aussi une forme pénétrée d'irréversibilité et de dégradation): c'est cette proposition qui constituera l'objet de la démonstration. On parcourra donc le schéma de A vers B: cette marche est la plus fréquente pour traiter les sujets se rapportant à ce thème. Elle conduit, tout naturellement, à des plans de type progressif, avec, quelquefois, comme dans ce cas précis, une apparence dialectique.
 

temps

« déroule la succession des événements.Quant au concept d'ennemi, il signifie ici « réalité tendant à détruire ou à nuire », mais aussi, en un sens plus faible,« toute chose qu'un homme juge contraire à son bien ».

La première signification semble plus dynamique que laseconde et s'accorde, sans doute, davantage avec les diverses images ou métaphores du temps.

Il en est de mêmeen ce qui concerne le terme d'allié : un allié désigne une personne ou une réalité apportant à une autre son appuiet, à la limite, désigne un ami.

Un allié m'est uni par un traité « d'alliance », de manière à me fournir son aide.L'intitulé du sujet signifie donc, stricto sensu : le changement perpétuel transformant le présent en passéreprésente-t-il une réalité tendant à me nuire ou bien un allié m'apportant son appui pour les tâches quim'incombent?• Cet intitulé pose, en filigrane, le problème de la condition humaine : suis-je voué, par la médiation temporelle, à ladégradation et au néant, ou bien le temps m'apporte-t-il l'accomplissement et la réalisation de la Personne ? Letemps me renvoie toujours à ma finitude, mais cette dernière représente-t-elle le malheur de la conscience ? Première partie: le temps est notre ennemi. Examinons d'abord le temps, sous son aspect qualitatif et vécu : il semble être pour l'homme ce qui le limite et voueà l'absurde son action dans le monde.

Il paraît, en effet, en première analyse, représenter une réalité introduisantdans notre vie le négatif, comme nous allons tenter de le montrer. a.

Le temps, changement perpétuel transformant notre présent en passé.

Irrationalité de ce changement. Comment le temps pourrait-il se présenter comme notre allié ? En transformant perpétuellement notre présent enpassé, il nous renvoie à une étrange privation d'être, constitutive de notre existence.

En effet, notre passé estformé de non-être.

Ce qui fut pour nous joie, bonheur, densité et plénitude de l'existence concrète, qualité etpureté de l'instant, n'est promis, à travers la malédiction du temps, qu'à la décevante corruption, à un étrange non-être où l'homme, étonné et angoissé, se retrouve dépossédé de son être même et de sa vie.Le temps est privation d'être, comme l'affirmait déjà Aristote dans la Physique. Ainsi y a-t-il, dans le temps, un mystère, lequel réside en ce manque d'êtrequi le caractérise.

Le temps est une énigme où la pensée se perd et s'égare !Le passé n'est plus, le présent fuit sans cesse, dans le passé.

L'avenir n'estpas encore : non, il n'y a rien de concret dans le temps ; tout, en lui, estfuite, évanescence, inexistence, étrange opacité ; le temps m'échappe danssa substance même.

Qui nous dira le secret du Temps, ce secret où, parfois,nous croyons appréhender le Rien qui est notre substance même ? b.

Temps.

Irréversibilité.

Mort. Creusons davantage cette première idée : si le temps est mon ennemi, s'il meprive de ma substance, de mon être et de ma joie, c'est en raison del'irréversibilité qui est sienne.

Alors que l'espace est réversible, puisque je vaisde Paris à Nice, et de Nice à Paris, le temps, au contraire, est irréversible.

Ilse manifeste à moi dans l'irréversibilité des changements.

Déjà Héracliteaffirmait que ceux qui descendent dans le même fleuve se baignent en uneeau toujours nouvelle.

Cette irréversibilité me signale que le temps est monennemi, qu'il travaille contre moi et défait mes oeuvres.

Le temps est lamarque de mon impuissance existentielle.

« Temps, marque de monimpuissance.

Étendue, de ma puissance », écrivait justement Lagneau.Mais il tend aussi à me nuire parce qu'il m'apporte la mort, parce qu'il véhiculela corruption temporelle.

Il fait pénétrer en moi le négatif et la dissolution : cette division qu'il introduit, au coeurmême de mon vécu, m'annonce et symbolise ma mort à venir.

Oui, le temps est l'autre face de la mort.

En cetétrange mystère de la temporalité, je découvre ma finitude, mon existence-pour-la-mort, j'aperçois mes entreprisespénétrées tout entières par l'irrationnel, cette limite permanente à l'intelligibilité.Ici, néanmoins, il semble que nous puissions faire une pause, soulever une objection.

Le temps est-il toujours,comme temps vécu, une limite à l'intelligibilité et ne peut-on découvrir en lui des éléments plus intelligibles, demanière à y voir un outil, voire un allié ? Deuxième partie: le temps est notre allié. Il faut, en effet, revenir sur le temps vécu, sur la temporalité de la conscience : nous pouvons reconnaître en cettedurée l'allié de notre action, l'outil de nos projets dans le monde, voire même l'objet d'une intuition quasi esthétique. a.

Le temps vécu : le projet de la conscience vers l'avenir. Ne voir dans le temps qu'un ennemi, c'est, semble-t-il, ne pas tenir compte de la dimension de l'Avenir : or laconscience est projet, anticipation d'elle-même, fuite vers l'avenir.

Perpétuellement en avant d'elle-même, elle sedonne rendez-vous « dans le pas encore ».

Dire que la conscience représente ce mouvement de transcendance vers l'avenir, cette dimension insaisissable et généralement imprévisible, c'est dire que la conscience humaine estliée à l'action, au faire : l'homme se dépasse vers un futur qu'il veut construire, bien que ce futur ne dépende quepartiellement de lui.

Dans cette perspective, le temps peut donc être l'organe de ma liberté et de ma puissance, il. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles