Devoir de Philosophie

Les autres m'aident-ils à me connaître ou m'en empêche-t-il ?

Publié le 15/06/2005

Extrait du document

Le soi est ce que j'appréhende de moi-même par ma conscience réfléchie et qui constitue mon identité à travers le temps. Connaître un objet, c'est rapporter à un sujet ses qualités essentielles, c'est-à-dire celles nécessaires à son identité par opposition aux accidentelles à un objet. Les autres sont ces êtres qui se situent à la lisière de notre conscience et qui prétendent avoir une connaissance sur notre soi. Or nous avons-nous-mêmes une connaissance de notre soi. Tant que ces connaissances convergent, le statut d'autrui à titre d'organe ou d'obstacle pour me connaitre moi-même n'est pas problématique. Le problème ne commence que lorsque ces connaissances divergent, et même se contredisent : quelle connaissance faut-il privilégier sur l'autre ? C'est seulement alors que nous sommes confrontés à ce problème : la connaissance qu'autrui prétend avoir de moi m'aide t-elle ou m'empêche t-elle à me connaitre ? Dans la mesure où les autres sont placés à l'extérieur de moi, ils ne peuvent avoir la connaissance immédiate de que je suis. Alors que je suis moi-même placé dans une position privilégiée pour me connaitre. Ainsi sauf s'ils ne font que confirmer ce que je pense déjà de moi, les autres m'empêcheraient plus que de me connaitre qu'ils ne m'aideraient dans la mesure où étant dépendant de leur regard, je serai conduit à négliger la connaissance que j'aie de moi-même. Toutefois. il faut remettre en cause ce présupposé : il existerait une intériorité que je serais le seul à connaître. En effet si nous posons que le moi ne se manifeste qu'à travers ses actes, autrui peut me connaître autant sinon mieux que moi-même. La dépendance à l'égard d'autrui serait une dépendance féconde sans laquelle je ne peux jamais savoir qui je suis. Ainsi, loin de m^'empêcher de me connaitre,, les autres éclaireraient ce que je suis, mieux que je puisse moi-même le faire. Est -ce à dire pourtant que je dois me reconnaître dans toutes les images de moi qu'autrui me renvoient ? Sur quoi se fonde la légitimité de ces regards ? Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : se reconnaître dans l'image de nous-mêmes que le regard d'autrui nous renvoie, cela nous éloigne t-il de la connaissance de notre moi ou au contraire cela nous en rapproche t-il ?

« est l 'être qui se détermine à exister en tant qu 'il ne peut pas coïncider avec lui-même ».

Ainsi je ne peux connaître mon moi par une inspection de l 'esprit. _ En fait, je parviens à avoir une connaissance de moi par mes actes.

Un acte est ce par quoi je me construis, et ainsi manifeste ce que je suis.

Or la plupart du temps, nous faisons des actes dont nous ne prenons pas consciencepar nous-mêmes.

C 'est seulement si ces actes tombent sous le regard d 'autrui que nous les connaissons.

Ainsi si le moi est constitué par les actes et que je ne peux prendre conscience de ces actes, c 'est la dépendance à l 'égard d'autrui qui me permet de dissiper l 'énigme de mon moi, et de prendre conscience des actes que je suis par l'intermédiaire d 'autrui c 'est ce que l 'on peut soutenir avec Sartre en reprenant son analyse de la honte : la honte est la reconnaissance que je suis l 'image qu 'autrui a de moi.

Par exemple, je me crois seul et fais un acte vulgaire que je néglige.

Or je prend suçotement conscience de la présence d 'autrui, alors le regard d 'autrui me met à distance de moi-même et me renvoie une image de moi où je reconnais que j 'ai fait un acte vulgaire.

C 'est par autrui que je me connais comme vulgaire Loin de devenir plus énigmatique, le moi s 'éclaire sous le regard d 'autrui.

La dépendance à l 'égard d 'autrui serait une dépendance féconde sans laquelle je ne peux jamais savoir qui je suis.

Ainsi, loin de devenir plus énigmatique, le mois'éclaire sous le regard d 'autrui.

Est -ce à dire pourtant que je dois me reconnaître dans toutes les images de moi qu'autrui me renvoient ? Sur quoi se fonde la légitimité de ces regards ? III Les autres m'aident ou m'empêchent de me connaitre selon le crédit que je suis seul à pouvoir leuraccorder _ Le moi ne peut s 'éclairer de lui-même, il ne se connaît que par l 'intermédiaire du regard d 'autrui.

Cependant tous les regards ne me renvoient pas nécessairement une image fidèle de ce que je suis.

En effet rien ne me garantitqu'autrui ne déforme pas sciemment son regard pour me nuire.

Si autrui a l 'intention de me nuire, et qu 'il sait que je suis dépendant de lui dans la connaissance et l 'estime que j 'aie de moi-même, il peut déformer mon image afin que je ne m 'estime pas à ma juste valeur et que j 'ignore ce que je suis.

Ainsi dans la pièce éponyme de Molière, Tartuffe l'hypocrite renvoie au mari bigot une image d 'homme pieux qui le flatte et le rend aveugle aux tentative de séduction de sa femme.

Inversement on peut facilement imaginer une personne qui, lorsque nous la consultonsavant de commencer un grand projet, s 'emploie à nous faire douter de nos forces afin que nous n 'osions pas nous lancer dans ce projet que nous aurions pourtant réussi.

Bref nous ne pouvons considérer que tous les regards ontdroit de nous dire ce que nous sommes._ Les seuls regards qui peuvent nous apprendre ce que nous sommes sont les regards de nos amis qui nousapprennent qui nous sommes.

Aussi si c 'est par autrui que je ne suis plus une énigme à moi-même, j 'ai ma part de responsabilité dans ce projet d 'éclaircissement qui peut au contraire obscurcir ou déformer l 'image que j 'aie de moi- même.

En effet nous choisissons nos miroirs, et c 'est nous-mêmes qui décidons de nous reconnaître dans les images que l 'on nous donne.

C 'est la raison pour laquelle il faut bien choisir ses amis.

C 'est ce que nous pouvons soutenir avec Machiavel au chapitre XXIII du Prince : le prince pour se faire respecter ne peut permettre à chacun de dire ce qu 'il pense de ses actes car il doit se faire respecter, mais il ne peut pas plus à se fier aux flatteurs dont les cours sont pleines et qui cherchent à servir leur intérêts plutôt que ceux du prince.

Selon Machiavel il faut alors quele Prince permette à quelques uns de ses conseillers de lui dire toute la vérité sur ses actes afin de se prémunir deserreurs Ainsi un ami est une personne qui nous laisse être tel que nous sommes et nous avertit quand nous nesommes plus à la hauteur de ce que nous sommes.

Il n 'empêche que tout ce dispositif se fonde en dernière instance sur la confiance que nous accordons à leur regard.

Cela dépend donc de nous-mêmes.

Conclusion : Les autres m'aident plus qu'ils ne m'empêchent de me connaitre.

En effet, ce n'est que par le regard d'autrui que jepeux prendre conscience d'actes que j'ignore moi-même.

Si nous n 'avons pas accès à nous-mêmes, c 'est par l'intermédiaire d 'autrui que nous pouvons savoir quel moi nous sommes.

Mais comme rien ne garantir la vérité de ces images, il incombe à notre responsabilité de choisir les regards en qui nous accordons notre confiance.

En définitive,la connaissance du moi par la dépendance à l 'égard d 'autrui résulte paradoxalement d e notre responsabilité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles