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L'État est-il chargé du bonheur des individus ?

Publié le 19/01/2004

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Relève-t-il uniquement de la sphère privée et individuelle (et alors chaque homme travaillerait à son bonheur à sa manière et par ses propres moyens) ? Ou est-il une recherche collective, qui peut être concrétisée par l'institution de communautés politiques, d'États ?   Plusieurs alternatives sont possibles concernant cette définition du rapport de l'homme à l'État en ce qui concerne son bonheur, et elles ont toutes reçu des assises philosophiques importantes. Il conviendra de les examiner pour finalement trancher éventuellement en faveur de l'une d'entre elles. Références utiles Platon, Le Politique Rousseau, Du Contrat social  Textes à utiliser Aristote, Politique, III, 9  « Ce qui définit la cité, c'est la communauté vouée à la vie bonne qui règne entre les familles et entre les groupements de familles, et qui a pour fin une existence parfaite, se suffisant à elle-même. Mais cela ne se réalisera pas s'il n'y a pas habitation d'un seul et même territoire et recours aux liens du mariage. C'est pour cette raison que, dans les cités, les sociétés de parenté et les groupements confraternels, les cérémonies de sacrifice et les réjouissances en commun ont vu le jour. C'est là la fonction de l'amitié, car l'amitié n'est pas autre chose que le choix de la vie en commun. On peut donc dire que la fin de la cité, c'est la vie bonne, et que toutes ces institutions, pour leur part, existent en vue de la fin. Une cité c'est une communauté qui se réalise entre groupements de familles ou entre villages pour une vie achevée et suffisante à elle-même, autrement dit pour une vie heureuse et honnête.

L’ « Etat « a été défini de manières très diverses par la philosophie. Mais on y reconnaît de manière générale l’ensemble des institutions servant à gouverner une certaine communauté politique. Ce terme s’oppose donc ici clairement à « individus «, terme qui désigne des êtres pris séparément, en dehors de toute communauté. Être chargé de, c’est devoir s’occuper de, voire être responsable de. Le bonheur enfin, a reçu également des définitions diverses mais peut être considéré de manière générale comme un état de satisfaction durable, recherché par chacun. La question est donc finalement double : d’une part, jusqu’à quel point l’Etat doit-il avoir une prise sur la vie des individus qu’il gouverne (notamment, est-il supposé leur permettre d’accéder au bonheur individuel ?), et, d’autre part, à quoi le bonheur des individus ressort-il ?

« Introduction Il y a déjà vingt ans qu'une majorité politique française ne s'est plus proposé explicitement de changer la vie, commesi cette virtualité devait dorénavant être reléguée du côté de l'idéal utopique.

Mais dans le même temps, lesrevendications catégorielles qui défendent les avantages I acquis ne désarment pas.

La question de savoir si lacharge de l'État inclut le bonheur individuel pose la question de la vocation de l'État et de l'extension de son rôle :ce rôle est-il outrepassé si l'État doit garantir le bonheur de chacun, ou bien au contraire l'abandon de cetteambition i marquerait-il un échec de l'État ? Le bonheur est-il une affaire privée ou une affaire publique I.

Si l'État doit se préoccuper du bonheur, ce n'est pas de celui de chacun individuellement : le bonheur collectifauquel l'État doit s'atteler est une figure de l'interprète général.

On peut se référer à la distinction de Rousseauentre la volonté générale et la volonté de tous, simple agrégation des volontés particulières.

En pratiquedémocratique, satisfaire la majorité peut revenir à brimer la minorité.

Il paraît donc difficile d'envisager de satisfairetout le monde à la fois, le bonheur commun que l'État peut viser se comprend ainsi dans une perspective holisteplutôt qu'individualiste. 2.

L'État doit prendre à sa charge la question du bonheur individuel.

Ainsi Aristote identifiait-il le bonheur de l'État etcelui des individus, dispensant d'avance l'État de viser toute autre fin.

Le dirigisme économique et politique peutêtre appelé à l'appui de cette thèse.

Refusant de ratifier l'inégalité des résultats du marché, l'État entend assurer lebonheur de chacun en intervenant dans l'économie et la vie privée, quitte à ce que cela l'amène à réaliser monbonheur contre mon gré : le bonheur de chacun ne risque-t-il pas en effet de consister en quelque chose dedifférent ? Aristote: l'homme, animal politique Avec Platon, qu'il critique cependant, Aristote est le fondateur de la pensée politique classique.

La naturepolitique de l'homme ne fait pas de doute.

La question la plus débattue est celle du meilleur régime. 1.

Les fondements de la vie politique A.

« L'homme est un animal politique » Vivre en communauté est naturel* et nécessaire à l'homme.

Nécessaire à son existence, mais aussi à sonbonheur.

L'homme ne s'associe pas avec d'autres seulement pour assurer sa survie, mais pour accomplir sonessence.

L'individu est en effet un être inachevé, qui a pour fin et perfection la relation à autrui.

Si la famille et levillage existent en vue de la satisfaction de besoins élémentaires (alimentation, sécurité), ils sont subordonnésà la communauté politique, la cité, dont la fin propre est le « bien vivre », le bonheur.

Celui-ci implique la viséecommune d'un bien commun, dans une relation d'amitié réglée par la justice.

Là seulement se trouve la vraieliberté'.

Et c'est parce qu'il est un animal parlant que l'homme est un animal politique : alors que la « voix » desanimaux (qui ne sont pas politiques, mais grégaires) se limite à l'expression des passions, le langage permet laformulation de jugements objectifs sur le juste et l'injuste, règles de la vie commune. B.

Les cités justes Mais, qu'est-ce qu'une cité juste ? C'est une cité où le pouvoir est exercé au profit de tous, et non au profitexclusif des gouvernants ou d'une frange de la population.

Dans ces derniers cas, le pouvoir ne mérite pas lenom de « politique », mais de despotique.

Une fois réglée la question première de la justice ou de l'injustice fondamentale du pouvoir (en vue de quigouverne-t-on ?), il faut se poser la question de son exercice (qui gouverne ?).

Interviennent alors lesdifférents types d'organisation des pouvoirs, ou régimes.

« Il est nécessaire que le souverain soit un seul individu (monarchie), soit un petit nombre (aristocratie), soitun grand nombre de gens (démocratie républicaine) » (Politique).

Chacun de ces régimes est bon, à conditionque le pouvoir y soit exercé en vue du bien commun.

Sinon, l'on a affaire à des despotismes : respectivement,la tyrannie (monarchie pervertie), l'oligarchie, et la démocratie populiste (pouvoir exercé par une majoritépauvre à son seul bénéfice). 2.

Le meilleur régime A.

Le critère du meilleur régime La question du choix du meilleur régime n'est pas une question de légitimité, ni de justice, c'est un problèmepragmatique : quelle est la distribution des pouvoirs la plus apte, dans une situation donnée, à réaliser aumieux la fin même de la politique : le bien commun ? On ne se demande pas qui a le droit de gouverner, maisqui le fera le mieux pour le bien de tous.

Aristote refuse donc le principe selon lequel le pouvoir devrait être distribué proportionnellement à unquelconque facteur individuel.

La cité n'est pas une association d'intérêts particuliers, où chacun devraitrecevoir du pouvoir en fonction de son « investissement ».. »

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