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Leibniz et les sens

Publié le 06/03/2012

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La tâche essentielle de Leibniz est de concilier les sens et les mathématiques. Le recours aux sens, et uniquement aux sens, peut-il fournir à l'homme toutes les « connaissances actuelles «? Non. Peut-on, par le seul biais des mathématiques, en excluant bien évidemment l'usage des sens, acquérir la totalité des « connaissances actuelles «?

Non. Alors? La vérité serait-elle ailleurs?. Chez Leibniz, nous avons un début de solution avec l'établissement d'une distinction entre les vérités de raison, qui sont universelles, donc nécessaires car indépendantes de l'expérience, et les vérités de fait, qui sont particulières car dépendantes de l'expérience. Mais surtout, l'auteur met fin, d'une certaine manière, à la dualité, toujours d'actualité, entre les sens et les mathématiques, en jugeant que les uns ne vont pas sans les autres. C'est cette conciliation, que Leibniz s'efforce de réaliser dans ce passage de la préface aux '' Nouveaux essais sur l'entendement humain'', qu'il faut souligner.

« Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisant pour nous les donner toutes «; L'entrée en matière est une mise au point sur les limites des sens, dans la grande course à la connaissance. La première phrase, ou plutôt la première partie, est idéale pour clarifier la situation, et est surtout primordiale, pour faire la liaison avec la dernière réflexion de l'auteur.

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« universelle ( la totalité des cas) est donc impossible à partir des sens et par leur seule utilisation; Les sens sont doncsynonymes d'exemples.Leibniz ne doit probablement pas concevoir que les empiristes puissent se contenter de vérités 'probables' et non 'certaines',car non démontrées.

Alors qu'il est maintenant acquis que « les sens ne donnent jamais que des exemples », l'auteur répondalors à leur l'inefficacité.Comment faire confiance à des sens, alors qu'ils ne fournissent que des exemples, quand seules les preuves mathématiquespermettent d'affirmer et donc de connaître.

Les sens ergo les exemples, « ne suffisent pas pour établir la nécessitéuniverselle de cette même vérité ».

A fortiori, les exemples, aussi nombreux qu'ils soient, ne peuvent en aucune façon,devenir autre chose qu'une vérité particulière « car il ne suit point que ce qui est arrivé arrivera de même ».

D'où l'intérêt delois, et le meilleur exemple est celui de la nature.

Pour observer celle-ci, il est difficile de se fier exclusivement à ses sens; Lesoir, je regarde le soleil se coucher à l'ouest et je sais, grâce aux connaissances acquises par le biais des lois universelles, quemes sens me trompent, qu'il ne s'agit que d'une illusion.

En mathématiques, une démonstration ne laisse pas place à l'apriori, c'est une règle qui s'applique à l'infini.« D'où il paraît que les vérités nécessaires...

quoique sans les sens on ne serait jamais avisé d'y penser ».

Confirmation deLeibniz:« les vérités nécessaires » ne peuvent l'être que par le biais des « mathématiques pures », sous diverses formes: «arithmétique », « dans la géométrie », et sont, de la plus simple des manières, à l'opposé des exemples, des démonstrationsà partir de principes de rigueur.

En effet, les vérités universelles sont une preuve dont « ne dépende point des exemples ».Les sens seraient alors définitivement dissociés des mathématiques et seraient accusés d'être incomplets, au point d'êtrerelégués au second rang...Quoique...

« quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles...

ne sont pointsuffisants », « quoique sans les sens on ne serait jamais avisé d'y penser »; Deux ''quoique'', deux sens.

Le premier péjoratif,le second, mélioratif.

Il aura donc fallu la publication des '' Nouveaux essais sur l'entendement humain''pour qu'unphilosophe, Leibniz en l'occurrence, apporte un point de vue original.

Malgré un rationalisme certain, il fait une énormeconcession en rétablissant l'équité entre les sens et les mathématiques.

La réflexion, ici, est logique, et la conclusion , desplus simples, est aussi pour le moins inédite: sans les sens, il serait impossible, même aux plus brillants mathématiciens,d'affirmer de quelconques vérités.

Par simple déduction, il est tout à fait possible d'en arriver à penser que Leibniz a vouluprendre des distances avec un rationalisme ''classique''.Avons nous réellement besoin de savoir par quel effet d'optique le soleil trompe nos sens? L'essentiel n'est-il pas d'être aussiperspicace que l'enfant qui découvre la relation qui existe entre une vitesse excessive et une plaque de verglas? Pourl'homme se contentant d'observer le monde, les mathématiques ne sont qu'une obscure discipline.

La ''légère'' inclinaison denotre espèce à vouloir dominer, physiquement et intellectuellement, le monde qui nous entoure, nous prive del'émerveillement devant les choses les plus simples, les miracles de la nature.

Pour l'homme de sciences, l'histoire estdifférente; Alors que le soleil réchauffe et illumine la journée des uns, les scientifiques, eux, analysent l'effet d'optique.

Ladistinction entre des « vérités particulières » et la « nécessité universelle » permet ainsi à Leibniz de concilier les sens et lesmathématiques.

C'est aux sens que les mathématiques doivent leur salut, quand c'est en elles que les rationalistes placent leleur.

Pour Leibniz, voilà un problème philosophique résolu.

En effet, il répond avec beaucoup d'originalité, en dehors dessentiers battus, à une question aussi vieille que le monde.

Cependant, peut-on toutefois en conclure que l'équité de laréponse de Leibniz implique, ou induit, sa justesse? Document demandé:http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-explication-texte-bergson-rappele-homme-montre-sortie-avait-conserve-134271.html. »

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