Devoir de Philosophie

Lévinas: Tu ne tueras point

Publié le 24/03/2005

Extrait du document

On peut dire que le visage n'est pas "vu". Il est ce qui ne peut devenir un contenu que notre pensée embrasserait. (... ) La relation au visage est d'emblée éthique. Le visage est ce qu'on ne peut tuer, ou du moins ce dont le sens consiste à dire: "Tu ne tueras point". Le meurtre, il est vrai, est un fait banal: on peut tuer autrui; l'exigence éthique n'est pas une nécessité ontologique. L'interdiction de tuer ne rend pas le meurtre impossible, même si l'autorité de l'interdit se maintient dans la malignité du mal accompli. Lévinas

Lévinas commence par opposer perception d’un objet et rencontre authentique d’autrui. Quand je pose l’autre comme objet, je le projette sur une surface d’objectivité : il m’apparaît comme un tableau à décrire, une surface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites. Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablement autrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s’assimile l’objet plutôt qu’elle ne s’ouvre à l’altérité du donné. En posant autrui comme objet, je reste seul.

La saisie véritable d’autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible aux simples données de l’expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté. L’autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique de tuer autrui se donne en même temps que l’impossibilité  morale d’accomplir cet acte. Autrui nous est livré dans une dimension éthique comme celui que je n’ai pas le droit de tuer.

 

Liens utiles