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Les sciences peuvent-elles nous rendre maître de notre destin ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-être faut-il insister sur le «comme», qui réduit cela à une comparaison.       II - Peut-on échapper à notre destin ?                 «Ceux-ci [les philosophes stoïciens grecs Chrysippe et Zénon] affirmaient que toutes choses sont régies par le destin, et en proposaient l'exemple suivant : soit un chien attaché à une charrette, s'il consent à suivre le mouvement, il pousse et tire ; son action autonome va de pair avec la nécessité. S'il veut le contraire, le voilà nécessairement contraint. Ainsi en va-t-il aussi des hommes : s'ils refusent de vouloir, les voilà forcés nécessairement à aller quoi qu'il arrive dans le sens qui est fixé par le destin.»                         Saint Hippolyte, Opinions philosophiques, 21   ·         Comme nous l'avons dit, nous ne sommes pas immortels ou invincibles malgré la science, et vouloir le contraire serait s'apparenter à un chien attaché à une charrette, mais refusant d'avancer. ·         C'est que cette charrette est le destin lui-même, et s'en rendre maître est profondément paradoxal, car le destin est par nature ce qui contraint. Comment se rendre maître de la nécessité ? La science moderne, s'appuyant sur la causalité (telle force est cause de tel phénomène : la gravité cause la chute des corps), nous fait comprendre les enchaînements nécessaires de la nature (contrairement à la très grande majorité de nos ancêtres, qui croyaient aux maléfices des esprits, un malade d'aujourd'hui sait pourquoi il va mourir, il peut connaître le processus de son cancer, et même les habitudes qui l'ont probablement favorisé), mais ne permet pas d'y échapper. ·         Comprendre son destin, c'est-à-dire les enchaînements de causes et d'effets qui provoqueront nécessairement notre mort, ou tout autre événement, ne permet pas forcément d'y échapper.

« · Ces pages célèbres de Descartes évoquent conjointement deux choses : la maîtrise des éléments («la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air») et celle de notre corps : la médecine.

Ce sont deux formes de naturedifférentes. · De fait, nous utilisons les forces naturelles (les barrages produisent de l'électricité grâce à la force de l'eau, les éoliennes grâce à celle de l'air, les plaques photo-électriques grâce à la lumière solaire.

Cela ne veut pas direque nous contrôlons la direction du vent, ou l'écoulement des fluides. · Pour notre corps, la médecine a effectivement progressé dans le sens voulu par Descartes, mais nous ne résolvons pas pour autant toutes les maladies «tant du corps que de l'esprit», il se trouve que nous lesconnaissons mieux, ce qui nous évite de regrouper des dizaines de pathologies différentes sous le nomd'aliénation.

Nous séparons les asiles des prisons, deux institutions réunies à l'époque de Descartes. Transition : malgré quelques réserves, nous devons accorder à Descartes que nous avons gagné à troquer la science d'Aristote contre la physique des modernes, issue de la révolution scientifique qui s'étend de Copernic àNewton, en passant par Galilée.

Cependant, nous pouvons nous interroger sur une expression telle que se «rendrecomme maître et possesseur de la nature», car il nous apparaît que malgré de nombreux progrès, nous ne pouvonsdevenir immortels, que certaines maladies sont toujours fatales, que les lois de la nature demeurent immuables.Peut-être faut-il insister sur le «comme», qui réduit cela à une comparaison.

II – Peut-on échapper à notre destin ? «Ceux-ci [les philosophes stoïciens grecs Chrysippe et Zénon] affirmaient que toutes choses sont régiespar le destin, et en proposaient l'exemple suivant : soit un chien attaché à une charrette, s'il consent à suivre lemouvement, il pousse et tire ; son action autonome va de pair avec la nécessité.

S'il veut le contraire, le voilànécessairement contraint.

Ainsi en va-t-il aussi des hommes : s'ils refusent de vouloir, les voilà forcésnécessairement à aller quoi qu'il arrive dans le sens qui est fixé par le destin.» Saint Hippolyte, Opinions philosophiques , 21 · Comme nous l'avons dit, nous ne sommes pas immortels ou invincibles malgré la science, et vouloir le contraire serait s'apparenter à un chien attaché à une charrette, mais refusant d'avancer. · C'est que cette charrette est le destin lui-même, et s'en rendre maître est profondément paradoxal, car le destin est par nature ce qui contraint.

Comment se rendre maître de la nécessité ? La science moderne,s'appuyant sur la causalité (telle force est cause de tel phénomène : la gravité cause la chute des corps), nousfait comprendre les enchaînements nécessaires de la nature (contrairement à la très grande majorité de nosancêtres, qui croyaient aux maléfices des esprits, un malade d'aujourd'hui sait pourquoi il va mourir, il peutconnaître le processus de son cancer, et même les habitudes qui l'ont probablement favorisé), mais ne permetpas d'y échapper. · Comprendre son destin, c'est-à-dire les enchaînements de causes et d'effets qui provoqueront nécessairement notre mort, ou tout autre événement, ne permet pas forcément d'y échapper.

Comme le chienattaché à une charrette, la compréhension des lois qui font que la charrette peut se déplacer, que ses roues necèdent pas, de sa force motrice comparée à la sienne, tout cela ne lui permet pas de défaire son attache.

Mêmesi la compréhension des causes peut nous permettre de modifier des éléments de notre destin (éviter decontinuer tel sport, car nous savons qu'alors nos articulations ne tiendront pas), nous n'en sommes pas pourautant maîtres (que nous le voulions ou non, continuer la pratique de ce sport nuira à notre santé). Transition : si nous voyons que nous avons eu raison d'insister sur le «comme» de Descartes, qui fait qu'être maître de la nature, donc de son destin, n'est qu'une figure de style.

Car échapper à ce que nous appelons le destin, c'est-à-dire à la nécessité, est proprement un contre-sens : ce qui est nécessaire, l'inverse de contingent, est pardéfinition ce à quoi on ne peut échapper.

III – Quelle est la portée de la science ? «La théorie comme telle est un faire, la tentative toujours incertaine de réaliser le projet d'une élucidationdu monde.

Et cela vaut autant pour cette forme suprême ou extrême de théorie qu'est la philosophie, tentative depenser le monde sans savoir ni d'avance, ni après, si le monde est pensable, ni même ce que penser veut dire aujuste.

C'est pour cela du reste que qu'on n'a pas à «dépasser la philosophie en la réalisant».

La philosophie est«dépassée» dès qu'on a «réalisé» ce qu'elle est : elle est philosophie, c'est-à-dire à la fois beaucoup et très peu.On a «dépassé» la philosophie – à savoir : non pas oublié, encore moins méprisé, mais, mis en place – dès qu'on acompris qu'elle n'est qu'un projet, nécessaire mais incertain quant à son origine, sa portée et son destin ; pasexactement une aventure, peut-être, mais pas une partie d'échecs non plus et rien moins que réalisation de latransparence totale du monde pour le sujet et du sujet pour lui-même.

Et si la philosophie venait poser, à unepolitique qui se voudrait à la fois lucide et radicale, le préalable de la rigueur totale et lui demandait de se fonderintégralement en raison, la politique serait en droit de lui répondre : n'avez-vous donc pas des miroirs chez vous ?ou bien votre activité consiste-t-elle à établir des étalons qui valent pour les autres mais auxquels vous-mêmesêtes incapables de vous mesurer ?. »

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