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Les crises au sein d'une société sont-elles le signe de sa vitalité ?

Publié le 21/03/2009

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Les crises au sein d'une société sont-elles le signe de sa vitalité ?

La crise peut se comprendre comme le moment de rupture d’un équilibre. Elle est la remise en cause d’un ordre que nous pensions le plus souvent acquis et immuable. La crise naît de l’incapacité d’une structure à répondre de manière adéquate à un ensemble de problèmes posées par une situation actuelle. Or si l’activité se comprend comme la vitalité même, le présent ; une société en crise est alors une société qui n’est plus adaptée à ce même présent. Elle se mortifie. Dès lors les crises seraient autant de spasmes afin la mort annoncée d’une société. Pourtant, l’histoire elle-même semble nous montrer que chaque crise impose de la part d’une société donnée une remise en question, une remise en cause de ses fondements pouvant conduire à une révolution, qui n’est qu’un changement ordre, c’est-à-dire le dépassement de cette crise. Dès ce dépassement n’est possible que la vitalité des forces en présence dans une société. Ainsi les crises permettraient le ressaisissement de ces forces : une renaissance offrant de nouvelles perspectives. Et c’est justement pourquoi nous pouvons parler de crise et non de décadence ou d’apocalypse.

            Si les crises sont effectivement mortifères pour une société (1ère partie), il n’en demeure pas mois qu’elles permettent sa renaissance (2nd partie) ; dès lors sa vitalité dépendrait justement de ces crises et de leurs dépassements (3ème partie).

I – Le « chant du cygne « ou la mort annoncée

II – Vitalité & assainissement

III – Les crises comme rupture et dépassement

« remise en cause que produit la crise et la dépasser.

Dès lors : « Le chômage, les faillites, les cataclysmes financiers,les turbulences bancaires ne sont pas les causes d'une économie déréglée qu'il suffirait de réguler à nouveau.

Maisbien plutôt les symptômes d'un changement sociétal que notre paresse intellectuelle s'emploie à dénier ».

Comme ille note dans une tribune : « La crise, dès lors, est l'indice d'un passage de la ligne.

Celui du travail vers lacréation ».c) Bien plus, la crise, comme remise en doute signale un réveil des forces vives endormies sur cet oreiller que peutreprésenter l'ordre social.

En effet, les crises sont des remises en causes, des périodes de doute.

Dès il s'agitcomme le met en exergue Alain du « sel de la vie ».

Les crises sont vivifiantes.

Mais surtout, elles nous rappellentque nos acquis sont à défendre.

Ainsi même en la sortant de son contexte, on peut reprendre cette remarque deRussell dans Ma conception du monde : « Je pense qu'on n'est certain de rien.

Si vous êtes certains, vous vous trompez certainement, parce que rien n'est digne de certitude ; et on devrait toujours laisser place à quelque douteau sein de ce qu'on croit ; et on devrait être capable d'agir avec énergie, malgré ce doute.

[...] Dans la viepratique on doit agir d'après des probabilités et ce que j'attends de la philosophie, c'est qu'elle encourage les gens àagir un bon coup, sans disposer d'une totale certitude ». Transition : Ainsi les crises au sein d'une société marquent-elles aussi la vitalité de ses ressources et de ses membres dans leurscapacités à dépasser cette dernière.

Dès lors si les crises peuvent se comprendre à la fois comme apocalypse etrenaissance, n'est-ce pas dire qu'une crise a toujours un double aspect comme les deux faces d'une même pièce ? III – Les crises comme rupture et dépassement a) Une crise est essentiellement une crise d'une structure, c'est-à-dire celle d'un paradigme de compréhension dumonde ou du fonctionnement du monde.

Dès lors les crises d'une société sont à la fois la marque de sa vitalité maisaussi la nécessité pour elle de se réformer c'est-à-dire le signe d'une certaine nécrose qu'il faut dépasser.

Ainsi est-il de même d'une communauté scientifique qui elle-même est une micro-société.

Les crises sont des ruptures deparadigmes.

