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Léviathan dieu mortel

Publié le 19/03/2015

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Léviathan dieu mortel

La multitude unie en une seule personne est appelée une République, en latin Civitas. Telle est la génération de ce grand Léviathan, ou plutôt pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. Car en vertu de cette autorité qu'il a reçue de chaque individu de la République, l'emploi lui est conféré d'une telle force, que l'effroi qu'il inspire lui permet de modeler la volonté de tous, en vue de la paix à l'intérieur et de l'aide mutuelle à l'extérieur. En lui réside l'essence de la République, qui se définit : une personne unique telle qu'une multitude d'hommes se sont faits, chacun d'entre eux, par des conventions mutuelles qu'ils ont passées l'un avec l'autre, l'auteur de ses actions, afin qu'elle use de la force et des ressources de tous,

comme elle jugera expédient, en vue de leur paix et de leur commune défense.

 

Hobbes, Léviathan, xvn, trad. F. Tricaud, Sirey.

Le sens originaire de l'institution politique selon le droit devient méconnaissable dès qu'en réalité un pouvoir domina­teur et arbitraire a usurpé la place. Le dieu mortel qui exerce un pouvoir despotique, arbitraire par essence, n'est que la caricature de la puissance publique. Despotisme : gouverne­ment imprévisible de César, figure traditionnelle de la domina­tion exercée sur le peuple, et non de la régulation émanant du peuple. Aristote précise que c'est alors le seul intérêt du prince qui fait norme. Dieu mortel : la puissance temporelle d'un tyran prend la figure de la divinité, ascendance hors de portée pour le peuple, afin de mieux exercer sa domination, en la légitimant par la référence la plus intimidante.

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