Lettre à Ménécée
Publié le 07/12/2014
Extrait du document
«
b) individuelle : tout homme étant unique, soit un être absolument singulier, il entre dans les
déterminations de son bonheur les particularités liées à sa nature 8
et à sa condition.
Ce dont
attestent les propriétés, les particularités de ses désirs.
Le désir est par essence immodéré,
parfois démesuré , mais surtout affecté d’une variabilité élevée et contingent .
Plus grave quand
il est empêché et ne trouve pas satisfaction il est source de peine et de malheur.
Il sera plus
longuement et précisément question des désirs ultérieurement mais il a été précisé cependant
que des désirs relevant de la poursuite du prestige, de l’honneur ou de la richesse sont
irréductiblement ambigus car l’évidence montre qu’il ne relèvent pas de finalités dernières
mais de finalités auxiliaires (ce sont des moyens en vue d’autres fins).
Aussi ils peuvent être
source de biens (de bonheur) et de maux (de malheur) : c’est leur caractère plus ou moins
approprié à une fin en tant que moyens qui détermine leur valeur.
Il est possible d’être riche et
très malheureux ne serait-ce que du fait de l’anxiété de perdre ou manquer, quelque jour, de
cette richesse.
Le devoir envers soi même est enfin une proposition corollaire (peut-être un
postulat) de cette doctrine matérialiste qui affirme que l’existence étant unique (il ne sera
donné de seconde chance à nul être, elle ne se produira qu’ une seule fois) il appartient à
chaque sujet de trouver l’épanouissement de son être, l’apaisement de ses souffrances
psychiques, le soulagement de ses douleurs physiques : en somme la quiétude de son
existence par lui-même et le plus précocement possible.
Le danger - éventuellement tragique -
est en effet d’exister ‘en vain’, d’échouer à s’épanouir dans ses projets ou trajets d’existence :
ce qui n’est pas une vie digne de ce que peut l’homme.
Cette conception peut se dire et se décrire autrement comme la (re)conquête par chaque sujet
de sa liberté que cette faculté soit définie en termes de capacité de choix, de décision (ou de
délibération), d’autonomie ou encore d’indépendance.
Cette liberté trouve à s’exercer dans de
nombreux domaines : tels ceux par exemple où sont en jeu des opinions comme il en est de la
religion ou de l’ éthique 9
qu’elle soit individuelle ou collective.
Cette liberté concerne en
outre le domaine des actions c’est-a-dire l’ordre du politique (Il existe des motifs de refus du
66 Formulé autrement il s’agit de la reconnaissance d’une sorte de droit à chaque sujet, quelques soient : sa
condition, sa situation d’entreprendre d’être heureux.
Il est ici question de ‘condition humaine’ en ce sens que le
bonheur est accessible au ‘maître’ comme à ‘l’esclave’ même s’il est indéniable que ladite condition est un facteur
qui peut et doit être pris en compte pour ce qui est de la réalisation du bonheur : mais que ce facteur n’est pas un
empêchement définitif à cette réalisation.
La condition d’esclave ne dépend pas de moi : il ne s’agit pas
nécessairement de s’en accommoder mais il demeure possible à l’esclave de poursuivre lui aussi un ‘vivre mieux’
(en vue du bien) ou un ‘mieux vivre’ (une amélioration de sa condition).
L’esclave antique peut entreprendre de
rechercher son émancipation.
L’esclavage antique la rend possible : pour ce qui est de la ‘traite négrière’ en effet la
question se pose autrement.
77 Tout homme peut devenir heureux.
88 Par nature est entendu ce qui fait la singularité du sujet en tant qu’être vivant et existant de façon unique.
99 Que l’on distinguera de la morale
pour autant que celle-ci concerne les mœurs c'est-à-dire les comportements
valorisés arbitrairement ( sans justification raisonnable) ici ou là..
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