Comme le note Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques : « Un paradigme est ce que les membres d'une communauté scientifique possèdent en commun, et, réciproquement, une communauté scientifiquese compose d'hommes qui se réfèrent au même paradigme ».

Cependant, s'il est possible de parler avec Kuhn decrise au sens large du terme c'est que lui-même dresse un parallèle entre la science et la politique notammentpuisque la politique elle-même lorsqu'elle entre en crise met fin à un paradigme c'est-à-dire à une vision du monde.Dès lors, il nous est possible de poursuivre l'analogie avec l'économie et les autres domaines : « Dans ledéveloppement politique comme dans celui des sciences, le sentiment d'un fonctionnement défectueux, susceptibled'aboutir à une crise, est la condition indispensable des révolutions ».

Bien plus, la crise se manifeste souventcomme nécessité d'un changement.b) Ainsi, une crise peut se comprendre comme la nécessité de refonder un modèle qui n'est plus opérant ou dont lesanomalies sont trop nombreuses pour pouvoir continuer à exister.

Cela symbolise alors l'ensemble de l'élan vital d'unesociété qui s'est figé et que l'on doit dépasser.

C'est bien ce que montre Kuhn la Structure des révolutions scientifiques .

La crise exprime la déficience d'un modèle à répondre à un ensemble de question ou de cas pratiques. Dès lors la vie doit se développer au-delà de ce modèle au risque sinon de périr.

Les crises de nos sociétéspourraient alors être comprises comme le mouvement même de l'évolution nous demandant nécessairement de nousadapter ou de périr, c'est-à-dire de surmonter la crise ou de sombrer avec elle.

Il faut alors en changer dans lamesure où il n'est plus opérant pratique et théoriquement.

En ce sens, une crise ou une révolution n'est alorscomprise comme telle « qu'aux yeux de ceux dont les paradigmes subissent les contrecoup de la révolution ».c) Mais l'essentiel de la valeur de la crise repose dans la structure de dépassement qu'elle suppose.

Plusexactement : elle suppose alors des moyens qui sont impossibles avant cette crise et vise justement ledépassement de cette crise ce qui en exprime alors toute la vitalité.

Plus simplement : le dépassement d'une crisene peut se faire que par des moyens qui n'étaient pas en eux-mêmes présents déjà dans le modèle ou le paradigmemit en crise nécessitant alors sa refondation.

La crise a pour facteur essentiel de devoir développer une réponsenouvelle et inédite afin de dépasser le modèle mit en échec.

Ce dépassement peut se faire par intégration del'ancien système ou en le rejetant totalement.

C'est ainsi que Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques dit : « L'aspect génétique de la comparaison entre développement politique et développement scientifique mesemble donc clairement fondé.

Mais cette comparaison a un autre aspect, plus important.

Les révolutions politiquesvisent à changer les institutions par des procédés que ces institutions elles-mêmes interdisent.

Leur succès exigedonc l'abandon partiel d'un ensemble d'institutions politiques en faveur d'un autre, et dans l'intervalle, la sociétén'est vraiment gouvernée par aucun système d'institutions.

A l'origine, c'est la crise seule qui affaiblit le rôle desinstitutions politiques, comme elle affaiblit le rôle des paradigmes.

Un nombre croissant d'individus deviennentchaque jour plus étrangers à la vie politique et, quand ils y participent, leur comportement devient chaque jour plusimprévu.

Puis, à mesure que la crise s'aggrave, bon nombre de ces individus s'engagent dans un projet concret deconstruction de la société, au sein d'un nouveau cadre institutionnel.

A ce stade, la société se trouve divisée encamps ou partis concurrents, l'un s'efforçant de défendre l'ancien ensemble institutionnel, les autres, d'en instituerun nouveau ».

Conclusion : Les crises au sein d'une société ont donc un double aspect.

Elles sont mortifères et signalent l'inadaptationd'une société dans un environnement donné.

Mais elles sont aussi le signe possible d'une revitalisation nécessairepar le dépassement qu'elles entraînent.

Elles ne sont donc pas le signe de l'apocalypse futur mais expriment la. »

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