Devoir de Philosophie

Les conséquences de Mai 68 - Une société française échangée

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

"Prenez vos rêves pour des réalités". Comme des milliers d'autres graffitis en forme de slogans jetés sur les murs des universités, des lycées ou des usines, celui-ci s'est depuis longtemps effacé. Un an a passé depuis l'embrasement du Quartier latin à Paris. Que reste-t-il des rêves des enfants de Mai 68 au moment où Georges Pompidou est élu président de la République, le 15 juin 1969 ? La guerre révolutionnaire n'a pas eu lieu, mais la révolution des moeurs est en marche. L'école, la famille, le travail, le couple, tout a été remis en question. Sans armes ni explosifs, les valeurs de la génération de Mai 68 vont progressivement se propager. Soulever la chape d'interdits de la société, briser les tabous, contester l'autorité restent les mots d'ordre toujours vivaces de la jeunesse post soixante-huitarde. Changer la vie, oui, mais pour plus de bonheur. La quête d'un bonheur personnel qui passe par l'épanouissement dans la vie affective et professionnelle. Trouver un travail n'est pas une difficulté au début des années 70. La création du Smic aligne désormais le salaire minimum sur la croissance économique.

« tertiaire.

Cet exode rural massif va considérablement grossir les métropoles régionales, provoquant une fièvre deconstruction immobilière.

Entre 1945 et 1975, près de 9 millions de logements sont construits, dont 500 000 pour laseule année 1969.

Edifiées dans l'urgence, les cités HLM alignent la monotonie architecturale de leurs "tours" et"barres" à la périphérie des villes.

L'isolement dans un univers semi-désertique de ces "cités-dortoirs", la médiocritédes matériaux employés, l'indigence des équipements collectifs ne seront pas sans poser de graves problèmes dansles décennies suivantes (dégradation, délinquance, insécurité, drogue…). Conjointement à l'explosion urbaine, les pouvoirs publics doivent faire face à une explosion scolaire.

Entre le débutdu siècle et le début des années 70, le nombre des élèves du second degré a été multiplié par 22 (près de 5 millionsen 1972).

En trois décennies, le personnel de l'Education nationale a quadruplé.

Pour accueillir les vaguessuccessives des enfants du "baby-boom", le mot d'ordre était : "Un CES par jour".

Le pari a été en partie tenu.

Maisun très grand nombre d'établissements construits à la hâte, et supposés provisoires, n'a toujours pas été remplacé…Néanmoins les 140 000 bacheliers recensés en 1972 (contre 42 000 en 1960) sont un bon baromètre du degréd'instruction de la population française.

La massification de l'enseignement secondaire et supérieur a répondu à lavolonté de démocratisation de la culture et au désir d'égalité formelle de la majorité des citoyens. L'égalité des sexes, c'est une autre bataille qui s'engage au lendemain de Mai 68.

Face à une société qui continued'appliquer au "deuxième sexe" des pratiques discriminatoires, les mouvements féministes trouvent un secondsouffle.

"Un homme sur deux est une femme" proclame le MLF, alors dominé par le courant "identitaire".

La femme,semblable à l'homme, doit obtenir les mêmes droits que lui en matière d'emploi, de salaire, de distribution des rôles àl'intérieur du couple.

L'émancipation des femmes passe aussi par le droit à disposer de son corps.

L'information duPlanning familial sur les méthodes de contraception ne peut enrayer le nombre des avortements clandestins (800000 par an).

En avril 1971, le Nouvel Observateur publie le "manifeste des 343", la liste de 343 femmes déclarantavoir avorté et lançant un appel en faveur de l'avortement libre.

Parmi elles, Simone de Beauvoir, CatherineDeneuve, Françoise Sagan, Gisèle Halimi… L'année suivante, Me Gisèle Halimi fait relaxer une mineure qui s'est faiteavorter, au cours d'un retentissant procès à huis clos à Bobigny.

