Devoir de Philosophie

Les devoirs de l'homme varient-ils selon les cultures ?

Publié le 28/07/2005

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Il n'existe aucun devoir qui ait été tenue pour juste partout et toujours. Nos devoirs ne semblent donc pouvoir être universels. Ce constat peut conduire au relativisme éthique, ou au positivisme juridique, selon lesquels chaque ensemble de normes morales, chaque éthique, ou chaque ensemble de normes juridiques, ne vaut que relativement à la société qui l'a adopté. L'argument des relativistes est que si la raison humaine est capable de justifier un jugement de fait qui dit ce qui est, par exemple : « La Terre est ronde », elle est en revanche incapable de justifier de façon indiscutable un jugement de valeur qui dit ce qui doit être, par exemple : « On doit payer ses impôts ! » Un relativiste parfaitement logique avec lui-même devrait donc considérer comme moralement équivalents tous les systèmes de droit et de devoir, pourvu que les lois y soient appliquées avec impartialité et que des procédures régulières soient respectées. Cette dernière clause fixe une limite au relativisme absolu sur le plan moral. Car le seul fait de reconnaître la nécessité des procédures de la justice constitue déjà un choix moral : celui qui fait préférer les formes du procès à la vengeance personnelle, les délais de réflexion à l'emportement, les débats contradictoires aux décisions arbitraires. On trouve déjà une idée semblable chez Épicure, au IVe siècle avant Jésus-Christ. Selon lui, le droit n'existe que par des conventions, qui varient selon les circonstances de la vie sociale. Mais, de par sa nature, le droit est toujours et partout établi par les hommes pour éviter de se nuire mutuellement. Le droit consiste donc à énoncer des règles et à les appliquer d'une façon équitable. Mais l'application équitable des règles suffit-elle pour que le droit soit toujours juste, ou faut-il que les règles elles-mêmes le soient ?

« lui, sur un échange de services et de biens entre individus : la société est fondée sur l'aide mutuelle que lesindividus s'apportent.

Or une telle entraide exige à son tour la fiabilité de chacun, la capacité de promettre,d'honorer ses engagements.

C'est pourquoi partout les individus sont « dressés » par des procédés parfoisparticulièrement cruels à respecter leurs promesses. • La conscience morale a une origine sociale + L'homme n'est pas un être naturellement moral « La conscience consiste à juger correctement ce qu'on doit faire » (Aristote, Grande Morale, 1197 b).

Elle seréalise par la capacité de choisir de faire le bien plutôt que le mal.

L'idée que l'homme n'est pas un êtrenaturellement moral est présente chez le sociologue Lévy-Bruhl.

Dans toute société il y a des moeurs qui s'imposent,ainsi que des obligations et des interdits.

Les pratiques morales d'une société donnée sont donc liées aux croyancesreligieuses, à l'état économique et politique, aux acquisitions intellectuelles, aux conditions climatiques etgéographiques, bref, à l'ensemble des séries concomitantes des phénomènes sociaux. + Considérer la conscience morale comme un fait culturel conduit au relativisme Affirmer que la conscience morale n'est qu'une manière de sentir et de penser que l'individu acquiert et développe ausein de la vie sociale permet de rendre compte de la diversité, selon les lieux et les temps, des conceptions du bienet du mal.

Mais cela ne permet pas d'expliquer comment l'individu peut se sentir obligé par des règles qui lui sont audépart étrangères.

A moins de considérer, avec le sociologue Durkheim, que la société représente pour l'homme uneautorité sacrée à laquelle il accepte de se soumettre.

Mais ce serait là diviniser la société et confondre morale etconformisme.

Enfin et surtout, traiter la conscience morale comme un fait culturel peut conduire à affirmer quetoutes les morales se valent, qu'il n'y a pas de hiérarchie des valeurs.

C'est une autre manière de dire qu'il n'y a pasde morale mais uniquement des moeurs et des usages. • La conscience morale est innée + Rousseau prétend que l'homme a un sentiment inné du bien La passion, c'est ce qui est de l'ordre du besoin et des sens.

La raison, avecses subtilités, ne conduit le plus souvent qu'aux sophismes et à l'erreur.

Seulle sentiment, qui est de l'ordre du coeur, délivre un message clair.

LaProfession de foi du vicaire savoyard (Émile) développe largement ce thème,en identifiant la conscience avec ce principe inné de justice et de vertu quiest en nous - conscience qui nous permet de juger nos actions et cellesd'autrui comme bonnes ou mauvaises.

« Je n'ai qu'à me consulter sur ce queje veux faire : tout ce que je sens être bien est bien ; tout ce que je sensêtre mal est mal.

Le meilleur de tous les casuistes est la conscience » (Émile,livre IV). + Tout homme sait où est son devoir L'idée qu'il y a en l'homme une disposition innée au bien se retrouve chezKant.

Mais ce dernier affirme que cette disposition n'est pas de l'ordre dusentiment mais de la raison.

Cette thèse est exprimée dans la conclusion dela Critique de la raison pratique, avec cette formule célèbre : « Deux chosesremplissent le coeur d'une admiration [...] : le ciel étoilé au-dessus de moi etla loi morale en moi.

» Kant affirme qu'on n'a besoin d'aucune science ni d'aucune philosophie pour savoir ce que l'on doit faire.

Savoir oùest son devoir est « à la portée de tout homme, même le plus ordinaire ».

ce dernier, d'ailleurs, y parvient plussûrement encore que le philosophe, car il ne risque pas de se laisser égarer par des subtilités étrangères au devoir :« Pour ce que j'ai à faire afin que ma volonté soit moralement bonne, je n'ai pas besoin d'une subtilité poussée trèsloin.

Sans expérience quant au cours du monde, incapable de parer à tous les événements qui s'y produisent, ilsuffit que je demande : peux-tu vouloir aussi que ta maxime devienne une loi universelle ? ».

Chacun de nous n'a-t-ilpas, en effet, fait l'expérience d'un conflit entre ses aspirations naturelles et sa conscience qui l'obligecatégoriquement à satisfaire à d'autres exigences ? Que révèle une telle expérience, sinon que « tout homme trouveen sa raison l'Idée du devoir et tremble en entendant sa voix d'airain quand s'agitent en lui des penchants quicherchent à le faire désobéir à cette voix » ? Quiconque est persuadé, en entendant cette voix, que ce que saraison lui prescrit devrait prévaloir sur tout, et que sa volonté en est aussi, par conséquent capable.

En revanche, siun homme se demande : qu'est-ce qui en moi fait que je peux renoncer à mes désirs les plus forts et obéir à cettevoix qui ne me promet à la place aucun avantage et qui ne me menace d'aucun dommage si je lui désobéis ? Cettequestion, dit Kant, « ébranle l'âme tout entière par l'étonnement sur la grandeur et la sublimité des dispositionsintérieures présentes dans l'humanité et en même temps par l'impénétrabilité du mystère qu'elle recouvre… On nepeut se rassasier de diriger son regard dans cette direction et d'admirer en soi-même une puissance qui ne recule. »

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