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Les êtres sauvages sont-ils plus libres que les hommes civilisés ?

Publié le 18/09/2010

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Il s'agit d'établir un contrôle par la raison au sein de la collectivité où le peuple, en proie à l'opinion, risquant de troubler l'ordre publique, doit être éduqué. C'est le rôle du philosophe-roi que de montrer à cet hydre populaire la voie du Bien pour le rendre enfin libre par l'usage de l'intellect. L'animal, qui n'a pas cette capacité à s'émanciper de sa nature, de son instinct, n'est pas libre: c'est l'instinct qui est sa loi. Il ne peut s'émanciper de ce que lui dictent ses impulsions, il les subit sans même y réfléchir, sans retour sur lui-même. Il ne décide pas pour ainsi dire: c'est la faim, la soif, l'instinct sexuel qui commande son action. Il ne fait pas ce qu'il veut, mais se contente d'être ce qu'il a être. La civilisation trouve de son côté son origine dans la raison, et elle en constitue l'incarnation pérenne au niveau collectif.   Nietzsche: l'instinct ou une vie libre Dans la Généalogie de la morale, Nietzsche présente l'entrée de l'homme dans la société. Il compare cela au passage des animaux marins, un passage contraint et évolutionnel, à la condition d'animaux terrestres: il leur fallait à présent « se porter eux-mêmes «, eux qui étaient habitués à ce que l'eau les portent. Ils devenaient gauches, « ils n'avaient plus leur anciens repères dans ce nouveau monde inconnu, à savoir les pulsions régulatrices qui les guidaient en toute sécurité et inconscience (.

« II. Dans la Généalogie de la morale , Nietzsche présente l'entrée de l'homme dans la société.

Il compare cela au passage des animaux marins, un passagecontraint et évolutionnel, à la condition d'animaux terrestres: il leur fallait àprésent « se porter eux-mêmes », eux qui étaient habitués à ce que l'eau les portent.

Ils devenaient gauches, « ils n'avaient plus leur anciens repères dans ce nouveau monde inconnu, à savoir les pulsions régulatrices qui lesguidaient en toute sécurité et inconscience (...) réduits à leur 'conscience', leur organes le plus misérable, le plus trompeur! ».

Le but de cette métaphore est de présenter l'opposition entre la sûreté quasi-infaillible del'instinct et le caractère superficiel, trompeur et éminemment faillible de laconscience, de la raison.

Mais, malgré cela, les instincts n'ont pas cessé d'uncoup de poser leurs exigences: « il fallait chercher des satisfactions nouvelles et en quelque sorte sous-terraines.

Tous les instincts qui ne se déchargentpas vers l'extérieur se tournent vers l'intérieur – c'est là ce que j'appellel'intériorisation de l'homme: c'est alors seulement que pousse en l'homme cequ'on appellera plus tard son âme ». En somme, le monde intérieur s'est élargi à mesure que la déchargepulsionnelle s'est effectuée vers l'intérieur, à mesure de cette inhibition.L'Etat est l'exemple d'une protection contre ces instincts, et a fait quel'ensemble de tous ces instincts de l'homme sauvage, libre, nomade, se sontretournés contre lui: c'est « l'homme contre lui-même ». Il devient en somme le lieu d'un supplice, soit « l'homme qui souffre de l'homme » après cette séparation violente avec son passé animal.

Ainsi débute la décadence d'une civilisation qui n'accepte pas l'homme dans son entièreté,l'homme sous toutes ses facettes, à commencer par cet instinct de liberté, cette volonté de puissance qu'elle contraint. Le fantasme de la sauvagerie III. De toute évidence, la civilisation forme tout autant qu'elle informe.

D'une part, parce qu'elle se caractérise par unprocessus culturel partagé, elle permet d'actualiser ce qui en l'homme n'est qu'à l'état potentiel.

Sans elle, parexemple, aucun langage n'apparaîtrait, puisque si les structures cérébrales son prêtes à l'acquisition du langage, ellenécessite une culture dans laquelle elles vont fonctionner, s'actualiser.

D'autre part, de part l'éducation qu'ellesuppose, elle entraîne l'individu vers une compréhension des lois, de sorte que celles-ci ne sont plus tant contrainte(i-e subit de l'extérieur) qu'obligation (je comprends pourquoi je ne fais pas telle ou telle chose, ce qu'unetransgression impliquerait, et donc je ne subis pas cela comme une limite).

C'est donc de l'autonomie qu'il s'agit ici,soit le fait de se donner sa propre loi.

Si je saisis ce que cela implique de voler, je ne subirai plus l'interdictioncomme une contrainte. Mais la dichotomie entre d'une part le sauvage, et d'autre part le civilisé ne relèvent pas de la fiction.

L'étiquette desauvage n'est-elle pas le symptôme de ce qu'une civilisation ne comprend pas, de ce qu'elle ne peut contraindre àêtre similaire à soi? Les sociétés du 18ème stigmatisaient ainsi le primitifs, parce que ces derniers résistaient dansleur fonctionnement psychologico-social aux grille de lecture de la dite civilisation occidentale.

Contre le fantasmedu progrès historique occidental, ne faut-il pas plutôt saisir qu'une culture qu'on ne comprend pas n'est pour autantabsence de culture? Il ne faut pas confondre civilisation et notre civilisation : c'est là une dérive é thnocentriste courante. En ce qui concerne les animaux, Dominique Lestel dans La culture animale , nous rappelle que les primates possèdent une culture.

De nouveaux comportements apparaissent (par exemple l'utilisation d'outil chez le chimpanzé), ils sontdiffusés dans le groupe, sont appris par les plus jeunes, et surtout perdurent après la mort de leurs initiateurs.

Toutanimal n'est pas, contre Platon ou Descartes, une simple machine en proie à ses instincts, un esclave sans distanceface à ses penchants et son environnement. Conclusion On peut se demander contre Platon, si l'homme civilisé n'est pas un fantasme, une protection pour se tenir à l'écartde ce qu'on ne comprend pas, de ce qui est commun à toutes les formes de vie sur terre: l'activité, le besoind'exprimer une certaine force vitale (volonté de puissance chez Nietzsche).

La révolution éthologique des trentedernière années, l'anthropologie du sciècle dernier à aujourd'hui nous encourage à quitter le champ de cettedichotomie pour rester humble face à ce qu'on ne saisit pas.

Il ne s'agit plus de voit l'Autre-être-sauvage exotiqueou en soi, mais plutôt d'y saisir une expression de la vie sous la multiplicité de ses facettes.

Nulle hiérarchie doncentre les êtres, mais une richesse plurielle vivante.

Dans ce cadre, la liberté doit être envisagée comme aisance del'être dans son environnement, sa capacité à vivre avec, l'interpréter, s'y intégrer.. »

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