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Les passions font vivre l'homme, sa sagesse le fait seulement durer ?

Publié le 27/07/2005

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* Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».   Problématisation   « les passions font vivre l'homme, sa sagesse le fait seulement durer » - l'affirmation est avant tout opposition entre les passions d'une part et la sagesse d'autre part. En effet les passions feraient vivre l'homme au sens d'exister, alors que la sagesse de l'homme lui permettrait simplement de persévérer dans son être. Les passions joueraient donc le rôle de moteurs existentiels ; la sagesse serait juste un moyen de durer, de continuer à vivre. Mais cette opposition exclusive est-elle tenable : l'accomplissement ne se fait-il que par et dans les passions ? N'y a-t-il pas un accomplissement par et dans la sagesse ? Y a-t-il véritablement exclusion entre passions et sagesse dans le cadre de la vie humaine ? Ne peut-il y avoir collaboration ?   Plan   I. Rien de grand ne s'est jamais fait sans passions - les passions comme moteurs d'une existence pleine et accomplie II.

Analyse du sujet :

 

La formulation du sujet est intéressante : elle nous invite à nous prononcer sur une affirmation : « les passions font vivre l'homme, sa sagesse le fait seulement durer « Autrement dit soit l'on acquiesse vis-à-vis de cette affirmation, soit nous nous nous y opposons. Quoiqu'il en soit, il va falloir trancher et argumenter. Pour cela, attardons nous sur les concepts qui composent cette affirmation : « passions «/ « sagesse « ; « vivre «/ « durer « ; « homme «

 

Passion

 

Gén. La passion se définit en s'opposant d'abord à l'action (tel est son sens premier), puis à la raison (sens plus tardif). L'acception courante du terme désignant un attachement dominant (comme dans l'expression « la passion du jeu «) évoque encore l'idée d'une dépendance dont on pâtit davantage qu'on ne la choisit et qui peut être déraisonnable. Phi. En grec pathos, opposé à action. Chez Aristote, une des dix catégories, qui désigne l'accident consistant à subir une action. De même, au xvii' siècle, les passions comprennent tous les phénomènes passifs de l'âme. Ainsi, pour Descartes, les passions de l'âme sont les mouvements qui se produisent en elle quand, « touchée du plaisir ou de la douleur ressentie dans un objet «, elle le poursuit ou s'en éloigne. La passion s'oppose plus précisément à la raison dès lors qu'à partir du xviiie siècle on la définit comme une tendance assez puissante pour dominer la vie de l'esprit. Ainsi, pour Kant, les passions relèvent de la faculté de désirer et sont des « tendances qui rendent difficile ou impossible toute détermination de la volonté par des principes «.

 

Sagesse

 

  • Attitude traditionnelle du philosophe ancien qui, dans l'ordre du savoir se met à distance des préjugés et dans l'ordre de l'action à distance ses passions.
  • Synonyme de prudence d'où, par extension, aptitude à bien mener sa vie.

 

Vie / vivre

 

  • Fait de vivre; ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants.
  • Ensemble des faits, des événements, des activités qui remplissent l'existence de chaque individu.  Manière de vivre, de comprendre l'existence, orientation morale de l'existence.

Durer

Continuer d'avoir lieu, de se produire, d'exister avec stabilité et constance pendant un temps déterminé.

Se prolonger dans le temps, occuper un espace de temps plus long que la norme

Rester stable, se maintenir, persister.

Continuer à vivre.

Se maintenir tout juste en vie. Tenir bon, résister.

Homme

Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage «). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison «, l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique «.

 

Problématisation

 

« les passions font vivre l'homme, sa sagesse le fait seulement durer « - l'affirmation est avant tout opposition entre les passions d'une part et la sagesse d'autre part. En effet les passions feraient vivre l'homme au sens d'exister, alors que la sagesse de l'homme lui permettrait simplement de persévérer dans son être. Les passions joueraient donc le rôle de moteurs existentiels ; la sagesse serait juste un moyen de durer, de continuer à vivre. Mais cette opposition exclusive est-elle tenable : l'accomplissement ne se fait-il que par et dans les passions ? N'y a-t-il pas un accomplissement par et dans la sagesse ? Y a-t-il véritablement exclusion entre passions et sagesse dans le cadre de la vie humaine ? Ne peut-il y avoir collaboration ?