C'est une victoire de la cause féminine, qui devientune affaire d'Etat.

Il faudra attendre le 17 janvier 1975 pour que l'Assemblée nationale vote la loi sur l'IVG(Interruption volontaire de grossesse), âprement défendue par le ministre de la santé, Mme Simone Veil. A l'instar des femmes, la mode s'émancipe.

Futuriste, rétro, folklorique, sportif, orientaliste, on passe d'un style àl'autre sans complexes.

Importée de Grande-Bretagne, la minijupe a découvert des jambes gainées de collantsmulticolores.

La liberté est de règle.

On chine ses vêtements au marché aux Puces ou on se glisse dans desmatières nouvellement utilisées même en haute couture : vinyle, rhodoïd, mica, métal… Saint-Laurent, Cardin,Courrèges, Paco Rabanne sont les nouveaux grands noms de la mode.

Le prêt-à-porter la fait descendre dans larue, à portée de toutes les bourses.

Prisunic, la chaîne de grande distribution, démocratise le design.

Le plastiqueest entré dans le quotidien.

La couleur explose dans le mobilier comme dans les vêtements.

Venus des Etats-Unis, leFlower Power et la comédie musicale Hair imposent le style hippy, les cheveux longs des garçons et des filles, lesbijoux ethniques que les premiers "routards" ont rapportés de Kaboul ou de Katmandou. Le temps est aux voyages, à la "société de loisirs".

Le pouvoir d'achat sans cesse accru permet aux Français des'évader.

La pratique du week-end se répand.

Le développement du camping et du caravaning facilite l'accès desvacanciers aux plages.

Un budget spécial est désormais réservé aux vacances d'hiver comme à celles d'été : lesuccès des villages de vacances proposés par le Club Méditerranée est immense (400 000 personnes en 1970 contre60 000 en 1960).

Conséquence moins heureuse des loisirs de masse, la nécessité de développer des infrastructures(autoroutes, stations de sports d'hiver, cités de vacances parfois à l'échelle d'une ville…) provoque une modificationprofonde de l'environnement et trop souvent la destruction du cadre naturel.

Ce nouveau "temps de vivre" que lesFrançais se sont arrogés passe également par le temps de se cultiver.

Dans la décennie 1965/75, la culture reste leprivilège d'une l'élite bourgeoise.

Encore est-elle très minoritaire, celle qui s'intéresse à la vie culturelle et artistiquequi semble frappée du syndrome de la "nouveauté".

Si innovation il y a, la France fait plutôt preuve d'un certainassagissement en regard des expériences menées dans le même temps par les Anglo-saxons, notamment dans lesdomaines de la musique et des arts plastiques.

Néanmoins, Nouveau Réalisme, Nouveau Roman, Nouvelle Vague,Nouveau Théâtre… tous ces mouvements, se réclamant de la modernité, ont malgré tout exercé une influencemarquante sur le paysage culturel français, même si la France n'a plus le rôle de creuset et de repère qu'elle avaitau début du XXe siècle, et ceci en dépit de la politique novatrice de démocratisation culturelle tournée vers lepatrimoine, impulsée par le ministère d'André Malraux et poursuivie les années suivantes.

Ainsi, la multiplication desbibliothèques, des musées, des salles de cinéma, de théâtre et de concert, comme l'énorme diffusion des"collections de poche", des disques, ou les reproductions d'oeuvres d'art ont permis d'atteindre une audience quirecouvre désormais de larges secteurs du corps social. A la mort du président Georges Pompidou, en avril 1974, tout semble être remis en question.

A cette date, la criseéconomique qui s'amorce — et qui touche le monde entier — va durement frapper les Français.

Tous les acquis, tousles héritages de la période de croissance paraissent compromis.

Rapidement s'installent le chômage, uneconsommation en chute, une "société à deux vitesses", des risques accrus de marginalité.

C'est la fin des "TrenteGlorieuses".

Une page de l'histoire de la France du XXe siècle est tournée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles