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Les autres nous aident-ils a nous connaître ou nous en empêchent-ils ?

Publié le 10/11/2005

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Une des questions est de savoir pour quelles raisons les autres peuvent ils nous aider à nous connaître. En nous faisant remarquer des réactions que nous ne voyons pas parce qu'elles sont simplement vécues ou habituelles? Parce qu'ils nous font confiance et nous révèlent le meilleur de nous-même? Parce que comme dit Fitche on ne se pose qu'en s'opposant : notre courage apparaît dans l'affrontement ?   [les autres apportent une aide dans la connaissance de soi. La dialectique du maître et de l'esclave.]  « Pour se faire valoir et être reconnue comme libre, il faut que la conscience de soi se représente pour une autre comme libérée de la réalité naturelle présente. Ce moment n'est pas moins nécessaire que celui qui correspond à la liberté de la conscience de soi en elle-même. L'égalité absolue du Je par rapport à lui-même n'est pas une égalité essentiellement immédiate, mais une égalité qui se constitue en supprimant l'immédiateté sensible et qui, de la sorte, s'impose aussi à un autre Je comme libre et indépendante du sensible. Ainsi la conscience de soi se révèle conforme à son concept et, puisqu'elle donne réalité au Je, il est impossible qu'elle ne soit pas reconnue.

Analyse du sujet. « Les autres « désigne ceux qui diffèrent de moi, qui ne sont pas moi, à savoir tout homme par rapport à moi. Ici, il s'agit, bien entendu, des autres consciences. Notons qu'autrui est à la fois "alter" et "ego", le différent et le même que moi. «Aider «, faciliter, permettre. « Se connaître «, c'est avoir conscience de soi, être capable de se représenter, avoir une connaissance de soi. Par exemple, je sais que je suis jaloux, tolérant, etc... « empêcher «, c'est entraver et gêner une opération, en s'y opposant. Un empêchement est un obstacle à la réalisation de quelque chose. • Le sens du sujet est donc le suivant : les autres consciences m'apportent-elles un soutien efficace pour accéder à la mienne ou constituent-elles, au contraire, un obstacle à cette recherche ? • Le problème posé est celui de savoir si je dois tracer ma route solitairement et connaître ma subjectivité à l'écart d'autrui ou bien si l'on se découvre homme parmi les hommes, au sein des Autres. La connaissance de soi est-elle à recherche dans le solipsisme ou dans la relation à autrui ?

D'un mot, Jean-Paul Sartre énonce le problème philosophique que pose autrui à la philosophie moderne : « On rencontre autrui, on ne le constitue pas « (l'Être et le Néant). Du fait, encore qu'on puisse éventuellement le définir comme un alter ego — un autre moi —, autrui est avant tout celui que je ne suis pas, indépendant, extérieur, étranger à moi-même et à un monde de choses dans lequel il apparaît, sans pour autant lui appartenir. La connaissance, cette activité par laquelle l'homme prend acte des données de l'expérience et cherche à les comprendre ou à les expliquer, est reliée de façon indirecte à autrui. Une des questions est de savoir pour quelles raisons les autres peuvent ils nous aider à nous connaître. En nous faisant remarquer des réactions que nous ne voyons pas parce qu'elles sont simplement vécues ou habituelles? Parce qu'ils nous font confiance et nous révèlent le meilleur de nous-même? Parce que comme dit Fitche on ne se pose qu'en s'opposant : notre courage apparaît dans l'affrontement ?

 

« être-pour-soi absolu, par là même celle qui a préféré la vie à la liberté, et qui se révèle impuissante à faire,par elle-même et pour assurer son indépendance, abstraction de sa réalité sensible présente, entre ainsi dansle rapport de servitude.

» Hegel, « Propédeutique philosophique ». C'est dans l'un des plus fameux passages de la « Phénoménologie de l'esprit », qui décrit la lutte à mort pourla reconnaissance avant que d'aborder la dialectique du maître et de l'esclave, que Hegel déclare : « C'estseulement par le risque de sa vie que l'on conserve la liberté.

»Hegel entend montrer que la rencontre avec autrui prend logiquement la forme d'un conflit, d'une lutte, dontle risque est la mort et l'enjeu la reconnaissance par l'autre de mon humanité.Pour ne pas méconnaître l'enjeu de la « lutte à mort pour la reconnaissance », il faut savoir que la «Phénoménologie » envisage de décrire le mouvement logique du développement de la conscience, cad lesexpériences, le mouvement par lequel la conscience s'éduque.Il est donc toujours dangereux d'isoler un chapitre du texte, puisque « le vrai est le tout », que chaque étapen'est qu'un moment dont la compréhension exigerait la connaissance de l'ensemble du processus.

Il fautd'autre part prévenir un autre contresens possible.

Hegel n'entend pas décrire un épisode réel de l'histoirehumaine, et il ne faut pas s'imaginer deux individus surgissant face à face et engageant une lutte.

