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Les animaux sont-ils comparables à des machines ?

Publié le 17/01/2022

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Comme toute forme, elle n'est pas séparée de sa matière. Le corps lui-même. organique et vivant, est formé par l'âme. Elle en est la cause formelle, la structure, la force assimilatrice, productrice, autoréparatrice. L'âme est le corps en acte. Par exemple, « si l'oeil était un animal indépendant, la vue serait son âme « (De l'âme, II, 1). Un corps vivant est une organisation d'éléments différents, ordonnés et hiérarchisés en vue d'unefonction. La dualité âme-corps doit être remise en cause ; elle n'est qu'une différence de point de vue.
■ Le corps n'est pas une machine inerte, qui attendrait l'âme comme le navire attend son capitaine ; car l'âme ne se distingue pas du corps. Un cadavre n'est plus un vrai corps humain, mais la trace de l'âme qui l'animait.
Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- " Les animaux " : ce sont des êtres vivants, et ils se caractérisent de ce fait par leur organisation, le rapport qu'ils entretiennent avec leur milieu, et une capacité d'autoréparation, d'autoformation, de reproduction, et d'autoconservation. Les animaux plus particulièrement se définissent par leur capacité à se mouvoir eux-mêmes, et par leur sensibilité.
- " Machines " : agencement de pièces solides en un système cohérent et préétabli, en vue de produire un résultat déterminé. S'applique à des instruments très différents, comme la poulie, le moteur à essence, ou l'ordinateur.
- " Comparables " : désigne la possibilité d'établir les ressemblances et les différences entre deux ou plusieurs termes, ici les animaux et les machines.
Construction de la problématique :
           Le sujet nous invite à traiter uniquement le cas des animaux : ce qui comprend l'homme sous son aspect biologique (nous ne parlerons donc pas de l'âme ou de la conscience qui nous différencient à coup sûr des machines), mais exclu les vivants qui ne se meuvent pas seuls (cf. les végétaux). Quoi qu'il en soit, d'un point de vue extérieur, la comparaison entre les animaux et les machines est tentante.
Une machine est composée de parties inertes, alors qu'un animal est composé d'organes plus, ou moins autonomes. L'être vivant peut se reproduire, mais pas la machine. La physique et la chimie ne suffisent pas pour expliquer le vivant. Mais est-ce à cause de leurs limites actuelles?
           Il s'agit cependant de savoir si cette comparaison est réellement possible, quel serait alors son intérêt, et jusqu'où il serait légitime de la mener.
 

« Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traitéde l'Ame :• L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes;• L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez lesanimaux;• l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deuxprécédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument cesdistinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a ensoi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, ettous ses appétits sont des volontés » (Traité des Passions, art.

47; 1649).Ceci implique que les animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisirni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps.• Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à unemachine (un médecin du XVIIIe s.

écrira même un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). Au XVIIIe siècle, le médecin philosophe matérialiste La Mettrie prendra très au sérieux la vision mécaniste des êtresvivants, en refusant la distinction de l'âme et du corps et en défendant la thèse de l'homme-machine : les hommes« ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes 9 »; la sensibilité et la pensée sont des propriétés de la matière organisée.

L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais LaMettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que lamétaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout enl'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte.• Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la « substancepensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande située au-dessus ducerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre les volitions de l'âme et lesmouvements du corps de l'homme.

(Evitez : « le gland pinéal », perle célèbre rencontrée dans certaines copies !)• « Toute l'action de l'âme consiste en ce que, par cela seul qu'elle veut quelque chose, elle fait que la petiteglande à qui elle est étroitement jointe, se meut en la façon qui est requise pour produire l'effet qui se rapporte àcette volonté » (Traité des Passions, art.

41; 1649). II/ La théorie des animaux machines n'épuise pas la totalité des caractéristiques des animaux : Le mécanisme permet de comprendre comment le vivant fonctionne, mais cela ne suffit pas à rendrecompte de toutes ses spécificités.

Comment expliquer les phénomènes de reproduction, d'autorégulation, decicatrisation, de croissance, d'interdépendance des organes...

? - Kant s'oppose à l'idée selon laquelle tous les phénomènes de la nature peuvent s'expliquer grâce à deslois, et montre dans La critique de la faculté de juger (partie téléologique) les spécificités des organismes vivants.

Ilcompare le vivant à une montre, et montre les insuffisances de la méthode : deux montres ensemble n'en ferontjamais une troisième, si un rouage se dégrade, il ne sera pas remplacé, et les parties sont indépendantes entre elles(un rouage est là pour l'autre, mais pas par l'autre) ; à l'inverse tout cela peut être attendu d'un animal.

à Dans une machine, il n'y a pas de lien indissoluble ou de liaison causale entre les parties.

- Ainsi, le vivant possède des caractéristiques propres, et une force formatrice, et non pas uniquement uneforce motrice.

C'est-à-dire qu'il n'a pas besoin d'une première impulsion pour se mouvoir, et qu'il se produit lui-même." Un tel être organisé et s'organisant lui-même peut être appelé une fin naturelle " CFJ, téléologique, § 65, il serapporte à lui-même à la fois comme cause et comme effet à Kant réintroduit la finalité dans la nature (adaptation fonctionnelle des organes à leur tâche), mais ce n'est qu'un principe régulateur et non constitutif (pas demétaphysique). III/ Les animaux vivent dans la durée, ce qui n'est pas le cas de la machine : Il est possible de comparer les animaux aux machines d'un point de vue uniquement heuristique, mais ilssont en réalité fondamentalement différents.

Le modèle mécaniste (Descartes) est utile mais au lieu de rendrecompte de la vie, il dévoile la structure de notre esprit et notre incapacité à saisir le mouvement.

Mettre l'accentsur l'autoformation...

(Kant) se rapproche plus du vivant, mais oublie que celui-ci avant tout, s'inscrit dans la durée.. »

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