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LEIBNIZ: Connaissance et raison

Publié le 30/03/2005

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leibniz
Cette considération fait encore connaître qu'il y a une Lumière née avec nous. Car puisque les sens et les inductions' ne nous sauraient jamais apprendre des vérités tout à fait universelles, ni ce qui est absolument nécessaire, mais seulement ce qui est, et ce qui se trouve dans des exemples particuliers, et puisque nous connaissons cependant des vérités nécessaires et universelles des sciences, en quoi nous sommes privilégiés au-dessus des bêtes : il s'ensuit que nous avons tiré ces vérités en partie de ce qui est en nous. Ainsi peut-on y mener un enfant par de simples interrogations à la manière de Socrate, sans lui rien dire, et sans le rien faire expérimenter sur la vérité de ce qu'on lui demande. Et cela se pourrait pratiquer fort aisément dans les nombres, et autres matières approchantes. Je demeure cependant d'accord que, dans le présent état, les sens externes nous sont nécessaires pour penser, et que, si nous n'en avions eu aucun, nous ne penserions pas. Mais ce qui est nécessaire pour quelque chose, n'en fait point l'essence pour cela. L'air nous est nécessaire pour la vie, mais notre vie est autre chose que l'air. Les sens nous fournissent de la matière pour le raisonnement, et nous n'avons jamais des pensées si abstraites, que quelque chose de sensible ne s'y mêle ; mais le raisonnement demande encore autre chose que ce qui est sensible. LEIBNIZIl y a en nous des éléments de connaissances (idées et formes de raisonnement) qui ne dépendent pas des sens, mais nous sont fournis par une Lumière ( = raison) innée. Cela ne doit pas cependant nous faire nier la nécessité des apports empiriques.
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« de la raison innée. [III.

Une collaboration inégale] Dans son second paragraphe, Leibniz tempère en quelque sorte son rationalisme, en précisant de surcroît le rôle desstructures rationnelles par rapport aux données empiriques.

Il admet en effet que les sens externes nous sontnécessaires pour penser, et insiste : si nous ne possédions aucun sens, nous ne pourrions pas penser.

En d'autrestermes, la raison seule, privée d'informations sensibles, resterait stérile et inefficace.

Il faut donc admettre qu'il y aentre cette raison et les sens une forme de collaboration.

On n'est peut-être pas si loin de Kant, considérantultérieurement que l'entendement sans perception est vide (tandis que, réciproquement, la perception sansintervention de l'entendement est confuse).Les apports empiriques, tout en étant ainsi nécessaires à l'élaboration de la pensée, ne doivent cependant pas êtrereconnus comme constituant l'essence de cette dernière.

Autrement dit : ils restent secondaires pour définir lapensée, et n'offrent à cette dernière qu'un matériau sur lequel elle s'exerce.

La nécessité dont ils sont dotés n'esten rien comparable à ce qui se nomme aussi nécessité à propos des vérités scientifiques.

Elle désigne plutôt unapport dont la présence est obligatoire pour qu'un fonctionnement supérieur puisse avoir lieu.

C'est pourquoi Leibnizutilise, pour situer leur importance, une métaphore : l'air est nécessaire à notre vie, mais notre vie est évidemmentautre chose que l'air.

L'air ou les sens externes sont ainsi des conditions nécessaires, mais non suffisantes pour quela vie ou la pensée se déploient.C'est pourquoi la fin du texte insiste sur le fait que les sens ne fournissent rien de plus qu'une matière auraisonnement.

ll est clair que l'on ne peut raisonner à propos de rien.

Même, dit Leibniz, nos pensées les plusabstraites supposent que s'y mêle un peu de sensible.

Nos concepts les plus éloignés de l'empirique ont ainsi besoind'un soupçon de celui-ci.

C'est bien pourquoi Socrate dessine ses figures géométriques en interrogeant l'esclave, oupourquoi, lorsqu'on évoque la liberté, nous nous enreprésentons volontiers un exemple, en illustrant ce concept par l'image de quelque situation d'indépendance.

Mais ildemeure toujours une différence entre le dessin ou l'illustration et le concept ou le raisonnement — et ces derniersne peuvent toujours pas être issus, en raison même de leur nécessité universelle, d'une accumulation de dessins oud'illustrations.

Il faut donc reconnaître qu'ils exigent « encore autre chose que ce qui est sensible » — c'est-à-direla présence innée, en nous, de principes rationnels. [Conclusion] Notre capacité à induire à partir de données empiriques suppose l'adhésion à un principe non déductible del'expérience, qui est le déterminisme.

Faut-il admettre définitivement que ce principe, comme le suggère ici Leibniz,serait inné ? L'épistémologie contemporaine est plus prudente, qui y voit plutôt, comme dans l'élaboration de laraison elle-même, le résultat des évolutions du savoir scientifique.

En affirmant que la présence en nous d'une raisoninnée peut seule rendre compte de notre accès à l'universel, Leibniz donne de la raison une conception qui préfigurecelle de Kant, et s'inscrit ainsi à l'intérieur de ce que Bachelard reconnaîtra comme la version « classique » durationalisme. LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm). Né à Leipzig en 1646, mort à Hanovre en 1716. Il étudia les mathématiques à Iéna, la jurisprudence à Altdorf et la chimie à Nuremberg.

En 1667, il rencontra lebaron Jean-Christian de Boinebourg, et commença de s'intéresser à la politique et aux hautes mathématiques.

En1672, il fut chargé d'une mission auprès de Louis XIV, pour engager celui-ci à conquérir l'Egypte.

Il fit un voyage àLondres et commença d'entretenir une correspondance suivie avec les plus grands esprits de son temps.

Il tenta,dans ses lettres à Bossuet, d'aboutir à la réunion des Eglises chrétiennes.

Au terme de longs travaux, il constitua lecalcul intégral (29 octobre 1675) et le calcul différentiel (1er novembre 1675).

En 1676, il quitta Paris pour Hanovre,où il devint bibliothécaire du duc de Brunswick-Lunebourg.

Il soutint les droits des princes allemands dans l'Empire en1678, préconisa un plan qui permît à Pierre le Grand de faire bénéficier ses peuples de la civilisation occidentale, etpublia un recueil de droit des gens.

Il mourut en novembre 1716, et n'eut que son secrétaire pour accompagner aucimetière sa dépouille mortelle.

En relations avec l'Europe entière, homme d'une culture universelle, Leibniz futmathématicien, philosophe, juriste, historien et fondateur de la critique historique, géologue, ingénieur et théologien.Il institua l'Académie de Berlin.

— Il se révéla, d'abord, disciple de Descartes.

Puis, ses réflexions sur le dogmeluthérien de la présence réelle et sur la transsubstantiation de la doctrine catholique l'incitèrent à chercher unenouvelle théorie de la substance.

Ce n'est pas l'étendue, c'est la force, qui constitue l'essence des corps.

Il fautfaire l'inventaire des faits scientifiques, s'attacher à leur « définition nominale », s'attacher plus à l'apparence qu'àl'essence.

La « définition réelle » démontre la possibilité de l'essence et permet de distinguer possibilité logique etpossibilité d'existence.

— Leibniz pose le principe de contradiction et le principe de raison suffisante : rien n'a lieusans raison.

Le but final de cette recherche est d'atteindre l'absolu.

La raison est la source des possibles.

Une. »

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