L'Europe au lendemain des traités de paix de 1919-1920 (Histoire)

« • Les pertes financières.

Les efforts de guerre ont exigé des importations massives que ne pouvaient plus équilibrerles exportations.

Il a donc fallu éponger le déficit commercial avec les réserves d'or, par la vente des avoirs àl'étranger, par des emprunts.

Les avoirs en Russie, investissements et créances (cf.

les fameux emprunts russes),sont perdus puisque le régime soviétique ne reconnait pas les dettes de l'ancien régime.

L'Europe, jadis créancièredu monde, est désormais lourdement endettée, notamment vis à vis des États-Unis. 3.

Des bouleversements sociaux • Il n'y a pas eu d'égalité face à la guerre.

Beaucoup frappés dans leur chair ou dans leur fortune, plus que d'autres,ont des raisons de se plaindre, d'autant plus qu'à «l'Union sacrée» et à la «fraternité d'armes» ne succède pas,après la guerre, une bien grande fraternité ou union sociale. • Certains ont profité de la guerre : spéculateurs ou fournisseurs de matériel de guerre ont pu édifier des fortunescolossales.

Par contre, les rentiers ont, pour la plupart, souffert considérablement en raison de l'inflation.

Lesouvriers, grâce à l'action syndicale, ont, en gros, maintenu leur pouvoir d'achat.

Les familles paysannes ontégalement profité de l'augmentation des prix des produits agricoles mais, en revanche, ce sont elles qui ont fourniles plus forts contingents de morts. • Une crise morale.

Ceux qui rentrent trouvent un monde familial profondément modifié.

L'absence prolongée du pèrea entamé l'autorité paternelle.

Les femmes, qui ont dû assurer seules la survie de la famille, ont acquis, par là même,une certaine indépendance.

Les mœurs se sont libéralisées. II.

Les déséquilibres politiques 1.

L'apparence victoire de la démocratie La victoire des alliés est aussi une victoire de la démocratie : la chute du tzarisme et la défection russe ont évitétoute ambigüité à ce sujet. • La démocratie internationale.

La Société des Nations est créée.

Il s'agit d'une tentative pour démocratiser la vieinternationale.

Elle est organisée selon les principes démocratiques puisque chaque État membre, quelle que soit sapuissance, dispose d'une voix lors des votes de l'Assemblée générale.

L'hégémonie européenne s'y maintientcependant en raison de la non-participation des États-Unis. • Au plan national, la démocratie semble également triompher. Les nations sont fondées sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

La plupart des pays adoptent le régimedémocratique.

Les cas de l'Allemagne (constitution de Weimar) et de l'Autriche sont caractéristiques à cet égard. 2.

Les troubles intérieurs • La poussée révolutionnaire.

L'exemple soviétique provoque une poussée de fièvre révolutionnaire.

Une insurrectionspartakiste éclate en Allemagne.

En Hongrie, Bela Kun instaure une éphémère république soviétique (mars-août1919).

L'Italie est agitée par des troubles révolutionnaires avec occupation d'usines et de terres et constitution de« conseils.

La France elle-même doit faire face à d'amples mouvements de grèves. • L'extrême-droite ne tarde pas à se déchaîner à son tour.

Les groupes fascistes se constituent.

Les actions terroristes se multiplient (groupe «Consul» en Allemagne, parexemple).

Des « hommes forts » comme Horthy en Hongrie et bientôt Pilsudski en Pologne, accaparent le pouvoir. • La « balkanisation » de l'Europe centrale, conséquence de l'éclatement de l'Empire austro-hongrois, pose auxjeunes Etats, sans véritables traditions démocratiques, des problèmes délicats.

Les équilibres économiques anciens,brusquement rompus, provoquent de graves difficultés.

Des minorités, englobées contre leur gré dans les nouveauxÉtats, sont source de frictions. 3.

Des conflits internationaux qui prolongent la guerre De nombreuses nations qui s'estiment victimes des traités adoptent une attitude «révisionniste» ou s'efforcent d'encontester l'application par la force.

Ainsi : • L'Allemagne proteste contre le « biktat » de Versailles.

Les Allemands provoquent des troubles en Haute Silésie lors du plébiscite prévu par le traité de Versailles.

La SDN netarde pas à se voir contrainte de partager ce territoire.• L'Italie estime sa «victoire mutilée».

D'Annunzio et ses « arditi » occupent Fiume pour la « donner à l'Italie. • Les Grecs croient pouvoir profiter des difficultés turques pour occuper les territoires bordant la mer Egée, en AsieMineure et prendre Constantinople.

Mais ils se heurtent à la réaction nationaliste de Mustapha Kémal.. »