Devoir de Philosophie

Peut-on dire que le vrai est ce qui réussit ?

Publié le 13/12/2005

Extrait du document

Contre le pragmatisme il faut restaurer les droits de l'objectivité, contre la préoccupation subjective et large de l' « intérêt «, de l' « utilité «, il faut revaloriser les exigences des « vérifications « objectives. Juger le vrai par l'efficacité est absurde Bertrand Russell a critiqué le pragmatisme de William James dans ses Essais philosophiques. Russell se demande, par exemple, si Le Contrat social de Rousseau a bien existé. Du point de vue pragmatique, la question revient à se demander si les conséquences de ce texte, c'est-à-dire la Révolution, sont bonnes ou mauvaises. Pour Russell, le pragmatisme conduit ici à une absurdité. Russell oppose au pragmatisme cette définition de la vérité: lorsque nous disons «Paul aime Virginie«, l'esprit établit une relation entre deux objets, Paul et Virginie. Si une telle relation existe dans la réalité, alors le jugement est vrai. On a ainsi une définition non relativiste de la vérité. La vérité comme conformité au réel Une idée ne serait donc pas qualifiée de « vraie « ou « fausse « par sa conformité ou non à la réalité.
Le sujet vous propose ici une définition du vrai à savoir ce qui réussit. Une telle définition tend à assimiler le vrai à l'efficace. En effet, on considère bien qu'une connaissance est vraie lorsqu'elle peut être vérifiée par l'expérience. Toutefois, peut-on étendre ce fait à la notion générale de réussite ? Il faudrait vous demander si on peut considérer qu'une théorie politique par exemple est vraie si elle réussit. Imaginez qu'on décide d'éradiquer le chômage, on pourrait alors considérer qu'une théorie qui considère que toute personne au chômage doit disparaître parce qu'elle est une charge pour la société, et on peut penser divers moyens pratiques pour conduire à cette disparition. Peut-on alors parler de vérité. Demandez -vous alors si une telle définition de la vérité ne conduit pas à faire de l'efficacité une valeur suprême et interrogez- vous sur les implications morales qui en découlent.

« « Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, àproprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action.

Je dois aussi vousrappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formuleimpérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisonstechniques. Il n'est que trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir des croyances vraiesen matière de faits.

Nous vivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles.

Doivent être tenues pour vraies, dans lepremier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités,tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir.

Et le premier devoirde l'homme est de chercher à les acquérir.

Ici, la possession de la vérité, au lieu,tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable àemployer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [...]. Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l'accord » que la définition couranteexige à l'égard de la réalité ? C'est ici que le pragmatisme et l'intellectualismecommencent à se fausser compagnie.

Le fait d'être « d'accord », au sens le plus largedu mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt toutdroit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif etagissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur unintermédiaire, que s'il y avait désaccord [...] J'en viens donc à dire, pour résumer toutcela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notrepensée, de même que « le juste » consiste simplement dans ce qui est avantageuxpour notre conduite.

» James , « Le pragmatisme ». La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la faussetéde nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de la vérité s'opposeabsolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manièregénérale à ce que James appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :la vérité ne satisfait pas une exigencespéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle répond à « d'excellentes raisons pratiques ». Cela signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives,comme le croyait Protagoras .

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas en le copiant : en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoirprise sur lui. Les utilitaristes (Bentham, Stuart Mill) considèrent aussi que l'utilité est le principal critère de valeur.Toutefois, contrairement aux pragmatistes, ils n'identifient pas l'utile au vrai mais au bien.

Est utile toutce qui produit un bien ou un plaisir, tout ce qui contribue à notre bonheur.

En souscrivant à cettedéfinition large de l'utilité, on peut dire que l'art, le jeu, la paresse sont utiles puisqu'ils intensifient notreexistence. Le pragmatisme est une ouverture d'espritLe pragmatisme n'est pas confiné aux questions telles que celle de l'existence de Dieu.

Il s'applique avant toutà la science Peu importe donc qu'une théorie paraisse absurde ou invraisemblable.

Si ses effets sont positifs,elle est vraie.

Il n'est pas nécessaire non plus que l'ensemble de l'appareil scientifique soit cohérent.

Deuxidées contradictoires peuvent coexister si elles sont utiles. La vente est relativeL'approche pragmatique est résolument opposée au dogmatisme.

Le pragmatisme ouvre la voie auxexpérimentations les plus extraordinaires - William James était passionné de parapsychologie - et contrairesaux certitudes les plus absolues.

Pour les partisans du pragmatisme, aucune idée n'est définitive.

La vérité estrelative et peut évoluer.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles