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Les hommes sont ils des sauvages ?

Publié le 02/04/2005

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  Introduction   -L'on s'accorde généralement pour définir l'homme comme un être devant vivre en société. -L'état social s'oppose ainsi à l'état sauvage (du latin silva, forêt), dans lequel l'homme est présumé vivre de façon indépendante ou opposée à ses congénères. -Or, le terme "sauvage" comporte une forte connotation péjorative lorsqu'on l'applique à certains comportements humains ; ce terme devient alors synonyme de "barbare". -Comment caractériser les rapports humains inter-individuels, avant et après le passage à l'état social ? Est-il légitime d'appliquer au terme de "sauvage" une connotation péjorative ? Cet amalgame même ne constitue-t-il pas en lui-même l'essence de la "sauvagerie" ou de la barbarie ?     I. Les hommes sont naturellement des êtres sauvages, c'est-à-dire des êtres violents (Hobbes).   -Dans l'état de nature règne la loi du plus fort : homo homini lupus ; les hommes sont donc des sauvages, au sens où ils sont hostiles les uns aux autres en raison des conditions naturelles de survie. -Néanmoins, la moralité n'existe pas dans l'état de nature : le terme de "sauvage" doit donc perdre sa connotation péjorative, car il ne saurait y avoir de barbarie là où il n'y a pas de conscience morale, et où la violence n'est effective que dans des rapports de force concernant les moyens de survie.

-L'on s'accorde généralement pour définir l'homme comme un être devant vivre en société. -L'état social s'oppose ainsi à l'état sauvage (du latin silva, forêt), dans lequel l'homme est présumé vivre de façon indépendante ou opposée à ses congénères. -Or, le terme "sauvage" comporte une forte connotation péjorative lorsqu'on l'applique à certains comportements humains ; ce terme devient alors synonyme de "barbare". -Comment caractériser les rapports humains inter-individuels, avant et après le passage à l'état social ? Est-il légitime d'appliquer au terme de "sauvage" une connotation péjorative ? Cet amalgame même ne constitue-t-il pas en lui-même l'essence de la "sauvagerie" ou de la barbarie ?

« effective que dans des rapports de force concernant les moyens de survie.

II.

Les hommes "sauvages", c'est-à-dire ceux de la nature, sont naturellement bons (Rousseau).

-L'homme des forêts, donc l'homme "sauvage", est précisément l'inverse du sauvage, puisque le mal et la violenceabsurde n'apparaissent qu'avec l'avènement de l'état social.-Si les hommes sont des sauvages, c'est donc dans l'état social, où les passions sont suscitées à cause dudéveloppement de la raison elle-même, qui pousse l'individu à se comparer à ses congénères, et donc à s'opposer àeux. L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt(Rousseau) Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interprétercomme une condamnation radicale de toute société qui dépravant l'homme lerendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique de Rousseau quiexaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre dans un sens aussi radical.

LaSociété n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type desociété.

A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégaliténaturelle des hommes, oppriment l'immense majorité au profit d'une minoritéde privilégiés de la naissance et de la fortune.

Si en effet, on examineattentivement les inégalités entre les hommes, seules celles de leurspossessions matériel-les qui, par des mécanismes comme l'héritage, sontprovoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.

Maisc'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure quede telles inégalités ont pour origine des différences de nature.

Si l'on dépouillepar la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social, et donc duhasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté de l'un peutcompenser la force de l'autre.

Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égaliténaturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de lanature, c'est donc la nature de l'homme.L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.

Ce qu'ilest naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parce qu'il vit ensociété que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.

Il est donc le produit del'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.

Et le problème fondamental sera dès lors detrouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité. III.

N'est sauvage que l'homme qui appelle du nom de "barbare" celui qui diffère de lui (Levi-Strauss).

-Toute civilisation, toute culture particulière est naturellement portée à juger une culture étrangère à la siennecomme barbare, en tant précisément qu'étrangère.

Un village peut considérer les habitants d'un village étrangermais situé à proximité comme des non-hommes, comme des sauvages, en raison de leur caractère d'extériorité.-Tout jugement de barbarie révèle une vision extrêmement ségrégative et exclusive, en ce qu'elle rejette commenulle toute perspective étrangère à la sienne ; en ce sens, le vrai barbare, c'est celui qui accuse l'étranger debarbarie.

La tolérance constitue la médiation par laquelle on peut faire le deuil de notre tendance naturelle à labarbarie.

Lévi-Strauss dira: « Est barbare celui qui croit à la barbarie.

» Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autres peuples d'être desbarbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race et Histoire, d'où est extrait notrecitation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme : chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple, atendance à se penser comme étant au centre du monde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles, sescroyances, ses modes de penser,...

comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme si sa tribu,son village, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous les autres.

Ainsi lebarbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on raconte toute sorte d'horreurs ou d'atrocitésainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares, Mongols, des Chinois..., sans parler de tribus sauvages au finfond de l'Afrique ou de l'Amazonie, etc.

Or, peut-être commence-t-on à ne plus être un barbare, ou commence-t-onà être un homme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est le premier, peut-être, à être capable de se comporter enbarbare.Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : on pouvait être étranger àAthènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, un étranger certes, mais un étranger qui parlaitgrec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.

étaient appelés "barbares".

Pour les Romains, de même, lesbarbares étaient ceux qui ne parlaient pas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et la construction de l'empireromain, n'avaient pas été latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières de l'empire.

Or ces peuplesextérieurs ont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'on parle encore dans les livres. »

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