Les différentes formes possibles d athéisme.

A.          La question nous paraît toutefois plus complexe. Certes, on peut dire que, chaque fois que nous agissons selon un idéal, chaque fois même que nous préférons obéir à notre conscience morale plutôt qu'à nos intérêts immédiats, nous reconnaissons par nos actes, sinon par notre aveu explicite, une valeur qui nous dépasse, nous affirmons pratiquement « le primat de la réalité morale «, c'est-à-dire Dieu. Mais peut-on dire qu'il en soit toujours ainsi? N'existe-t-il pas des vies humaines où seuls commandent le souci de l'intérêt égoïste et les préoccupa­tions de la vie matérielle? N'a-t-on même pas observé souvent que nos sociétés modernes, déchristianisées et déspiritualisées, semblent se laisser glisser sur cette pente de l'hédonisme et de l'utilitarisme vulgaire? Disons plus : ne nous arrive-t-il pas à tous d'oublier parfois qu'il y a quelque chose au-dessus de la vie quotidienne et de nous laisser mener uniquement par ces préoccu­pations inférieures? En ce sens, nous sommes tous athées — pratiquement —à de certains moments : « Il y a, dit BOSSUET, un athéisme caché dans tous les coeurs, qui se répand dans toutes les actions : on compte Dieu pour rien. « Cet athéisme est, hélas! bien réel.