« Rien de grand ne s'est jamais fait sans passions – les passions comme moteurs d'une existencepleine et accomplieI. 1.

Rien de grand ne s'est jamais fait sans passion HEGEL« Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré ; et appelant l'intérêt unepassion, en tant que l'individualité tout entière, en mettant à l'arrière-plan tous les autres intérêts et finsque l'on a et peut avoir, se projette en un objet avec toutes les fibres intérieures de son vouloir, concentredans cette fin tous ses besoins et toutes ses forces, nous devons dire d'une façon générale que rien degrand ne s'est accompli dans le monde sans passion.

[...] La passion est regardée comme une chose quin'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise ; l'homme ne doit pas avoir de passion.

Passion n'est pasd'ailleurs le mot tout à fait exact pour ce que je veux désigner ici, j'entends en effet, ici, d'une manièregénérale l'activité de l'homme dérivant d'intérêts particuliers, [...] d'intentions égoïstes, en tant que dans cesfins il met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère en leur sacrifiant [...

] tout le reste.

[...] Jedirais donc passion, entendant par là, la détermination particulière du caractère en tant que cesdéterminations du vouloir n'ont pas un contenu uniquement privé, mais constituent l'élément moteur eténergique d'actions générales.

» 2.

Une vie réussie est celle où prime l'exaltation des passions Cette thèse de l'accroissement des désirs et des passions est celle que Calliclès présente dans Le Gorgias , dialogue de PLATON – nous soulignons dans le texte« CALLICLÈS [...] Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un.

Maisvoici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c'est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible., au lieu de les réprimer, et, quandelles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et sonintelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent. Mais cela n'est pas, je suppose, à la portée du vulgaire.

De là vient qu'il décrie les gens qui en sont capables, parce qu'il a honte de lui-même etveut cacher sa propre impuissance.

Il dit que l'intempérance est une chose laide, essayant par là d'asservirceux qui sont mieux doués par la nature, et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi lescontenter, il fait l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté.

Car pour ceux quiont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a faits capables de conquérir un commandement, unetyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funesteque la tempérance ? Tandis qu'il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les enempêche, ils s'imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule! Et commentne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance, puisqu'ilsne pourraient rien donner de plus à leurs amis qu'à leurs ennemis, et cela, quand ils sont les maîtres de leurpropre cité ? La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté,quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur; le reste, toutes ces belles idées, cesconventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

» Critique des passions au nom de la sagesse – seule la sagesse permet d'accomplir l'essence del'homme qui est d'être un animal rationnel II. 1.

Limite d'une telle conception : l'exaltation des désirs, loin d'être une force, cache une tyrannie des désirssur nous-mêmes.

Socrate en effet montre que celui qui se laisse diriger, commander par ses désirs est le plus esclave desesclaves.

Ainsi le tyran dominus, dominé par ses désirs les plus vils est celui que Platon place au plus bas del'échelle des individus.

En proposant une tripartition de l'âme entre l'esprit ( nous ), le courage ( thumos ) et le désir ( epithumia ) où l'esprit en tant que supérieur commande à l'inférieur le désir, Socrate voit dans la conception de Calliclès une forme de domination inauthentique et inversée.

Ainsi être dominé par sespassions, ses désirs, c'est ne plus être libre (autrement dit commandé par l'esprit) mais être asservi à ses vilsinstincts.

Ce risque d'asservissement nécessite une maîtrise 2.

L'homme est avant tout un animal rationnel – aussi la sagesse ne lui permet pas que de durer, mais biend'accomplir son essence ARISTOTE« l'homme est un animal rationnel »« Reste la vie pratique de l'être qui participe de la raison.

De celui-ci une part obéit à la raison, l'autreparticipe de la raison et pense.

Mais cette vie raisonnable pouvant s'entendre en deux sens, il faut poser qu'ils'agit de la vie selon l'activité, car c'est celle, semble-t-il, dont on peut dire qu'elle est la plus importante.

Orsi la fonction de l'homme est l'activité de l'âme conforme à la raison ou non dépourvue de raison; si nousaffirmons que la fonction de tel individu ou de tel bon individu est la même en espèce (comme celle d'uncithariste et d'un bon cithariste, et ainsi en un mot pour tous les cas), l'excellence de la qualité par rapport àla fonction venant s'ajouter (car la fonction du cithariste est de jouer de la cithare, et d'un bon cithariste. »

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