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Le vrai est-il ce qui réussit ?

Publié le 09/11/2005

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Si on admet que ma connaissance d'un objet doit s'accorder avec lui pour être vraie ; mais, pour que je puisse juger de cet accord il faudrait que j'en saisisse les deux termes. Dans ces conditions remarque Kant, « le seul moyen que j'ai de comparer l'objet avec ma connaissance, c'est que je le connaisse », ce qui constitue un cercle, « car, puisque l'objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier, c'est si ma connaissance de l'objet s'accorde avec ma on de l'objet ». Cette définition est incontestable mais imprécise. Car il reste à interpréter cette conformité, cette fidélité de la pensée vraie au réel. Le sens commun en donne une interprétation très simple : la vérité serait une simple copie de la réalité, la présence même de la réalité dans ma conscience qui la reconnaît. La connaissance vraie serait une simple réception de la réalité. Or nous nous proposons de montrer que cette notion de vérité-copie n'a aucun sens, que tout jugement vrai est une reconstruction intelligible du réel, suppose un travail de l'esprit et n'est pas un simple reflet passif. Et ceci s'applique à la vérité au sens artistique, comme à la vérité au sens scientifique et philosophique. Pour le sens commun, la vérité artistique n'est qu'un fidèle reflet. Entre deux portraits, un tableau, une photographie le sens commun n'hésite pas : malgré la ressemblance « intérieure » du portrait peint, seule la photographie est vraie.
Une idée, pour être vraie, doit pouvoir être vérifiée. Cette vérification est d'ordre concret. Si elle est efficace, si elle me permet d'agir, c'est que les événements lui ont donné raison. Mais, l'animal est capable de modifier ses comportements en vue d'une plus grande efficacité. Ce n'est pas pour cela qu'il la connaissance de ce qui est vrai. Le vrai est au-delà de l'action qui réussit.

« à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la faussetéde nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de la vérité s'opposeabsolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manièregénérale à ce que James appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :la vérité ne satisfait pas une exigencespéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle répond à « d'excellentes raisons pratiques ». Cela signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives,comme le croyait Protagoras .

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas en le copiant : en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoirprise sur lui. Les utilitaristes (Bentham, Stuart Mill) considèrent aussi que l'utilité est le principal critère de valeur.Toutefois, contrairement aux pragmatistes, ils n'identifient pas l'utile au vrai mais au bien.

Est utile toutce qui produit un bien ou un plaisir, tout ce qui contribue à notre bonheur.

En souscrivant à cettedéfinition large de l'utilité, on peut dire que l'art, le jeu, la paresse sont utiles puisqu'ils intensifient notreexistence. Le pragmatisme est une ouverture d'espritLe pragmatisme n'est pas confiné aux questions telles que celle de l'existence de Dieu.

Il s'applique avant toutà la science Peu importe donc qu'une théorie paraisse absurde ou invraisemblable.

Si ses effets sont positifs,elle est vraie.

Il n'est pas nécessaire non plus que l'ensemble de l'appareil scientifique soit cohérent.

Deuxidées contradictoires peuvent coexister si elles sont utiles. La vente est relativeL'approche pragmatique est résolument opposée au dogmatisme.

Le pragmatisme ouvre la voie auxexpérimentations les plus extraordinaires - William James était passionné de parapsychologie - et contrairesaux certitudes les plus absolues.

Pour les partisans du pragmatisme, aucune idée n'est définitive.

La vérité estrelative et peut évoluer.

[] Peut-on encore parler de vérité et d'erreur ? Dans cette perspective, il peut y avoir plusieurs véritéscontradictoires car différents hommes peuvent trouver leur utilité dans des systèmes opposés, être épanouispar des affirmations contradictoires.

L'erreur même devient à l'occasion une pseudo-vérité pragmatique.

Peuimporte, pensaient certains au temps de l'affaire Dreyfus , que Dreyfus ait été condamné sur des témoignages erronés : il faut considérer la condamnation comme juste car une reprise du procès nuirait auparti nationaliste.

Un polémiste écrivait : « Une erreur, lorsqu'elle est française, n'est plus une erreur. » Le pragmatisme enlève toute signification au mot vérité.

Bien souvent, la découverte de la vérité est péniblepour nos passions, nos tendances, nos habitudes.

Quelquefois, disait Renan , la vérité est « triste ». Qu'une affirmation soit consolante, réconfortante, rassurante, cela n'en fait pas une vérité.

Tout au contrairel'esprit critique doit être ici mis en garde : « Les vérités consolantes doivent être démontrées deux fois. » (Rostand ).

Contre le pragmatisme il faut restaurer les droits de l'objectivité, contre la préoccupation subjective et large de l' « intérêt », de l' « utilité », il faut revaloriser les exigences des « vérifications » objectives. Juger le vrai par l'efficacité est absurdeBertrand Russell a critiqué le pragmatisme de William Jamesdans ses Essais philosophiques.

Russell se demande, par exemple, si Le Contrat social de Rousseau a bienexisté.

Du point de vue pragmatique, la question revient à se demander si les conséquences de ce texte,c'est-à-dire la Révolution, sont bonnes ou mauvaises.

Pour Russell, le pragmatisme conduit ici à une absurdité.Russell oppose au pragmatisme cette définition de la vérité: lorsque nous disons «Paul aime Virginie», l'espritétablit une relation entre deux objets, Paul et Virginie.

Si une telle relation existe dans la réalité, alors lejugement est vrai.

On a ainsi une définition non relativiste de la vérité.. »

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