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PEUT-ON DIRE QUE LE VRAI EST CE QUI RÉUSSIT ?

Publié le 10/03/2004

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Uniquement à faire des mathématiques.Quant aux vérités matérielles que cherchent à élaborer les sciences de la nature, leur «réussite» ne peut se mesurer qu'à leur capacité d'expliquer des phénomènes et non à l'ensemble de leurs applications efficaces : ces dernières peuvent se faire attendre longtemps (en astrophysique par exemple) et il convient de bien distinguer, dans ce domaine, la réussite d'une expérience qui vient en effet confirmer la validité d'une hypothèse, de ce que l'on s'autorise parfois à nommer l'efficacité globale du savoir accumulé dans un domaine scientifique. Cette efficacité concerne les applications ou retombées du savoir, la façon dont il est ensuite utilisable pour obtenir tel ou tel résultat - mais non le savoir en lui-même.Il est incontestable que l'univers techno-scientifique dans lequel nous évoluons accorde aux procédures d'application une importance de plus en plus marquée. Mais on ne saurait ramener la recherche scientifique à n'être rien de plus que ce qui prépare ces applications. S'il devient de plus en plus difficile de s'en tenir à une simple opposition entre science et technique tant les relations entre les deux domaines sont dialectiquement complexes, cette difficulté ne justifie pas que la science soit conçue comme finalisée par ses applications.La définition proposée montre encore davantage son insuffisance pour peu que l'on s'interroge sur ce que peut être la vérité d'un système philosophique. La célèbre Onzième Thèse sur Feuerbach de Marx - «Jusqu'à présent, les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, il s'agit désormais de le transformer» - paraît annoncer le passage historique d'une philosophie dénuée d'efficacité, de type idéaliste, à une philosophie trouvant dans le réel et ses transformations sa propre vérification. A une vérité formelle des systèmes - tout à fait comparable à celle des systèmes mathématiques (que l'on pense à la façon dont Spinoza rédige L'Éthique «more geometrico ») - succèderait une vérité pragmatique: la philosophie, à partir de Marx, ne serait vraie que si elle « réussit » à transformer le monde ou, au minimum, à participer à sa transformation.De la sorte, la vérité philosophique revendique un statut «scientifique», mais du même coup et de façon paradoxale, elle nie l'indépendance de la philosophie par rapport au réel.
• Allusion à une conception utilitariste de la vérité. • De quelle vérité peut-il s'agir? formelle? matérielle? philosophique? • Qu'entend-on par réussir?

« Pour apprécier la valeur de cette théorie il faudrait savoir quel sens donner aux formules de James . L'idée vraie c'est l'idée utile.

Mais que veut dire « utile » ? Faut-il prendre le mot au sens de vérifiable ? En ce cas le pragmatisme est très acceptable.

Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées » et aux évidences pures, reconnaissait qu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont l'événement le doit punirbientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant desspéculations qui ne produisent aucun effet. » Malheureusement le mot « utile » tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague.

James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière. » Ainsi une loi physique ou chimique est vraie si elle a des applications techniques fécondes.

Mais aussiune croyance politique est vraie si elle me donne « bonne conscience », si elle me justifie ; une théorie philosophique est vraie si elle calme mes inquiétudes, si elle assure « mon confort intellectuel », une religion est vraie si elle est consolante, si elle me permet de m'améliorer moralement.

L'idée de Dieu estcomme toutes les autres idées, elle n'est vraie que si elle est rentable et James déclare sans ambages :« Dieu est une chose dont on se sert.

».

La religion n'a pas de valeur en soi, en tant qu'activité désintéressée de l'esprit, mais elle en a une en tant qu'elle permet d'exercer une action pratique.

« Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, àproprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action.

Je dois aussi vousrappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formuleimpérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisonstechniques. Il n'est que trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir des croyances vraiesen matière de faits.

Nous vivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles.

Doivent être tenues pour vraies, dans lepremier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités,tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir.

Et le premier devoirde l'homme est de chercher à les acquérir.

Ici, la possession de la vérité, au lieu,tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable àemployer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [...]. Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l'accord » que la définition couranteexige à l'égard de la réalité ? C'est ici que le pragmatisme et l'intellectualismecommencent à se fausser compagnie.

Le fait d'être « d'accord », au sens le plus largedu mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt toutdroit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif etagissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur unintermédiaire, que s'il y avait désaccord [...] J'en viens donc à dire, pour résumer toutcela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notrepensée, de même que « le juste » consiste simplement dans ce qui est avantageuxpour notre conduite.

» James , « Le pragmatisme ». La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la faussetéde nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de la vérité s'opposeabsolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manièregénérale à ce que James appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :la vérité ne satisfait pas une exigencespéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle répond à « d'excellentes raisons pratiques ». Cela signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives,comme le croyait Protagoras .

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas en le copiant : en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoirprise sur lui. Les utilitaristes (Bentham, Stuart Mill) considèrent aussi que l'utilité est le principal critère de valeur.. »

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