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Leibniz: la prise en compte du point de vue d'autrui dans le jugement.

Publié le 14/08/2014

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Leibniz

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée :

« Mettez-vous à la place d'autrui, et vous serez dans le vrai point de vue pour juger ce qui est juste ou non.

On a fait quelques objections contre cette grande règle, mais elles viennent de ce qu'on ne l'applique point partout. On objecte par exemple

5 qu'un criminel peut prétendre, en vertu de cette maxime, d'être par­donné par le juge souverain, parce que le juge souhaiterait la même chose, s'il était en pareille posture. La réponse est aisée. Il faut que le juge ne se mette pas seulement dans la place du criminel, mais encore dans celle des autres qui sont intéressés que le crime soit puni. (...) Il

10 en est de même de cette objection que la justice distributive demande une inégalité entre les hommes, que dans une société on doit partager le gain à proportion de ce que chacun a conféré', et qu'on doit avoir égard au mérite et au démérite. La réponse est encore aisée. Mettez-vous à la place de tous et supposez qu'ils soient bien informés et bien

15                   éclairés. Vous recueillerez de leurs suffrages cette conclusion qu'ils jugent convenable à leur propre intérêt qu'on distingue les uns des autres. Par exemple, si dans une société de commerce le gain n'était point partagé à proportion, l'on n'y entrerait point ou l'on en sortirait bientôt, ce qui est contre l'intérêt de toute la société.«

 

1. A conféré : a mis en commun.

q    Ouvertures

LECTURES

 

           On pourra lire, sur l'équivalent chez Kant de la règle leibnizienne, le § 40 de la Critique de la faculté de juger, le § 7 de l'introduction de la Logique et la remarque par laquelle s'achève le livre II de l'Anthropo­logie du point de vue pragmatique.

           On lira aussi, sur la question de la légitimité du châtiment, le cha­pitre V («Du droit de vie et de mort«) du livre II du Contrat social de Rousseau et, dans la Métaphysique des moeurs de Kant (Doctrine du droit, Ile partie), la remarque générale sur les effets juridiques qui découlent de la nature de l'union civile «Du droit de punir et de grâcier«.

           Enfin, une autre conciliation possible des égoïsmes individuels dans la société est présente dans le premier supplément du Projet de paix perpétuelle de Kant.

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« D Les clés du sujet BIEN LIRE LE TEXTE "" L'intérêt du texte, qui en fait aussi la difficulté, consiste à bien arti­ culer les deux alinéas qui le composent: le premier expose une thèse générale, le second comporte des objections à cette thèse et des réponses à ces objections, qui sont autant d'éclaircissements de la thèse énoncée initialement.

Il faudra veiller à ne pas considérer cette seconde partie du texte comme une simple série d'exemples dont on pourrait se dis­ penser de l'analyse, ni, inversement, perdre de vue la thèse principale qu'il s'agira de réexpliquer à partir des réponses aux objections.

Par ailleurs, le texte ne comporte guère de difficultés de compréhension: ainsi l'expression de «justice distributive» doit-elle, pour être entendue, être opposée à la justice commutative, la première attribuant à chacun selon ses mérites, la seconde traitant tous les individus en égaux.

"" Thème: la prise en compte du point de vue d'autrui dans le jugement.

"" Thèse: la maxime selon laquelle il faut se mettre à la place d'autrui pour bien juger ne vaut que pour autant que l'on sait l'appliquer en toute circonstance.

"" Plan du texte : -lignes 1 et 2 : énoncé de la thèse; - lignes 3 et 4: annonce des objections et de la réponse; - lignes 4 à 9 : première objection et réponse (le jugement du criminel); -lignes 9 à 15: seconde objection et réponse (le partage du gain).

RECHERCHER L'INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE "" La question de la justice est nettement rapportée ici à celle du jugement: pour être juste, il faut savoir bien juger.

Or, qu'est-ce que bien juger? Bien juger, c'est être objectif, neutre, impartial, c'est-à-dire quitter son propre point de vue restreint pour se mettre à la place d'autrui.

Cette maxime de sens commun, Leibniz lui donne une signification uni­ verselle en essayant de la défendre contre ses critiques: il y a des cas, dira-t-on, où il n'y a pas de sens à se mettre à la place d'autrui.

À cela Leibniz répond qu'il faut au contraire éprouver les avis, les intérêts les plus divers pour que naisse une justice véritable.

Dans quelle mesure des opinions contradictoires en fait peuvent-elles finalement converger, voire concorder? Est-il possible d'établir l'union des esprits, et à quelles conditions? C'est à de telles questions que mène le propos de Leibniz.. »

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