Il s'agitbien plutôt d'une genèse logique de la rencontre avec autrui.Hegel souhaite montrer que, dans la mesure où l'homme accepte de risquer sa vie pour quelque chose, il posequ'il n'est pas seulement un simple être vivant, sensible, fini.

Il pose que l'homme ne se réduit pas à la simpleanimalité et au souci de la conservation de soi.

En quelque sorte le risque de la mort est la pierre de touchede nos valeurs, car en risquant sa vie, l'homme montre que ce pourquoi il la risque a plus de valeur qu'elle, etqu'il se définit et s'éprouve comme autre chose qu'un simple vivant.Plus précisément, l'idée maîtresse de Hegel dans ce passage est la suivante : l'homme n'accède à la véritableconsciente de son humanité que lorsqu'elle est reconnue par un autre.

L'homme doit faire la preuve de sonhumanité, et il ne peut la faire qu'en engageant une lutte à mort avec un autre homme.

C'est en acceptant lerisque de sa mort qu'il prouve que sa reconnaissance comme conscience, comme autre chose qu'un simpleanimal, vaut plus que par sa simple survie.

Etre homme, c'est donc pouvoir mettre en jeu sa propre vie pourprouver la valeur même de son existence, c'est pourquoi cette lutte est à la fois nécessaire et absurde.L'essentiel est que la conscience de soi véritable requière la médiation d'un autre homme : être conscient desoi-même comme être humain, c'est être reconnu comme homme par un autre homme, par une autreconscience.

Seul, je ne peux faire la preuve de mon humanité.La conscience immédiate que j'ai de moi-même est celle d'un être vivant et désirant.

Mais tant que mon désirne porte que sur un objet naturel (ce fruit par exemple), tout ce que je peux faire est de détruire etd'assimiler cet objet.

Or, dans la mesure même où je dois sans cesse me procurer un nouvel objet, je faisl'expérience de ma dépendance à l'égard de l'objet, du monde vivant et naturel.

Tant que je reste enfermé enmoi-même, avec un désir qui ne porte que sur des objets, je ne peux en aucune façon prouver monindépendance à l'égard de la vie.Pour que je me comprenne comme conscience de soi, autre chose qu'un simple animal, il faudra que mon désirporte sur autre chose qu'un simple vivant naturel : il faudra que mon désir porte sur un autre désir, sur unhomme.Il faudra que je prouve que je dépasse le simple stade vital, que je ne suis pas un simple vivant, donc que jecoure le risque de ma mort, pour prouver mon indépendance à l'égard de la vie.

Il sera donc nécessaire que jemontre à moi-même et à l'autre que je ne me confonds pas avec l'animalité, le souci de la vie.La conscience d'être homme ne se prouve et ne s'éprouve que face à un autre homme, dans le rapport entredeux consciences.Reste à comprendre pourquoi cette reconnaissance prend la forme d'une lutte à mort.D'une part la différence entre l'animalité et l'humanité, je ne peux la faire qu'en prenant un autre à témoin,qu'en montrant ma liberté face à la vie.Or, on ne connaît pas autrui par science immédiate.

Autrui surgit face à moi, si l'on peut dire, comme un objet: les deux êtres qui surgissent face à face sont sûrs de leur conscience, mais non de celle de l'autre.

Il fautdonc prouver à l'autre mon caractère de conscience : je dois mettre ma vie en jeu.« Chacune [des deux consciences] est bien certaine de soi-même, mais non de l'autre, et ainsi sa proprecertitude de soi n'a aucune vérité [...] Le comportement des deux consciences de soi est donc déterminé detelle sorte qu'elles se prouvent elles-mêmes et l'une à l'autre au moyen de la lutte pour la vie et la mort.

Ellesdoivent nécessairement engager cette lutte, car elles doivent élever leur certitude d'être pour soi à la vérité,en l'autre et en elles-mêmes.

»Il est essentiel de noter que la lutte engagée est le contraire de la violence naturelle.

Cette dernière atoujours pour enjeu la survie.

Je me bats avec un autre pour assurer les moyens de ma conservation.

Mais ici,la violence, le conflit ont précisément pour enjeu le refus d'être assimilé à un simple vivant qui ne serait guidéque par le souci de survivre.

Cette lutte n'a pas pour enjeu la survie « biologique », mais la valeur.Une fois comprise la nécessité de cette lutte à mort par laquelle j'essaie de faire la preuve de mon humanitécomme liberté face à la vie, reste à en comprendre l'absurdité.

L'enjeu est la reconnaissance par l'autre, quiseule peut faire la preuve que je suis bien ce que je prétends être.

Or il est certain tout d'abord que cettelutte ne sert à rien si les deux meurent, ou refusent la lutte, ou qu'un seul survit.

La seule configuration où lareconnaissance est possible est que l'un abdique par peur de la mort, souci de la survie, et l'autre non.

Lamort sert donc de discriminant entre deux consciences, l'issue du conflit dépend du rapport que chacun desdeux entretient avec la mort.. »

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